"L'europe, c'est la paix!", disait l'autre. La guerre en Serbie il y a une quinzaine d'année, et le conflit actuel en Ukraine sont là pour contredire ce slogan benêt qui sert d'étendard aux européistes de tous poils.
Le colonel Jacques Hogard et le géopoliticien Jean-Michel Vernochet croisent leurs analyses pour nous aider à comprendre le rôle omniprésent de l'OTAN, structure impériale américaine qui ne cesse de s'ingérer dans les affaires politiques du vieux continent, qu'elle considère comme sa chasse gardée.
Une leçon de realpolitik qui devrait nous ouvrir les yeux.
En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit "sans frontières".
Et si le sans-frontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté ?
Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d'antiques frontières. Telle est la réalité.
En bon Européen, Régis Debray choisit de célébrer ce que d'autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l'épidémie des murs, remède à l'indifférence et sauvegarde du vivant.
D'où un plaidoyer à rebrousse-poil, qui étonne et détonne, mais qui, déchiffrant notre passé, ose faire face à l'avenir
De nombreux travaux paraissent pour identifier les causes de la crise de l’idée européenne, mais peu d’entre eux creusent le sujet jusqu’à la racine, comme le dernier livre de Pierre Le Vigan. Celui-ci est d'ailleurs sous-titré "La philosophie politique et la genèse de l’impuissance européenne".
Parmi les causes de cette impuissance, l'auteur pointe les "belles idées" qui tournent au cauchemar car mal interprétées : liberté, égalité, morale, droits de l’homme, démocratie, etc. Pis, l’Europe ne s’aime pas et pratique le déni – quand ce n’est pas la haine de soi : "On préfère tout ce qui n’est pas nôtre. Chacun y plante et cultive ses croyances. Toutes les diversités sont bonnes sauf celles d’Europe."
A force de se penser seulement en termes économiques, celle-ci est devenue une simple zone marchande, informe et fluide, un néant (et un nain) politique : "Impuissante à vouloir, impuissante à se vouloir." Oui, la crise européenne est d’abord une crise d’identité. Les responsables ? Pierre Le Vigan rappelle les propos de Pierre-André Taguieff, pour qui l’Europe est "gouvernée par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique".
D’où l’urgence de retrouver la voie du politique et de la puissance. Comment ? Certainement pas en s’identifiant à un Occident de plus en plus caricatural. Pierre Le Vigan penche pour une Europe impériale (mais non impérialiste), seule capable de faire face aux géants que sont les Etats-Unis et la Chine.
Dense, d’une grande clarté et d’une érudition sans faille, le travail de Pierre Le Vigan, qu'il présente pendant cette conférence, sera appelé à faire date.
La commémoration, en 2014, du déclenchement de la Première Guerre mondiale sera instrumentée à des fins politiques. Au nom du "Plus jamais ça !", il s’agira, pour nos classes dirigeantes, de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe au prétexte, cent fois ressassé, de sauver celle-ci de ses démons.
Jean-Pierre Chevènement, pour comprendre comment l’Europe a été progressivement sortie de l’Histoire, tente de rapprocher les deux mondialisations, la première, avant 1914, sous égide britannique, et la seconde, depuis 1945, sous égide américaine, chacune posant la question de l’hégémonie sans laquelle on ne peut comprendre ni l’éclatement de la Première Guerre mondiale ni l’actuel basculement du monde de l’Amérique vers l’Asie.
La brutale accélération du déclin de l’Europe ne tient pas seulement aux deux conflits mondiaux qu’a précipités un pangermanisme aveugle aux véritables intérêts de l’Allemagne. Elle résulte surtout de la diabolisation de ces nations nécessaire à des institutions européennes débilitantes qui ont permis leur progressive mise en tutelle par de nouveaux "hegemon".
Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, l’Europe a besoin de retrouver confiance dans ses nations pour renouer avec la démocratie et redevenir ainsi actrice de son destin. Rien n’est plus actuel que le projet gaullien d’une "Europe européenne" au service du dialogue des cultures et de la paix, une Europe compatible avec la République, où la France et l’Allemagne pourront œuvrer de concert à construire l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie. Dans une "réconciliation" enfin purgée de ses ambigüités et de ses non-dits : celle de deux grands peuples capables de poursuivre ensemble leur Histoire.
Jean-Michel Vernochet, ancien grand reporter au Figaro magazine et membre de l’académie de géopolitique, s'applique à nous faire comprendre les origines du conflit ukrainien, déclenché essentiellement par l’expansionnisme américain (via l’OTAN) et sa confrontation de plus en plus ouverte aux puissances émergentes que représentent la Russie et la Chine.
La dislocation des nations européennes, l’abandon du dollar, la guerre des ressources, la résistance de Poutine, le jeu des alliances, et surtout, la cascade d’événements qui ont eu lieu en Ukraine dès novembre 2013 : tous les liens de causalité sont décrits, remis dans leur contexte et expliqués en détails.
A l'heure où l'Union européenne prend des sanctions économiques envers la Russie, cette conférence permet de comprendre les intérêts en jeu.
Conférence organisée par l’association "France–Russie-Convergence".
L’Union européenne (UE) est un processus tout à fait particulier d’intégration d’États européens dans un ensemble sui generis et situé entre l’organisation internationale et la fédération supranationale. Parmi les différents systèmes régionaux existants dans le monde, l’UE est celui qui a poussé le plus loin l’intégration des États puisqu’à l’union douanière, économique et monétaire s’ajoutent les plans politique, juridique et de défense. Son aire d’épanchement ne semble pas connaître de limite identitaire car des six pays fondateurs d’Europe occidentale on est passé à l’élargissement d’une organisation de bientôt plus d’une trentaine d’États, aujourd’hui 28 avec l’adhésion récente de la Croatie, dont les limites approchent les frontières de l’Europe continentale, et pourraient même les dépasser avec l’intégration de la Turquie.
Les défis adressés à l’UE sont d’une telle importance qu’ils interpellent tous, quel qu’en soit l’aspect, son mode de fonctionnement. Or, celui-ci apparaît de plus en plus limité et inadapté.
Cependant, la rhétorique du "toujours plus d’Europe" ressassée depuis des décennies ne correspond plus aux défis colossaux et menaçants auxquels doit répondre l’UE. La "fédération politique", "l’union politique" qu’elle appelle de ses voeux sont autant de tentatives de réponses aux conséquences et non aux causes de la crise.
Malgré l’extrême ingéniosité de toutes ces propositions, le meccano institutionnel qu’elles suggèrent est évidemment loin d’être une réponse proportionnée à la crise systémique dont souffre l’UE. Car l’échec est ontologique et un saut qualitatif vers une fédération politique n’apparaîtrait que comme un prolongement du processus d’intégration accéléré depuis 2010.
En effet, si le processus d’intégration est arrivé à son quasi-achèvement, à quoi bon continuer dans la voie ayant mené à l’échec ?
Afin de comprendre la logique institutionnelle de l'UE, Chritophe Reveillard nous en expose le coeur anglo-saxon qui préside à son évolution.
Voici un entretien exeptionnel à plus d'un titre : mené au domicile même de Dominique Venner, il nous permet de revenir sur l'itinéraire mouvementé de ce brillant personnange, et sur les idées et les passions qui ont animé cet européen, amoureux de l'histoire et des traditions de son continent et de ses peuples.
Après une évocation de son engagement dans la guerre d'Algérie, de ses années de militantisme (Europe-Action) et de sa passion pour les armes et la chasse, il revient plus longuement sur les réflexions historiques qu'il a menées tout au long de sa vie.
De la question du christianisme en Europe à la Révolution bolchévique, de la fondation de revues historiques à ses œuvres d'historien méditatif (Le siècle de 1914, Histoire et tradition des Européens, Le choc de l'Histoire), Dominique Venner nous fait partager sa passion de l'histoire.
Enfin, ce sont des thématiques plus immédiates qui viennent clore l'entretien. Dominique Venner nous enjoint à l'action -jusqu'au sacrifice- face à nos élites dirigeantes criminelles, à l'immigration de peuplement et au repoussoir de l'Union européenne.
Un appel qui doit être entendu.
Frédéric Lordon partage différentes idées en débattant avec son public.
L'occasion pour lui de réhabiliter les concepts de nation et de souveraineté (du peuple!), de préciser le caractère mortifère des institutions de l'Union européenne et de s'attaquer à la forme néolibérale du capitalisme.
Sont aussi évoqués le rôle de la monnaie, les perspectives d'effondrement du système économique et la nécessité des changements à mettre en oeuvre.
Le débat était organisé par la Revue des Livres.