Identité personnelle, identité religieuse, identité de genre, identité nationale... Mais comment définir l'identité ?
La sociologue Nathalie Heinich, auteur du récent Ce que n'est pas l'identité (Gallimard, 2018), met en débat une notion utilisée à tort et à travers, semblant signifier tout et n'importe quoi, pouvant provoquer des réactions épidermiques chez ceux qui ne s'y reconnaissent pas ...
De L'Identité malheureuse d'Alain Finkielkraut à L'Illusion identitaire de Jean-François Bayart, du Malaise dans l'identité d'Hervé Le Bras aux "identités ambiguës" d'Etienne Balibar, de "l'énigme" de Marcel Detienne au Piège d'identité de Gilles Finchelstein, les ouvrages sur l'identité ne manquent pas, et témoignent de la place de choix qu'occupe la notion dans le débat public.
Nathalie Heinich a choisi de définir l'identité au travers de ce qu'elle n'est pas. Délestée, allégée de toutes connotations superflues, l'identité se définit dans la perception qu'on a de nous-mêmes et dans le regard des autres.
Émission "La Grande table idées", animée par Olivia Gesbert.
Comment tout a basculé ? Qu'est-ce qui a fait qu'en quelques mois, le couvercle d'une marmite qui bouillait depuis quarante ans a sauté ? Qu'une élite se retrouva fort dépourvue quand la bise jaune fut venue ? Le tsunami n'est évidemment pas que français : Europe de l'Est, Russie, États-Unis trumpistes, Bolsonaro au Brésil, Salvini en Italie, sans oublier le Brexit, tout montre que les peuples se sont mis en mouvement. Ce n'est pas seulement le pouvoir d'achat ou le prix du carburant, mais aussi la dignité, l'identité et, pour tous ces peuples que l'on avait rangés au magasin des accessoires, retrouver leur appartenance, leur honneur et leur dimension d'êtres humains.
André Bercoff retrace les raisons de la colère : capitalisme de connivence, noblesse financiaro-administrative, clergé politico-médiatique et un tiers État fragmenté, divisé, caillassé, mais qui se recompose dans les tréfonds d'une France accablée par l'impôt et qui rejette ses dirigeants politiques.
Avec vigueur et humeur, il explique pourquoi ce peuple qu'on croyait complètement dissous dans l'alcool de la mondialisation refait surface dans tous les domaines, et avec une radicalité inconnue jusqu'alors.
Ancien président du Front national de la jeunesse, nietzschéen revendiqué, Julien Rochedy nous propose un entretien passionnant dans lequel il aborde de nombreux sujets politiques et civilisationnels, égratignant parfois sévèrement les conservateurs n'ayant pas pris la mesure de la rupture anthropologique portée par la modernité et des solutions à y apporter.
Sommaire :
- 00'41 : que préparez-vous pour la rentrée ?
- 04'43 : qu'est-ce qu'être européen ?
- 07'55 : vous sentez-vous plus proche d'un Malien francophone que d'un Letton ?
- 09'26 : l'Europe composée de 70 % d'extra-européens parfaitement assimilés serait-elle toujours l'Europe ?
- 13'43 : va-t-on assister au retour de la biologie en politique ?
- 18'40 : faut-il mettre en place la préférence de civilisation ?
- 21'46 : que peuvent apporter aux Européens vos travaux sur la psychologie évolutionniste ?
- 27'58 : cette reconnexion avec la nature est-elle possible dans le contexte actuel ?
- 32'14 : les Européens doivent-ils renouer avec la virilité ?
- 38'39 : qu'est-ce qu'être nietzschéen en 2019 ?
- 44'04 : que faire pour sauver l'Europe ?
- 49'58 : quels conseils de drague pour les jeunes Européens ?
Aujourd'hui, la principale menace pesant sur l'Université est la dérive identitaire. Pas l'identité en tant que telle, mais l'exacerbation identitaire conduisant à l'organisation de réseaux communautaires diffusant une vision fragementée de la société et niant la possibilité d'un monde commun.
Les entrepreneurs identitaires, ceux qui vivent de l'agitation des haines et des rancœurs, entretiennent un discours victimaire à dessein : leur existence est liée à la destruction du commun, à la réduction des uns et des autres à tel ou tel critère de leur identité. Ce discours victimaire, renvoyant chacun à une identité qui enferme plutôt qu'elle émancipe, peut conduire au refus de l'intégration et déboucher sur une forme de séparatisme, voire d'hostilité à la France.
L'universitaire Laurent Bouvet revient sur les origines de ce phénomène, largement importé des Etats-Unis, et dresse le portrait des acteurs du conflit tel qu'il s'est imposé à la France.
On nous ment. L'autre Europe plus démocratique, plus protectrice, plus coopérative, bref l'Europe de la paix ne se fera pas dans le cadre des institutions actuelles.
L'Europe de Bruxelles a mis le marché et la concurrence au centre de ses institutions. Il en résulte une forfaiture démocratique, une guerre économique et sociale. En quittant les institutions de l'actuelle Union, l'Europe de la coopération des Nations peut s'entreprendre.
Et c'est l'alsacien Jean-luc Schaffhauser, philosophe de formation et député européen, qui nous raconte en quoi son expérience lui a montré l'indispensable sortie des institutions actuelles pour retrouver l'esprit initial de l'Europe de Strasbourg.
Aujourd'hui plus que jamais, le Général de Gaulle reste le grand totem de l'histoire de France au XXe siècle. Incontournable aussi bien pour chez les "bien-pensants" qu'au sein de la dissidence, il représente la figure du sauveur et d'homme visionnaire lorsqu'un Pétain ne serait plus que lâche, sénile et traître à sa patrie.
La réalité est-elle aussi simple ? Et pour quelles raisons fait-il autant consensus ? Doit-on puiser dans son héritage politique pour oeuvrer au redressement de la France ou, au contraire, s'en distancier ?
L'avocat Adrien Abauzit et l'ancien député européen Paul-Marie Couteaux débattent de la figure de Gaulle, du sens de son action politique et de sa postérité.
Alors que l'Europe semble à nouveau sensible aux nationalismes, il est utile de faire la généalogie de ce concept en remontant jusqu'aux origines de son émergence, au temps où s'affirmèrent les ressorts de sa future extension. Autrement dit jusqu'au XIXe siècle qui, dans la suite de la Grande Révolution française, fut celui de la remise en cause des hiérarchies politiques traditionnelles, ces hiérarchies que, dans l'Ancien régime, les souverains tout à la fois surplombaient et incarnaient.
Comme toujours les mots ont leur charge d'ambiguïté. Fait national, nationalités, identités nationales, patriotisme : dans ce champ on glisse aisément d'un comportement à un autre, d'une fierté portant une morale universelle au repli sur soi et à des ambitions expansionnistes, parfois racistes. L'ambivalence du terme d' "identité" éclaire cela spécialement.
C'est donc de définitions qu'il va donc falloir d'abord se préoccuper pour savoir de quoi l'on parle, en bonne ou en mauvaise part. Avant d'évoquer, sous cette lumière spécifique, quelques-uns des grands mouvements de l'histoire européenne jusqu'après la Première guerre mondiale.
Anne-Marie Thiesse, spécialiste d'histoire culturelle, s'est penchée de longue date sur ces questions intellectuellement complexes et civiquement capitales. Avec elle, nous allons tâcher de démêler dans la durée quelques-uns de ces fils entrelacés.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.