Le professeur de Digital Humanities à l'EPFL Frédéric Kaplan met en évidence le processus de machinisation dans lequel s'inscrit le livre, ce processus ayant pour finalité d'inscrire un objet dans une certaine fonction qui lui est propre et qui suffit à le définir complètement. Mais le livre n'a pas encore atteint ce stade en ce qu'il permet d'organiser un discours dans l'espace : le livre a une fonction "architecturante".
C'est ici qu'il faut distinguer le livre de l'encyclopédie : alors que le livre organise un discours, l'encyclopédie englobe le monde. Cette dernière décompose le livre en noeuds sémantiques afin d'en extraire des contenus en vue d'une standardisation, tout en s'interrogeant sur les pratiques de lectures afin d'en tirer des "reading analytics".
Le livre demeure ainsi une entité fermée contenant des données qui peut donc, contrairement à l'encyclopédie, innover, mais dont la forme actuelle reste menacée : l'avenir seul pourra nous dire quel sera le livre de demain.
Si tout le monde a en tête la courbe croissante des émissions de CO2 depuis deux siècles, on n'en a curieusement pas d'histoire. Quels sont les grands processus historiques qu'il faut prioritairement mettre en relation avec cette courbe ? Quels sont les institutions, les pouvoirs, les imaginaires et les intérêts qui nous ont véritablement placés sur le chemin de l’abîme climatique ?
La recherche de Jean-Baptiste Fressoz porte sur les racines sociales, économiques et politiques des problèmes écologiques auxquels nous devons faire face aujourd’hui. "Il s'agit de déplacer notre regard de l'analyse scientifique des milieux naturels atteints, vers les acteurs, les institutions et les décisions qui ont produit ces atteintes." Cela signifie que les atteintes portées au système Terre par l'être humain, ce que l'on nomme aujourd'hui Anthropocène, sont le résultat de choix et non pas d'une quelconque fatalité pour comprendre la situation actuelle et rendre possible de nouvelles trajectoires pour le futur.
Une conférence qui s'inscrit dans le programme du week-end "Make it work".
On ne présente plus Michel Drac : analyste, éditeur, essayiste, conférencier... il aime la prospective et nous fait partager ses réflexions.
Nous sommes ici invités à nous remuer les méninges pour un exercice de futurologie : que se passe-t-il si l'on essaie d'imaginer l'avenir en supposant qu'à chaque étape, les événements qui se produisent sont les plus probables ?
1_2 Sommaire de la conférence :
- 0'00'15 : un peu de théorie
- 0'12'00 : lister les tendances
- 0'24'45 : les cygnes noirs
- 0'27'30 : hiérarchie des tendances
- 0'34'30 : un peu de philosophie
- 0'37'00 : le calendrier technologique
- 0'46'45 : l'impact technologique
- 1'05'45 : la crise du sens
- 1'10'15 : l'impact de la crise du sens
- 1'14'30 : krach décennal
- 1'24'45 : rôle structurant des USA et libre-échange
- 1'32'45 : le différentiel démographique
- 1'38'15 : power shift
- 1'43'15 : 2018-2028
- 2'03'00 : 2028-2040
- 2'18'00 : conclusion
2_2 Sommaire des questions :
- 00'27 : la technologie, pas seulement pour les riches ?
- 01'45 : vers l’autarcie ?
- 04'00 : le grand complot soralo-chouardo-draco-sangiorgesque
- 05'19 : rendez-vous en 2029
- 05'35 : ce que je cherche à vous faire
- 06'16 : les gilets jaunes
- 07'15 : sur l'Europe nécessaire
- 08'18 : sur le féminisme comme tendance structurelle
- 08'51 : privatisation du renseignement
- 09'18 : pourquoi rester en France
- 11'02 : cilissiouniss'
- 11'48 : site à venir, c'est promis !
- 12'10 : capitalisme et crise du sens
- 13'21 : crise du sens : individuel, collectif ?
- 17'47 : dépression garantie !
- 17'57 : Mad Max + Gattaca
- 18'18 : incohérent, et alors ?
- 18'49 : coût marginal zéro et implosion du capitalisme
- 20'34 : un déficit de compétence technique
- 20'49 : l'Apocalypse, c'est le pied !
- 21'18 : incertitude technologique
- 22'10 : encore un qui n'a rien compris à l'exercice...
- 22'39 : sur la capacité de la France à maintenir une défense autonome
- 23'00 : au bout d'un moment, ça se répète...
- 23'40 : oui, je suis timbré !
- 23'47 : la France seule ?
- 24'16 : 1929 et 2008
- 24'59 : l'évolution du Maghreb
- 26'18 : espace, enjeu stratégique ?
- 26'52 : la Russie, superpuissance ?
- 28'20 : effondrement avant 2040 ?
- 29'37 : la médecine de la longévité
- 30'22 : sur la naïveté des occidentaux face à un monde qu'ils ne pilotent plus
- 31'51 : sur le pic pétrolier
- 32'50 : sur les trolls
- 33'39 : et l'Inde ?
- 33'57 : sur l'Europe nécessaire (bis)
- 34'37 : sur l'euro
- 36'04 : sur les terres rares
- 37'03 : les cryptomonnaies, un véritable oubli
- 38'00 : recréer le sens
- 38'55 : Albert Camus vous salue bien
- 41'41 : sur les OGM : 39:32 Antisémite !
- 42'07 : robotisation et question énergétique
- 42'34 : Zbig forever
- 44'13 : Highway to Hell
- 45'22 : problème de forme, caractères trop petits
- 45'52 : conclusion
Le grand historien des couleurs et des symboles Michel Pastoureau, dans le cadre de l'exposition Manguin, la volupté de la couleur dédiée à cet artiste précurseur, pilier du mouvement des Fauves et coloriste enthousiasmé par le monde méditerranéen, nous livre une réflexion autour de la signification, de l'usage et des évolutions de la couleur dans l'art pictural, des premiers élans de l'Impressionnisme aux premiers obus de la Grande Guerre.
Passionnant comme à son habitude, il nous explique comment l'invention de la couleur en tube à bouleversé lʹunivers de la peinture, en permettant aux artistes de sortir de lʹatelier pour peindre "sur le motif". La palette du peintre sʹen trouve également modifiée pour sʹouvrir à la lumière, à cette "touche" qui rendra célèbre les impressionnistes et leurs contemporains.
Avec l'extension du numérique, les machines se substituent à nos actions et à nos réflexions grâce à l'extraction et à l'utilisation de nos données. Ce que visent les GAFA, c'est en quelque sorte un pilotage automatique de notre existence.
On nous crée des attentes avant même qu'on ne les ait, on rend nos comportements automatiques, on diminue nos réflexions, on automatise notre désir. De plus en plus de pans de notre vie sociale sont régis par ces algorithmes. Cela crée une pression et les gens anticipent cette évaluation, ils savent ce qui plaît ou ne plaît pas et adaptent leurs comportements en fonction.
Le professeur de philosophie politique et morale Mark Hunyadi nous propose de réfléchir aux impacts du numérique sur la société d'aujourd'hui.
Comprendre et accompagner la transformation numérique des institutions de soin implique un questionnement éthique portant tout autant sur les usages de ces nouveaux dispositifs techniques que sur la signification culturelle et anthropologique que le numérique produit dans notre façon de penser la santé.
Autrement dit, il serait très réducteur de considérer que l'évolution numérique de la santé n'est qu'une option de plus dans ce que l'on appelle classiquement le "progrès scientifique et technique". Car si la santé numérique peut offrir des "opportunités", elle est aussi le miroir d'une société qui peine à dessiner un horizon de sens partagé.
La réflexion que développe le philosophe Mark Hunyadi apporte d'indispensables éclaircissements ainsi que les repères nécessaires.
Une intervention tirée de l'Université d'été 2017 "Éthique, Alzheimer et maladies neurodégénératives".
La grande conférence internationale sur le climat, dite "COP21", qui s'est tenue à Paris en décembre 2015, a réuni 196 États. Elle visait au premier chef à obtenir un accord universel et, si possible, juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre, avec le but de maintenir le réchauffement climatique au XIXe siècle en dessous de deux degrés Celsius. Or il se trouve qu'à lire beaucoup des articles qui nous arrivèrent en déferlante à cette occasion, l'historien ne peut qu'être sensible à une certaine myopie rétrospective de bien des commentateurs.
Beaucoup paraissaient croire en effet que l'angoisse que suscite, fort légitimement, l'emprise délétère des humains sur la planète serait toute récente, exprimée et portée par l'écologie politique contemporaine. Rien n'est plus faux en réalité et cette émission va s'attacher à le démontrer.
Jean-Baptiste Fressoz, historien et chercheur au CNRS, nous a fourni de précieux travaux sur la prise de conscience, progressive ou à éclipses, depuis le XIXe siècle, des risques multiples engendrés par les progrès de la science et par la révolution industrielle. Risques concernant directement la santé des hommes et des femmes dans la longue durée mais aussi, déjà, le changement climatique engendré, pour la première fois dans l'Histoire de la Terre, par les comportements débridés de l’industrie humaine, par ses élans, par son énergie et par ses aveuglements.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.
Et si, contrairement à ceux qui pensent que la technique a déshumanisé l'homme, c'était plutôt l'homme, justement, qui a déshumanisé la technique ?
Cette série de quatre émissions nous fait le portrait de Gilbert Simondon et aborde les différents aspect de la pensée de ce grand penseur de la technique. Car certains termes emblématiques de son écriture, qu'il s'agisse d'individuation, d'ontogenèse, ou de transindividualité, restent assez difficiles à comprendre pour celui qui n'est pas déjà un initié.
La dernier volet de cette série est consacré à l'aspect futurologique de la pensée de Simondon. Afin que ce qu'il nous a légué puisse continuer à nous servir pour saisir les enjeux de notre temps...