Bernard Wicht propose une réflexion originale sur le sens de l'histoire européenne et sur le devenir de nos sociétés.
Il observe de près le rôle que les guerres ont menées dans le développement de nos états modernes.
C'est ainsi que son dernier livre a comme sujet central la nation de citoyen-soldat, alors que les armées nationales sont en train de disparaître/ont disparu dans la plupart des pays d'Europe.
Apparu sur le devant de la scène avec la Révolution française, le citoyen-soldat est le reflet de la souveraineté populaire et nationale, l'expression de l'idée républicaine que le pouvoir n'appartient pas principalement à l'Etat mais aux citoyens. Sa disparition progressive aujourd'hui signifierait-elle alors une éclipse de la démocratie ?
Nous ne sommes plus en 1789, ni non plus à l'âge des révolutions et des idéologies. C'est plutôt le chaos qui caractérise notre époque, avec le déclin de l'Etat moderne, l'atomisation du corps social et la fin de l'idéal national.
Par conséquent, s'interroger sur le citoyen-soldat à l'heure actuelle, c'est se demander quelle "cause" défendre de nos jours alors que les maîtres mots sont sécurité et risque zéro.
Antoine Cholet s’interroge sur l’identité politique de la Suisse : est-elle une nation ? C'est donc à une enquête que nous sommes ici conviés.
Le conférencier commence par définir son concept de la nation, qu'il articule autour de quatre éléments: un état centralisé, un territoire, une histoire et un peuple.
De cette définition naît l'ambiguité : il manque en effet ces quatre éléments -dans leur plénitude- à la Suisse. En fait d’état centralisé, on trouve plutôt un pouvoir central faible, débordé à la fois par des cantons ayant conservé de nombreuses prérogatives et par des associations privées redoutablement efficaces. Son territoire n’est que le résultat hasardeux de traités d’entraide successifs ; son histoire est marquée par la désunion et les guerres; quant au peuple suisse, il faut avoir une imagination fertile pour en concevoir concrètement l’existence. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de combler cette "fêlure nationale" en édifiant des mythes politiques rassembleurs, parmi lesquels la neutralité armée, le consensus, le fédéralisme ou la démocratie. Mais force est de constater que cette mythologie tourne parfois à vide…
En confrontant, sans langue de bois, la Suisse au concept de nation, Antoine Cholet démontre les limites d’une telle perspective. Mais ce n'est pas pour considérer cette "fêlure nationale" comme un problème, mais plutôt comme une chance pour le pays de dépasser une construction nationaliste insatisfaisante.
L'entretien traite des rapports entre la Suisse et l'Union Européenne sur les vingt dernières années, soit depuis la décision des Suisses de ne pas adhérer aux institutions de l'Espace Economique Européen. François Schaller a été, en Suisse romande, un des pionniers de la lutte contre l'européisme et il nous explique les raisons qui ont motivé son engagement.
La diversité croissante des options philosophiques et religieuses au sein de nos sociétés semble mettre en question les compromis laïcs que nous avons construits pour gérer le pluralisme des opinions et des croyances.
Le référendum suisse à propos des minarets a illustré la difficulté que les sociétés européennes éprouvent à légiférer sur cette matière.
Un débat très vif s'est également ouvert au Canada sur la compétence des tribunaux en matière religieuse.
Patrick Haenni, politiste suisse, et Rachad Antonius professeur de sociologie à l'UQAM (Montréal), nous aide à réfléchir à la régulation publique du pluralisme dans un cadre laïc à partir des situations singulières de la Suisse et du Canada.
Double regard sur la grande crise agitant notre monde.
D'abord celui de l'économiste Myret Zaki avec une analyse fine de la crise de la dette souveraine grecque et de ses origines. Vient ensuite l'analyse de la crise institutionelle de nos prétendues "démocraties" occidentales par Etienne Chouard.
Une étape importante pour comprendre les mécanismes d'alinéation actuels.