Qu'est ce qui nous unit encore quand le seul espace commun est celui régi par le droit ? Dans la lignée de ses travaux précédents, Jean-Claude Michéa analyse dans son récent essai Le loup dans la bergerie l'irruption du droit dans les rapports sociaux. Ce phénomène, applaudit par toute la gauche de gouvernement correspond à l'irruption du "loup de Wall Street" dans la "bergerie socialiste"...
Philosophe critique, rouge-brun pour les uns, socialiste conservateur pour les autres, Jean-Claude Michéa fustige cette gauche "droit-de-l'hommiste", acquise au progrès et ayant répudié le peuple.
Michéa ou le dernier représentant de cette common decency dont parlait George Orwell ?
Émission "La Grande table idées", animée par Olivia Gesbert.
Peu à peu se fait jour l'idée que le communisme serait la cause initiale de tous les crimes du XXe siècle. Pour les tenants d'une histoire réactionnaire, le génocide de "race" initié par les nazis ne serait qu'une réponse au génocide de "classe" lancé par les bolcheviques. Domenico Losurdo démontre que les germes des massacres du XXe siècle, étaient pourtant bel et bien présents bien avant Octobre 17.
Contre les faussaires de l'histoire, Losurdo révèle à quel point le colonialisme fut une véritable école du crime de masse pour les nazis comme pour la plupart des pays libéraux de tradition démocratique. On pense à l'exemple saisissant d'Hitler fasciné par les massacres d'indiens par les américains.
L'originalité du travail de Domenico Losurdo est de dénoncer le discours hypocrite qui compare les crimes du communisme aux déclarations de principe de la démocratie libérale, en ignorant la pratique de cette dernière. Il s'amuse à inverser le processus.
Un exercice salvateur pour s'armer contre toutes les manipulations idéologiques de l'histoire.
L'antisémitisme fut largement répandu chez les socialistes français du XIXe siècle. Les écrits du célèbre utopiste Fourier abondent en remarques désobligeantes ou diffamatoires contre les Juifs, qui incarnent selon lui l'usure et le commerce. Quant à Proudhon, dont la judéophobie viscérale influencera nombre d'auteurs socialistes, il déclare que "le Juif est par tempérament antiproducteur... c'est un entremetteur, toujours frauduleux et parasite...".
De nombreux socialistes anticléricaux, marqués par le darwinisme social, reprochent aux Juifs d'avoir enfanté le christianisme. Le blanquiste Gustave Tridon, résolument raciste, estime ainsi que "Jésus est un juif, un Sémite ; les Sémites sont une race inférieure, un ensemble de peuples superstitieux qui ont imaginé des religions barbares, sanguinaires, oppressives."
Avant l'affaire Dreyfus, quelques socialistes commencent à réfléchir et à douter de la validité de l'antisémitisme, mais la plupart ne se ressaisissent véritablement qu'à partir de la fin du XIXe siècle, au moment où la judéophobie bascule à droite.
Cette petite anthologie, qui restitue dans leur contexte les écrits des propagandistes antijuifs s'inscrivant à gauche, bouscule les idées reçues en démontrant que les grands ancêtres du socialisme ont largement contribué à la naissance de l'antisémitisme moderne, également analysé dans le cadre de cette conférence.
Une conférence qui s'inscrit dans le "IVème séminaire international sur l'antisémitisme" installé au Centre de la Culture Contemporaine de Barcelone.
Issu d'une famille communiste de la banlieue de Paris, Jean-Claude Michéa nous raconte son parcours personnel qui l'aura vu devenir révolutionnaire davantage par fidélité à une tradition familiale que par volonté de rupture avec son milieu d'origine.
Après une enfance heureuse viennent les années de formation et son départ pour la ville de Montpellier, où il aura le bonheur de faire carrière dans l'enseignement.
Mais c'est autour de son autre carrière d'auteur, d'auteur cette fois-ci, que l'entretien se poursuit. Car si chacun des livres que Michéa écrit lui demande un immense effort, ses idées commencent à être largement diffusées... et entendues ! Revient fréquemment, en filigrane, le personnage et l'oeuvre d'Orwell.
Enfin, Michéa nous raconte sa dernière aventure, celle qui le voit retourner à une vie simple et campagnarde à la suite de son installation dans une petite ferme des Landes, depuis sa retraite. Pas de commerces, pas de richesse, mais un retour à la terre vécu comme l'expérience d'une ruralité authentique : la décroissance en acte !
Une émission animée par Guillaume Erner.
Pour ce 55ème numéro de "L’Heure la plus sombre", Vincent Lapierre reçoit le penseur et militant suisse David L'Epée.
- 00'00 : Introduction
- 00'54 : Pourquoi "L'Epée" ?
- 02'04 : Le parcours de David
- 07'20 : Qu'est-ce que le socialisme ?
- 11'45 : Le capitalisme et la démocratie
- 15'37 : La figure de Robespierre
- 20'20 : La France vue par un Suisse
- 22'50 : République et franc-maçonnerie
- 27'30 : La synthèse du national et du social ?
- 32'00 : La reductio Ad Hitlerum ne fonctionne plus
- 33'35 : L'élection de Trump
- 41'50 : Pour un retour à l'État-nation
- 44'30 : La République enracinée et le modèle Chávez
- 47'50 : Où retrouver David L’Epée ?
Professeur de sciences économiques et sociales, journaliste et écrivain, cofondateur de la revue Le Comptoir, Kévin Boucaud-Victoire présente ici son deuxième essai, consacré à George Orwell. Auteur du célèbre 1984 qui l’a établi comme écrivain antitotalitaire, George Orwell fait aujourd’hui l’objet de maintes récupérations.
Spécialiste de l’ensemble de son œuvre, Kévin Boucaud-Victoire retrace le cheminement de la pensée de celui qui se définissait comme un anarchiste conservateur avant de se déclarer socialiste. Mais c’est un socialisme complexe dont il parlait, patriotique et révolutionnaire, rigoureusement anarchiste, méritant une ample discussion...
La Chine est entrée dans les temps modernes, au XIXe siècle, avec un mode de production inapte à assurer sa modernisation. La dynastie Qing en a fait l’expérience et le républicain Sun Yatsen n'a pas réussi à le dépasser. Seule la révolution communiste a débarassé ce pays de ses structures anciennes. Depuis lors, son économie a suivi de nouvelles trajectoires.
Jean-Claude Delaunay nous décrit les trajectoires réelles contemporaines de la Chine (démographiques, agricoles, industrielles, commerciales) et porte une attention particulière aux transformations subies par les idées et théories motrices de l'ensemble, à savoir le marxisme.
Armel Campagne et Sylvain Quissol nous proposent une émission de critique des idéologies politiques portées par les intellectuels de gauche, du socialisme au populisme, des sociaux-démocrates allemands aux mélenchonistes et des bolchéviques aux bureaucrates syndicaux.
En s'appuyant principalement sur les livres Le socialisme des intellectuels de Jan Waclav Makhaïski, L'encadrement capitaliste d'Alain Bihr et Marxisme et philosophie de Karl Korsch, ils analysente les différentes idéologies contemporaines de classe moyenne et dénoncent l'encadrement autoritaire des luttes sociales qui se fait au nom du "savoir" des bureaucrates, techniciens et autres intellectuels.
In fine, ce projet politique repose sur le postulat d'un Etat et d'une technologie neutres et constitue un paternalisme autoritaire vis-à-vis des prolétaires.
Émission "Sortir du capitalisme".