A la une du New York Times habillés d'un gilet jaune, poursuivis par les journalistes britanniques à l'occasion du Brexit, fêtés comme des héros pendant la crise sanitaire, redevenus des sujets d'études pour les chercheurs, de nouvelles cibles du marketing électoral pour les partis, les gens ordinaires sont de retour. Les "classes populaires", le "peuple", les "petites gens" sont subitement passés de l'ombre à la lumière. Les "déplorables" sont devenus des "héros".
Cette renaissance déborde désormais des cadres du social et du politique pour atteindre le champ culturel. De Hollywood aux rayons des librairies, la culture populaire gagne du terrain. Ses valeurs traditionnelles -l'attachement à un territoire et à la nation, la solidarité et la préservation d'un capital culturel- imprègnent tous les milieux populaires.
Jack London usait d'une métaphore pour décrire la société de son temps : la cave et le rez-de-chaussée pour les plus modestes, le salon et les étages supérieurs pour les autres. Et si, aujourd'hui, plus personne ne voulait s'inviter au salon ? Sommes-nous entrés dans le temps des gens ordinaires ?
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
La question actuelle de l' "islamophobie" est une bataille sémantique à travers laquelle se joue notre regard sur l'islam en France. Pour le politologue Olivier Roy, l'enjeu est la liberté religieuse dans une société où beaucoup considèrent que le refus des valeurs républicaines relève de la sécession.
Islamisation de la radicalité ou radicalisation de l'islamité ? C'est également la querelle sur le lien entre islamisme et terrorisme qui doit être explicitée, sachant que selon que les pouvoirs publics privilégieront l'une ou l'autre thèse, la place de l'islam en France sera différente.
En tant qu'il commande un respect absolu, le sacré se trouvait anciennement placé au-dessus de la vie. C'est pourquoi il pouvait, le cas échéant, réclamer le sacrifice de celle-ci.
Comment la vie nue en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré ? Au point que sa conservation, comme l'a montré la crise engendrée en 2020 par l'épidémie de coronavirus, semble bien être devenue le fondement ultime de la légitimité de nos gouvernements.
Que cela apprend-il du rapport des populations à la politique, au pouvoir ? À quelles servitudes nous disposons-nous, si nous accordons à la "vie" la position suprême ?
Après le succès de Histoire de ta bêtise, une longue descente en règle du "bourgeois cool" qui verse tantôt dans "le monde de la culture" tantôt dans la publicité, François Bégaudeau donne un tour de vis supplémentaire et précise le portrait du "bourgeois hard".
Friand de week-ends au château et d'écoles de commerce, le bourgeois "hard" présente cette particularité d'aménager dans sa vie un espace pour le fric et un autre pour la tradition. Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'un est au service de l'autre et réciproquement. Autoritaire et ennuyeux à mourir, le bourgeois "hard" s'offre aussi le luxe de privatiser l'histoire du christianisme.
Que reste-t-il aux gens ordinaires, si "hard" comme "cool" se prévalent de tout détenir ? Peut-être un peu de football et peut-être encore un peu Jésus, premier anarchiste de l'histoire…
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
Cette leçon de philosophie entend déployer la pensée d'un philosophe majeur du XXe siècle à partir d'un sujet central à son oeuvre. Ce philosophe, il s'agit de Theodor W. Adorno, chef de fil de l'École de Francfort dont la théorie critique sociale s'interesse de près au statut de l'individu contemporain.
Un problème plus que jamais actuel, et pour la compréhension dulequel un détour par Adorno est plus que recommandé !
Le sociologue Michel Maffesoli s'attache à décrypter ce qu'il nomme la "religiosité postmoderne" en étudiant les étapes qui jalonnent ce "retour du sacral" : la réhabilitation des sens et d'une raison sensible, l'importance du partage, du mystère, de l'initiation – mais aussi l'ancrage nécessaire dans la tradition. C'est ainsi que les figures catholiques de la Trinité (l'unicité de Dieu en trois personnes) ou de la communion des saints représentent pour le penseur des "tribus" les métaphores les plus adaptées à l'imaginaire contemporain du sacré.
Une approche plein de sens qui nous invite à une appréhension populaire et émotionnelle de la transcendance.
L'offensive féministe que subit la société depuis plusieurs dizaines d'années a profondément recomposé les rapports homme/femme. En réaction à ce phénomène, le masculinisme est né, structuré en plusieurs courants informels proposant chacun un réinvestissement original -et parfois problématique- de la virilité.
Pour tenter de compendre cette mouvance assez disparate et, plus généralement, débattre de la manière dont les peuples européens doivent se réapproprier leur héritage séculaire, sont rassemblés le blogueur et militant Alain Charles et le journaliste François Bousquet.
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.