Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Qu'en est-il de leur rapport au divin, aux divinités ? Peut-on parler de spiritualité ?
Dans un deuxième temps, Paul Veyne nous parle de l'Enéide de Virgile, dont il vient d'en faire une nouvelle traduction.
Emission "Les racines du ciel", présentée par Frédéric Lenoir.
Paul Veyne cherche à comprendre, avec toute la bonne fin d'un incroyant, comment le christianisme a pu, entre 300 et 400, s'imposer à tout l'Occident. Un empereur romain, Constantin, maître de cet Occident, converti sincèrement au christianisme, veut christianiser le monde pour le sauver. Il s'est converti parce qu'à ce grand empereur il fallait une grande religion. Or, face aux dieux païens, le christianisme, bien que secte très minoritaire, était la religion d'avant-garde qui ne ressemblait à rien de connu. Constantin s'est borné à aider les chrétiens à mettre en place leur Eglise, ce réseau d'évêchés tissé sur l'immense empire romain. Lentement, avec docilité, les foules païennes se sont fait un christianisme à elles.
"Si vous n’êtes romain, soyez digne de l’être."
Pendant quinze siècles, ce vers de Corneille a porté l’ambition française : être reconnue comme l’héritière de Rome, de son Etat, de sa langue, de sa manière unique d’assimiler les étrangers – à la fois hautaine et égalitaire – et même de sa façon d’imposer la paix en Europe.
Eric Zemmour raconte cette obsession autour de laquelle s’est tissé le roman historique français. Philippe Auguste, Louis XIV, Napoléon, Clemenceau croient toucher au but. Mais à chaque fois un croc-en-jambe les fait chuter, tantôt la puissance anglo-saxonne – notre "Carthage" – ou bien la force allemande – notre meilleure élève. A chaque fois aussi, la France s’invente des raisons d’y croire à nouveau, que celles-ci s’appellent les colonies, De Gaulle ou l’Europe.
Sauf qu’aujourd’hui la mécanique impériale est cassée. Comme si nous vivions déjà à l’heure de la chute de l’Empire, submergés par de nouveaux "barbares"…