Il n'appartient guère à l'historien de se poser une telle question, encore moins d'essayer d'y répondre. En revanche, si les contemporains en ont eu le sentiment, comme ce fut le cas de façon massive, y compris parmi les républicains les plus convaincus, il lui faut en prendre acte, et explorer accessoirement les trop bonnes raisons qu'ils se pouvaient croire de penser ainsi.
Ce sentiment inattendu, Xavier Martin a donc été conduit, selon sa manière déjà éprouvée, à en établir la réalité au prix d'un recours intensif aux sources directes les plus variées. Car les témoignages sont nombreux, abondants, suggestifs, de cette impression pesante et tenace d'une France abîmée : un sentiment qui volontiers a pu aller jusqu'au regret sans équivoque du temps béni d'Ancien Régime, et parfois même s'est cru fondé à faire état explicitement d'un lien tangible entre les Lumières et la subversion révolutionnaire des plus hautes valeurs.
Émission du "Libre Journal de Lumière de l'espérance", animée par Philippe Pichot-Bravard.
L'historien Jean de Viguerie revient sur trois siècles de déchristianisation en en étudiant, avec un sens du détail révélateur, toutes les étapes religieuse, sociale, morale et politique.
Une démonstration implacable qui nous permet de comprendre le désert spirituel qui définit la situation contemporaine.
Une conférence organisée par le Cercle des Étudiants Catholiques Traditionalistes.
La Révolution française est un événement d'importance universelle et un extraordinaire creuset d'idées nouvelles qui a jeté les bases des grands courants politiques français contemporains.
Qui sont les ancêtres des Républicains de droite, des socialistes, des Insoumis ? Comment sont nées leurs idées et qu'ont-ils laissé en héritage aux générations militantes contemporaines ?
Afin de répondre à ces questions, c'est Stéphanie Roza, chercheur au CNRS s'intéressant particulièrement aux théories philosophiques et politiques des acteurs de la Révolution, qui nous partage ses connaissances.
En octobre 1793, les tombeaux de la Basilique de Saint-Denis sont profanés et les corps des rois inhumés en ce lieu depuis quinze cents ans sont extraits, dissous et jetés pêle-mêle dans la fosse de l'Histoire. Acte hors norme, unique en son genre, légalement exécuté au nom de l'État révolutionnaire, de la Terreur instituée.
Violence symbolique qui s'éclaire, en sa logique inconsciente, de la fonction freudienne du corps totémique et du "tabou du chef". Objet paradigmatique de l'anthropologie psychanalytique du politique, qui interroge la haine pure, la passion de la ruine et la structure du désir révolutionnaire. Quand, au nom du Bien politique, s'ouvrent les vannes de la pulsion de mort au cœur du collectif.
L'enjeu de l'évènement, le corps de la Souveraineté, n'est rien moins que l'entrée cataclysmique du sujet dans la modernité politique et sa post histoire, ce qui en fait l'actualité chronique.
Longtemps caricaturées comme l'expression d'une réaction aveugle condamnée par l'Histoire, les idées de la Contre-Révolution n'ont jamais disparu et retrouvent même aujourd'hui une incontestable actualité.
Alors que la Contre-Révolution a surtout, jusqu'ici, retenu l'attention des historiens de la période concernée et privilégié l'histoire politique ou militaire de mouvements comme les insurrections vendéenne ou sanfédiste, les dissidences carliste espagnole ou migueliste portugaise, Pierre de Meuse s'attache pour sa part à rendre compte de ce qu'étaient les idées sous-jacentes à ces différents phénomènes historiques.
Il nous livre le fruit d'une réflexion ambitieuse, qui ouvre constamment des perspectives nouvelles, aussi originales que stimulantes permettant de révéler ce que la pensée contre-révolutionnaire peut apporter aujourd'hui à la vie des idées.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
Le parti pris de la nouvelle biographie que Jean-Clément Martin a consacrée à Robespierre –qui fait sa valeur et son originalité– est le refus revendiqué de toute approche psychologisante, de tout affect et de tout sensationnalisme. L'on voit ainsi évoluer l'homme parmi ses pairs et ses rivaux, dont beaucoup ont partagé avec lui les mêmes expériences : une enfance difficile, une adolescence studieuse et une réussite sociale, mondaine et littéraire précoce.
A travers ses multiples et successives prises de position politiques, y compris celles qui paraissent mineures, on comprend qu'il s'exprime en réponse aux Danton, Marat, Pétion, Saint-Just, Fabre d'Eglantine, Camille Desmoulins, Hébert, Collot d'Herbois, dans un jeu de bascule permanent, sans pouvoir exercer une quelconque magistrature suprême. Lorsqu'il paraît enfin pouvoir y accéder, il est condamné hors la loi par ses collègues, le 9 thermidor 1794.
Chacun le sait, aucune artère parisienne ne porte le nom de Robespierre, passé à la postérité comme l'archétype du monstre. Sans l'absoudre de rien, sans l'accabler non plus, Jean-Clément Martin explique que cette réputation a été fabriquée par les thermidoriens qui, après l'avoir abattu, voulurent se dédouaner de leur recours à la violence d'Etat : les 10 et 11 thermidor, qui voient l'exécution de Robespierre, de Couthon, de Saint-Just et de près de cent autres, servent en réalité à dénoncer "l'Incorruptible" comme le seul responsable de la "Terreur". Cette accusation a réécrit l'histoire de la Révolution et s'impose encore à nous.
En historien, Jean-Clément Martin démonte les mythes et la légende noire pour retrouver l'homme. Une démonstration sans faille pour un livre éminemment politique.
Toutes les sociétés humaines ont besoin de justifier leurs inégalités : il faut leur trouver des raisons, faute de quoi c'est l'ensemble de l'édifice politique et social qui menace de s'effondrer. Les idéologies du passé, si on les étudie de près, ne sont à cet égard pas toujours plus folles que celles du présent. C'est en montrant la multiplicité des trajectoires et des bifurcations possibles que l'on peut interroger les fondements de nos propres institutions et envisager les conditions de leur transformation.
À partir de données comparatives d'une ampleur et d'une profondeur considérables, Thomas Piketty retrace dans une perspective tout à la fois économique, sociale, intellectuelle et politique l'histoire et le devenir des régimes inégalitaires, depuis les sociétés trifonctionnelles et esclavagistes anciennes jusqu'aux sociétés postcoloniales et hypercapitalistes modernes, en passant par les sociétés propriétaristes, coloniales, communistes et sociales démocrates. À l'encontre du récit hyperinégalitaire qui s'est imposé depuis les années 1980-1990, il montre que c'est le combat pour l'égalité et l'éducation, et non pas la sacralisation de la propriété, qui a permis le développement économique et le progrès humain.
En s'appuyant sur les leçons de l'histoire globale, il est possible de rompre avec le fatalisme qui nourrit les dérives identitaires actuelles et d'imaginer un socialisme participatif pour le XXIe siècle : un nouvel horizon égalitaire à visée universelle, une nouvelle idéologie de l'égalité, de la propriété sociale, de l'éducation et du partage des savoirs et des pouvoirs.
Le travail de Youssef Hindi retrace l'histoire politico-religieuse de France sur la longue durée pour en venir à celle de la Révolution de 1789 qui, loin de l'idée répandue, ne fut pas seulement animée par les idéaux de Liberté, d'Égalité et de Fraternité, mais par un virulent anticléricalisme de nature religieuse.
Car le projet révolutionnaire et républicain est mystique avant d'être politique. Et pour nous aider à saisir le fond de la crise actuelle, Youssef Hindi prend le parti d'analyser la formation, l'évolution et l'éventuelle fin de la République en historien des religions. On découvre alors comment et qui a forgée cette religion de la République, la laïcité, qui fut recherchée dès le lendemain de la Révolution par les jacobins et leurs successeurs républicains du XIXe siècle afin d'asseoir définitivement le nouveau régime.
Du kabbaliste jacobin Junius Frey (1753-1794) à Vincent Peillon en passant par Ferdinand Buisson (1841-1932), Youssef Hindi suit à la trace les mystiques et prophètes auto-proclamés de l'ère moderne qui ont élaboré cette religion composite de la République sous le règne duquel les Français vivent et dont ils ignorent jusqu'à l'existence.