Michel Foucault représente, avec Gilles Deleuze ou encore Jacques Derrida, la quintessence du post-modernisme en pronant un anti-humanisme et un irrationalisme sous le patronnage du Nietzsche le plus détestable. Les trois cibles à abattre seront donc les suivantes : l'humanisme, le progrès et l'universel.
Sa pensée commence d'ailleurs à devenir populaire au moment même où le Capital reprend les choses en main, soit à la fin des Trente glorieuses.
Comment cette contre-révolution de la pensée a-t-elle pu s'imposer ? Et comment le libéralisme-libertaire, puisque c'est de cela dont il s'agit, s'est-il structuré, si l'on suit la logique de la pensée de Foucault ?
Le professeur de physique Alan Sokal a réussit, courant 1996, à faire publier dans une revue américaine un article intitulé : Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique. Cette mystification visait notamment à dénoncer l'usage intempestif de la terminologie scientifique par les sciences humaines. Il a depuis explicité son geste dans un ouvrage intitulé Impostures intellectuelles, co-écrit avec Jean Bricmont et publié en 1997.
À l'occasion de sa parution, il débat avec le philosophe et poète Michel Deguy des problèmes réccurents que présentent certains intellectuels français.
Abus de concepts et de termes scientifiques, le fait de jeter des mots savants à la tête du lecteur dans un contexte où ces mots n'ont aucune importance : ce sont des penseurs aussi prestigieux que Lacan, Kristeva, Latour, Baudrillard, Deleuze ou Guattari qui se retrouvent sur le banc des accusés...
Et si Michel Foucault nous avait, tous, bernés ? A l'heure de son entrée solennelle en Pléiade, n'est-il pas temps de lui arracher les innombrables masques qui lui assurèrent la plus longue réplique possible sur la scène médiatique alors qu'en off, sa philosophie avait depuis longtemps rendu l'âme ?
Une enquête nécessaire pour comprendre les temps intellectuels qui sont les nôtres.
La sociologie se trouve aujourd'hui éclatée entre une multitude de propositions hétérogènes. Deux grandes lignes de clivages se dégagent cependant : d'une part, la tension entre une "sociologie du social", d'un haut degré de généralité mais peu ancrée dans l'empirie, et une "sociologie de l'expérience", basée sur l'enquête mais d'ambition souvent restreinte ; et, d'autre part, la tension entre une sociologie à visée normative, ancrée sur le politique, et une sociologie à visée analytico-descriptive, ancrée sur la production de savoir.
Du point de vue de Nathalie Heinich, une sociologie non empirique, de même qu’une sociologie normative, appartiennent à la préhistoire de la discipline. Elle plaide donc pour une sociologie d'enquête mais lestée d'une ambition théorique lui permettant des modélisations transposables à différents domaines et objets de recherche ; et pour une sociologie enfin débarrassée de la tentation de se substituer au militantisme, même si l'utilisation pratique des savoirs produits est toujours souhaitable.
Considérer le savoir comme une fin en soi, refuser de l'inféoder à des objectifs autres qu'épistémiques, et en respecter la spécificité : voilà qui devrait permettre d'éviter les réductions démagogiques de la connaissance à l'opinion commune, autant que l'extension du domaine de l'égalité au monde scientifique, lequel n'a rien à voir avec la démocratie. Enfin délivrés de la régression post-moderne, il sera enfin possible d'entrer, tous ensembles, dans l'histoire de la sociologie.
Le 02 octobre 1997 sortait le livre Impostures intellectuelles d'Alan Sokal et Jean Bricmont. Vingt ans après, nous retrouvons les deux mousquetaires de la raison dans un entretien en forme de bilan.
Ca si le postmodernisme y avait été vertement attaqué, force est de constater que l'usage fantaisiste de concepts des "sciences dures" continue en sciences humaines, malgré la multiplication récente des canulars "à la Sokal".
De l'usage des mathématiques par Alain Badiou à la psychanalyse, c'est encore et toujours le réalisme en matière de philosophie et d'épistémologie et la méthode scientifique qui sont bafoués.
Alan Sokal et Jean Bricmont nous invitent à nous réapproprier les écrits des grands penseurs rationalistes (Russell, Vuillemin, Granger, Bouveresse, Baillargeon) et à poursuivre le combat contre les pseudo-sciences et le charlatanisme.
Cette attitude ne peut être cohérente sans une défense acharnée de la liberté d’expression afin que la "culture de l'irrationalisme" - découlant de la mode intellectuelle du postmodernisme - puisse être réfutée serainement.
La parution de Vu de droite, en 1977, a marqué un tournant dans l'histoire des idées contemporaines et imposé la Nouvelle Droite comme le partenaire incontournable d'un débat idéologique jusqu'alors monopolisé par une certaine gauche. Couronné à l'époque par l'Académie Française, salué par des personnalités aussi différentes que François Mitterrand et Louis Pauwels, Jean-Pierre Chevènement et Jean Cau, cet ouvrage monumental était depuis longtemps épuisé. Sa réédition récente constitue donc un événement très attendu.
De l'archéologie à la philosophie, de la pédagogie à l'éthologie, de la biologie à la sociologie, cette véritable encyclopédie critique passe au crible les travaux et les écrits de quelque 140 écrivains, savants, historiens ou philosophes, jetant sur eux un éclairage novateur et, parfois, impitoyable.
Alain de Benoist, un quart de siècle après, revient sur l'histoire de cet ouvrage et montre en quoi les "vues" qui y étaient développées ont trouvé leur confirmation dans l'histoire de la fin du XXe siècle.
Les théories post-modernes doivent être critiquées, pas uniquement pour le plaisir de la joute intellectuelle. Ces idées à la mode exercent une reéelle capacité d’influence dans les milieux altermondialistes, autonomes et alternatifs en nous proposant de passer d’une critique de l’exploitation, d’une critique du pouvoir qui s’exerce sur les exploités, à une critique des normes : la critique sociale revient alors à déconstruire toute norme, à desserrer l’ "étau" des règles de vie collectives, ce qui conduit logiquement à une recherche frénétique de la singularité, à une sorte d’exode pour échapper à toute contrainte. D’un anarchisme social, lié à la lutte des classes on passe ainsi à un "anarchisme mode de vie" déjà critiqué en son temps par Bookchin.
Renaud Garcia, auteur du Désert de la critique (L’Echappée, 2015), entend bien nous montrer en quoi ces théories de la "déconstruction" sapent la critique sociale, encouragent la marchandisation et le déferlement technologique et conviennent parfaitement à une société libérale et atomisée.
Une rencontre organisée par l'Organisation Communiste Libertaire.
La nature humaine ? Fiction dangereuse. La raison analytique ? Instrument d’uniformisation culturelle. La vérité ? Objet relatif masquant les dispositifs de pouvoir. Le langage ? Geôlier de la créativité. L’universalisme ? Alibi de l’Occident pour dominer le monde. Le corps ? Pâte à modeler au gré des innovations technologiques. Tels sont les lieux, devenus communs, de la pensée de la déconstruction.
Et pour comprendre l'hégémonie du post-modernisme au sein de l'extrême-gauche, Patrick Marcolini nous parle du livre de Renaud Garcia Désert de la critique, récemment sorti aux éditions l'échappée.