Michel Freitag est un sociologue discret et marginal, voire méconnu ou ignoré : il s'agit de l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société. C'est ainsi qu'il en vient à distinguer trois modes formels de reproduction : le "culturel-symbolique", le "politico-institutionnel" et le "décisionnel-opérationnel".
Plus particulièrement, les sciences humaines jouent un rôle essentiel dans les deux derniers modes de reproduction : dans le cadre de la modernité, elles endossent le costume d'une instance critique et réflexive qui instaure une capacité d'institutionnalisation, c'est-à-dire qu'elles participent de l'élaboration rationnelle mais conflictuelle du pouvoir qui assure l'unité de la société. Le passage à la postmodernité, quant à lui, représente une autonomisation des sciences humaines qui, plutôt que d'inscrire l'homme dans une totalité signifiante, travaillent à son adaptation au mouvement technoéconomique général : elles sont devenues, ni plus ni moins, des techniques de contrôle et de gestion du social.
C’est dans ce cadre général que Baptiste Rappin entend cerner et discerner la nature et la place de la philosophie au sein du management et des sciences de l'organisation ; réflexion d'autant plus urgente qu'elle met aux prises d'une part la philosophie, canon de la libre rationalité, et la théorie des organisations, fer de lance de la mise en systèmes du globe terrestre.
John Rawls (1921-2002) est un philosophe libéral américain. Longtemps professeur à Harvard, il publie en 1971 sa célèbre Théorie de la justice dans laquelle il défend une société basée sur une justice redistributive qui réduirait les inégalités.
Cette approche de la justice est-elle compatible avec des institutions françaises qui auraient retrouvé le chemin d'un souveraineté bien comprise, en phase avec sa propre histoire ?
La philosophie a longtemps mis de côté la théologie - et tout ce qui relève de l'irrationnel et de la Révélation. Or peut-elle ignorer ce qui relève de l'expérience ?
Cet écart entre philosophie et théologie intéresse beaucoup le phénoménologue Jean-Luc Marion et constitue une excellente porte d'entrée pour comprendre sa pensée et son parcours.
Émission "Culture et Société", animée par Sarah Brunel.
Les racines de l'Europe ? Voilà un sujet important et d'actualité. Guy Rachet, avec sa culture, se fondant sur une vaste documentation sérieuse, diversifiée, s'attaque, souvent avec verve et toujours avec courage, à ce débat voire à ce choc des civilisations.
Textes et références à l'appui, il prouve que sur le socle des Celtes, Germains, Slaves, Latins, Hellènes s'est épanouie une civilisation novatrice et libératrice. Il atteste que le Moyen Âge européen n'a jamais été la période obscure et barbare que d'étranges "europhobes" ont professée, qu'il n'y a jamais eu de rupture avec la tradition gréco-romaine, et que, contrairement à l'islam dont le Coran a toujours été aux fondements de l'enseignement, celui des clercs du Moyen Âge était établi avant tout sur la connaissance des auteurs latins dits "profanes".
Guy Rachet met alors en valeur la prodigieuse floraison d'art, de peinture, de sculpture, d'architecture (romane et gothique), de littérature, de philosophie et de science, qui marque cette période. Un ensemble qui fait de l'Europe du Moyen Âge puis de la Renaissance un des joyaux de la civilisation.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Hugues Sérapion.
Jacqueline Kelen s'est consacrée aux grands mythes de l'humanité comme en témoignent ses ouvrages, parmi lesquels Marie-Madeleine, un amour infini, L'Éternel masculin, Les Femmes éternelles et Les Femmes et la Bible.
Passionnée par les mythes et par les mystiques, elle consacre ses recherches à ces deux voies qui expriment une même quête de la transcendance.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Alors que certains Occidentaux considèrent le bouddhisme comme une doctrine nihiliste, la "réalisation" de la vacuité (sunyata en sanskrit) à travers les pratiques bouddhiques pourrait bien au contraire permettre d'entrevoir le dépassement du "nihilisme européen" diagnostiqué par Nietzsche à la fin du XIXe siècle, et dont l'ombre continue à s'étendre sur le monde.
Philosophe et essayiste, Françoise Bonardel est soucieuse de faire dialoguer Orient et Occident et s'intéresse en particulier aux relations de la pensée bouddhique et de la philosophie occidentale, et à la dimension psychologique de l'enseignement du Bouddha.
Michel Freitag (1935-2009) est un sociologue et philosophe canadien d'origine suisse. Durant cet entretien, il revient sur son parcours et les circonstances qui l'ont amené à fonder une théorie sociologique générale communément appelée "sociologie dialectique", soit une théorie générale de la pratique et de la société prise comme totalité à la fois réelle et subjective.
Arnold Gehlen (1904-1976) est un anthropologue, sociologue et philosophe allemand dont l'influence sur la pensée conservatrice européenne a été considérable et dont les analyses furent à certains égards prophétiques.
Refusant de réduire l'homme à une dimension unique, qu'elle soit spirituelle ou biologique, il voit en lui un être d'ouverture en raison de son immaturité natale. Dans cette perspective, les institutions – dont la famille – ne sont en rien oppressives mais, au contraire, libératrices, en tant qu'elles lui permettent de mener une vie proprement humaine. En ceci, Gehlen s'oppose à Adorno, à l'École de Francfort, aux idéologies progressistes et révolutionnaires.
En outre, il fut un critique virulent et inspiré de l'hypermorale qui, aujourd'hui, tient lieu de politique et accroît la confusion.
Émission "Les idées à l'endroit", animée par Rémi Soulié.