Alors que l'érotisme met en scène le mystère du sujet et de la sexualité, la pornographie flatte le voyeurisme et livre au regard un corps morcelé, privé de visage. Confiant le spectateur dans le registre de la sensation et de la consommation, elle efface le désir lui-même. Elle conduit à l'asservissement et à la disparition de l'humanité de l'homme.
Loin d'être un rappel à l'odre, le travail de Michela Marzano permet de distinguer les enjeux éthiques qui sous-tendent les représentations du corps humain et offre un plaidoyer pour la liberté et la responsabilité, afin que l'autre demeure celui dont la rencontre nous conduit au meilleur de nous-même et au-delà.
Émission "Planète Féministe", animée par Marie-Anne Juricic.
Constatant que l'anthropologie ne peut plus simplement prétendre reconstituer aussi "objectivement" que possible les cultures étrangères, puisqu'elle rencontre des cosmologies qui précisément excluent le partage entre nature et culture, Eduardo Viveiros de Castro propose d'y voir le lieu d'une expérimentation métaphysique où les "autres" sont non pas objets mais témoins de pensées et même d'images de la pensée alternatives.
Il éclaire alors nombre d'enjeux épistémologiques qui ne deviennent compréhensibles qu'une fois replongés dans le savoir ethnologique qu'ils charrient et conclut par une relecture du structuralisme de Claude Lévi-Strauss qui dépasse l'opposition factice des pensées de la structure et de la différence, tout autant que de l'anthropologie et de la philosophie, du nous et des autres.
Comment devient-on communiste dans un monde non-communiste ? Ou plus précisément : comment des valeurs collectivistes peuvent-elles sans cesse réapparaître, et de façon nécessaire, à la fois dans la vie personnelle des individus et dans les grands mouvements de masse, dans un monde qui semble être l'incarnation parfaite de l'antithèse de ces valeurs ?
Cette question fut le fil conducteur de la vie et l'œuvre de Georg Lukács (1885-1971), militant communiste indéfectible et immense intellectuel marxiste, parfois qualifié de "plus grand philosophe marxiste après Marx", tant sa contribution a paru incontournable à ses contemporains. Pourtant, Lukács reste, particulièrement en France où l'université s'est acharnée à faire disparaître tout marxiste attaché au socialisme réel, un grand inconnu.
A l'heure où l'urgence d'amener au communisme des masses d’hommes qui ne sont pas communistes se fait de plus en plus pressante et vitale, il ne paraît pas inutile de (re)découvrir la pensée de celui qui a montré à quel point le marxisme était une solution efficace aux impasses de la modernité capitaliste.
Historien amoureux de l'Antiquité, Paul Veyne est l'un des plus fervents pour nous transmettre ce que furent les manières de vivre, d'aimer, de penser, d'habiter dans la Grèce classique puis dans la Rome Antique.
Auteur de nombreux livres écrits dans une langue savoureuse, il sait nous rendre présent le climat intellectuel et les joutes oratoires qui se livrèrent dans ce passé si lointain et qu'il nous restitue de manière incandescente. Il fut aussi l'ami de Michel Foucault et de Réné Char.
Professeur honoraire au Collège de France, il publie aux éditions du Seuil, un livre important sur le basculement de la civilisation grecque vers la romanité : L'empire gréco-romain.
De la vocation originelle jusqu'au sentiment de finitude, de la méthode d'écriture de l'Histoire à la construction des mythes, des contradictions de la société romaine à l'héritage grec, ces entretiens nous permettent de (re)découvrir l'un de nos plus grands historiens de l'Antiquité.
Une série d'émissions animée par Laure Adler.
Résumant quinze ans de réflexion et d'enseignement, de voyages au cœur des armées de la planète et dans une tradition humaniste de haute culture, Henri Hude nous propose rien moins qu'une philosophie de la guerre, dans la lignée de Sun Tsu et de Clausewitz
Car dans le tragique de l'Histoire, ceux qui décident ont impérativement besoin de s'élever à l'universel pour apprécier objectivement les situations et les maîtriser efficacement.
Le grand philosophe catholique Jean-Luc Marion nous invite à considérer la fin du mythe de la mort de Dieu : penser autrement "la mort de Dieu", c'est avant tout considérer la mort d'un concept, d'une certaine primauté de l'Etre et du "Dieu moral". En somme, le Dieu qui est mort est une représentation (une idole) contre lequel il faut lutter et Dieu, lui, est mort sur la croix et est donc en retrait – manière, pour nous, d'éprouver la filiation.
Ce retrait du divin pourrait d'ailleurs bien être l'ultime figure de la révélation. Mais quelle révélation ?
La pensée chrétienne revendique radicalement une Révélation en se fondant sur la tradition biblique. Cela soulève des difficultés, car la divinité se manifeste par ce que les philosophes nomment : des phénomènes. Yahvé se révèle à Abraham et à sa descendance, Dieu se révèle aux disciples à travers Jésus.
La philosophie a contesté la réalité et la possibilité même de tels phénomènes. Ce refus d'une Révélation en philosophie peut-il se discuter ?
Sans doute, à condition d'élaborer une réflexion sur ces phénomènes qui reconnaisse toutes leurs dimensions possibles. Jusqu'à envisager "un phénomène absolument saturé" se manifestant à ceux qui consentent à le recevoir.
Dans ce cycle d'interventions, Robin Chaudron présente les théories de l'anarchisme de marché américain de gauche, déroutantes au premier abord.
En effet, alors que le marché libre est associé au développement du capitalisme, les anarchistes de marché abordent ce dernier comme étant potentiellement anticapitaliste. Le marché n'a jamais été libre sous le capitalisme. L'enjeu pour ces théoriciens anarchistes étant alors de libérer le marché... du capitalisme !
Pour soutenir cette thèse originale, Robin Chaudron revient d'abord sur les fondements de l'anarchisme de marché, en passant par une relecture des économistes classiques. En découle une étude critique de la théorie objectiviste de la valeur, à laquelle répond une réévaluation de la théorie subjective de la valeur.
Après avoir présenté les principaux penseurs de la péninsule italienne entre le XIIIe et le XVe siècle, Denis Collin revient dans cette deuxième saison consacrée aux Lumières d'Italie sur les intellectuels et mouvements d'idées de l'époque moderne et contemporaine.
L'occasion de revenir sur la trajectoire et l'oeuvre de Giambattista Vico, Cesare Beccaria, Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca et Benedetto Croce, on encore sur la réception si particulière du marxisme en Italie.