L'animateur Jean Carette accueille Céline Lafontaine, professeure et sociologue à l’Université de Montréal, et Thérèse Miron, journaliste et théologienne.
Il est question d’un sujet important et d'actualité : l'avènement du corps-marchandise.
Au-delà de l'hyper-sexualisation et de la prostitution, la discussion gravite autour des concepts de la vente et l'exploitation du corps, des tentatives de breveter du vivant et des conséquences éthiques de cette nouvelle forme de marchandisation du corps.
Une émission captivante.
L'essai que présente Michael Sandel est le résultat d'une enquête menée pendant une quinzaine d'années à partir de la lecture de coupures de presse et d'articles de journaux aux Etats-Unis à propos du rôle de l'argent dans la société, des travers de la marchandition à outrance, et la perte des valeurs qu'elle entraîne dans notre société.
Nous savons bien que l'argent ne saurait tout acheter. Et pourtant, la marchandisation des biens et des valeurs progresse sans cesse.
Mais c'est en Amérique que cela se passe, pensons-nous. Là-bas, les écoles en sont à payer les enfants s'ils ont de bonnes notes ; les entreprises paient les travailleurs qui font des efforts pour améliorer leur santé... Serions-nous à l'abri de ces dérives ici ?
Emission "La Suite dans les idées", animée par Sylvain Bourmeau.
Ces émissions constituent une très bonne introduction aux grandes problèmatiques politiques. Politique est ici à prendre au sens où l'entendaient les anciencs, soit l'art d'accorder l'individu (l'un) et la communauté (le multiple).
L'approche thèmatique nous montre comment l'aspect politique des problèmes auxquels nous sommes confrontés est aujourd'hui réduit à la portion congrue. Mais pouvons-nous espérer résoudre les grandes questions de notre temps sans agir politiquement ?
En parcourant les connexions entre business de la stérilité, trafic de fœtus et d'organes, réseaux mafieux pour recruter des "femmes gisements" dans le monde entier, le travail présenté par les deux conférenciers prend résolument le contre-pied des lobbyistes qui veulent imposer à la France des lois permettant le trafic de femmes "valise" et d'enfants programmés pour être abandonnés, achetés et plus tard revendus.
Dans chaque pays, une forte résistance s'exprime, basée sur la morale naturelle et les traditions religieuses. Les catholiques sont en pointe, mais ils ne sont pas seuls, les féministes aussi se dressent désormais contre les supercheries estampillées LGBT, sans parler de l'insurrection du bon sens, la chose la mieux partagée du monde, selon Descartes.
Car cette pratique est bien un néo-esclavagisme inadmissible. Reconnaître le fait accompli c'est entériner la fraude : il s'agit ni plus ni moins que de valider un crime inédit contre l'humanité, qui en entraîne d'autres, et qui mène l’humanité à sa perte.
De fait, ce sont les instances internationales qui ont entrepris de piétiner les sentiments de l'honneur et de la dignité dans chaque peuple en imposant l'imposture du "mariage pour tous", qui a en fait pour objectif principal d'ouvrir à quelques-uns le marché de la reproduction artificielle, supposant à terme que nous ne puissions plus du tout nous reproduire naturellement, comme du bétail d'élevage.
Il ne tient qu'à nous de bloquer les docteurs Frankenstein qui prétendent nous soumettre à leur délire de toute puissance...
En tant qu’il est la soumission du travail vivant au travail mort, le capital est éminemment mortifère. Marx le dit : il détruit les deux sources de la richesse, la terre et le travail. Le seul horizon qu’il laisse est celui d’une planète dévastée par la voracité du capital qui ne connaît pas d’autre loi que l’accumulation pour l’accumulation et, en même temps, il annonce l’obsolescence de l’homme – ce que nous disent à leur manière tous ceux qui nous invitent à entrer dans le "post-humain".
C'est en se plaçant de ce point vue fondamental, celui de la structure de la société contemporaine, que l'on peut tenter de répondre aux querelles actuelles sur le travail et la prétendue fin du travail.
Le temps de l’humanisme semble fini. Les nouvelles figures de notre époque postmoderne -le technologisme, l’écologisme et le fondamentalisme religieux- tendent toutes à vouloir quitter l’humain pour aller vers le cyborg, le bonobo ou un divin désincarné.
C’est la première de ces figures qui nous intéresse ici, parce qu’elle est vraiment neuve, et qu’elle commande les deux autres.
Et voici la question qu’elle nous pose : alors que nos machines ne cessent de devenir plus performantes, peut-on en rester à ce corps issu de la naissance, et qui est le même depuis le paléolithique ? Le corps humain n’est-il pas désormais obsolète ? Ne faudrait-il pas l’ "augmenter", le "googleliser", pour l’adapter à son nouvel environnement ?
Comprendre le sens profond de notre histoire et s'approprier la critique radicale de l'ordre marchand aliénant requiert un effort : celui de se plonger dans le récit des expériences des mouvements radicaux en recherche d'émancipation et dans les textes de ses principaux témoins et théoriciens (présocratiques, Hegel, Marx).
Alors que le spectacle de la marchandise nous pousse au narcissisme, à l'inculture et au zapping, comment pouvons-nous nous approprier ce savoir critique et plus encore, le transmettre autour de nous ?
Michael Sandel, au travers de nombreux exemples, entend nous montrer comment les marchés sont devenus une composante omniprésente de notre vie : qu'il soit question des voies rapides payantes des autoroutes, des marchés noirs chinois de tickets de rendez-vous médicaux, des reventes à la sauvette de billets de concert, d'achats de bébés, de rachats par des spéculateurs d'assurances sur la vie prises par les malades atteints du SIDA... il est évident qu'une seule et même tendance est à l'œuvre.
S'opposant aux économistes pour qui l'argent ne serait qu'un instrument de transaction moralement neutre et aussi avantageux pour le vendeur que pour l'acheteur, Sandel prouve qu'il affecte au contraire, et parfois corrompt, tout ce qu'il touche.
Si le marché n'est pas un mal en soi, la marchandisation effrénée de certains biens auparavant non soumis à ses lois est d'autant plus dommageable que nous nous abstenons le plus souvent de nous demander quelles valeurs devraient être sauvegardées et pourquoi : s'il est acceptable ou non que des élèves soient rémunérés pour apprendre à lire, que les pays riches puissent acheter les "droits de pollution" des pays pauvres, que des chasses payantes au rhinocéros noir ou au morse soient organisées pour préserver ces espèces de l'extinction, etc.
Emission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.