Michel Drac, analyste politique et prospectiviste bien connu, s'emploie ici à comprendre les grands enjeux économiques contemporains.
Pour se faire, il étudie en profondeur les institutions, les structures et les différentes théories qui prétendent rendre compte de cette réalité dynamique avec plusieurs notes de lecture sur des ouvrages consacrés à ces questions.
Depuis cent ans, c’est-à-dire depuis Max Weber et son livre majeur, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, on a tendance à voir le capitalisme comme ascétique, rigoriste, autoritaire, puritain et patriarcal. Or, la compréhension de ce régime qui gouverne aujourd’hui le monde entier peut être remise en question via la lecture du médecin, philosophe et écrivain néerlandais Bernard de Mandeville (1670-1733), et notamment de sa Fable des Abeilles, intitulée à l’origine La Ruche mécontente ou les Coquins devenus honnêtes, publiée en 1714, puis 1723.
C'est ce que nous démontre le philosophe et professeur en sciences de l’éducation Dany-Robert Dufour, dont le travail consiste précisement à définir une anthropologie critique du libéralisme.
Après avoir étudié la déconstruction de la société (néo)libérale, il entreprend désormais un travail constructif, à la recherche des nouveaux axiomes possibles pour une véritable politique de civilisation.
Un entretien mené par Reda Benkirane.
Deux siècles après la naissance de Marx, le capitalisme semble partout avoir eu raison du marxisme. Et pourtant la critique du capitalisme est partout ravivée par la crise écologique, l'explosion des inégalités et la maltraitance des travailleurs.
Cette contradiction n'est qu'une apparence, car la pensée de Marx n'a rien à voir avec la vulgate étatiste et productiviste des partis communistes défaits par l'histoire. Denis Collin tord le cou à bien des idées reçues et nous restitue l'œuvre authentique de Marx, le philosophe humaniste, penseur de l'émancipation des individus et de la démocratie réelle. Il nous donne à voir les dimensions philosophiques, économiques et politiques de l'œuvre de Marx et nous montre comment elle reste un outil précieux pour penser le présent.
En résumé, nous n'avons pas moins mais plus de raisons que Marx de penser que le mode de production capitaliste est historiquement condamné. À quoi cédera-t-il la place ? Le pire reste possible. Mais précisément, avec Marx, nous devons nous rappeler que les hommes font eux-mêmes leur propre histoire.
La pensée socialiste a-t-elle encore une pertinence en 2018 ? Le philosophe Jean-Claude Michéa et ses nombreux lecteurs pensent qu’elle est, plus que jamais, d’actualité.
Seulement, l’état de notre monde et les rapports économiques qui s’y jouent ne sont pas ceux qu’avaient connu et analysé Karl Marx et les penseurs socialistes des XIXe et XXe siècles. Si la notion de lutte des classes garde pour Michéa toute sa pertinence, elle doit être reconfigurée pour correspondre aux nouvelles fractures sociales. Là où Marx parlait de progrès, Michéa parle de décroissance et du rôle des limites. Là où Marx pensait en terme de socialisme scientifique, Michéa s’appuie sur une décence commune d’inspiration libertaire.
Marx n’a connu ni les conséquences du fordisme, ni la tertiarisation à marche forcée, ni le recentrage du capitalisme sur la consommation, ni l’ubérisation des services, ni la dématérialisation de l’économie… À l’heure du libre échange mondialisé, de la libre circulation, de l’épuisement des ressources et du taux de chômage incompressible, la pensée néo-socialiste est amenée à se substituer aux leçons du Capital.
Le socialisme de Michéa : actualisation ou dépassement du marxisme ? C’est ce à quoi nous sommes invités à réfléchir ensemble.
La Chine est entrée dans les temps modernes, au XIXe siècle, avec un mode de production inapte à assurer sa modernisation. La dynastie Qing en a fait l’expérience et le républicain Sun Yatsen n'a pas réussi à le dépasser. Seule la révolution communiste a débarassé ce pays de ses structures anciennes. Depuis lors, son économie a suivi de nouvelles trajectoires.
Jean-Claude Delaunay nous décrit les trajectoires réelles contemporaines de la Chine (démographiques, agricoles, industrielles, commerciales) et porte une attention particulière aux transformations subies par les idées et théories motrices de l'ensemble, à savoir le marxisme.
Théologien associé à la Radical Orthodoxy, mouvement lancé par John Milbank et qui entend réconcilier la pensée chrétienne classique avec ce qu’il reste de la philosophie moderne, William Cavanaugh est très connu en France où son oeuvre a été très bien accueillie.
Dans le cours de cet échange, il revient notamment sur le contenu de ses livres Migrations du sacré, Le mythe de la violence religieuse et Torture et eucharistie.
Opposition du séculier et du religieux, mythe de la religion intrinsèquement violente, réévaluation historique de l'émergence de l'Etat sur dans la modernité, critique du libéralisme comme idéologie politique axiologiquement neutre, tyrannie de la société de consommation, l'eucharistie et la question du corps à l'heure de la mondialisation : autant de sujets que le théologien américain traite en profondeur pour nous rappeler la puissance du message de l'Eglise du Christ.
Refus de la transmission, culte du désir, mort de la figure du Père : Mai 68 annonçait tous les maux qui gangrènent la société d’aujourd'hui. Reste à comprendre comment des cris de révolte sont devenus des diktats.
Patrick Buisson, historien, journaliste et conseiller spécial du président de la République Nicolas Sarkozy de 2008 à 2012, nous révèle les causes et les conséquences de cet évènement singulier de l'histoire de France, véritable ruse de l'histoire qui vit une poignée d'étudiants combattre l'ordre bourgeois alors qu'ils ne faisaient que lui offrir une seconde jeunesse en opérant la convergence entre une révolte individualiste et les besoins économiques et sociaux du nouveau "capitalisme de la séduction"...
Une conférence organisée par "Les rencontres du 41".