La famille est une institution fragile dont le droit a en quelque sorte la garde. Cela tient à ce qu'il intervient traditionnellement, avec le testament et avec le partage, en matière successorale, et, avec le contrat de mariage, en matière matrimoniale. Or, mariage et succession sont comme les clefs de la famille. Ce n'est pas que les questions de filiation, de nom et de bien de famille, de tutelle, d'obligation alimentaire, de secours ou de devoirs envers les parents (vivants et morts) soient négligeables : elles participent de la même institution ; mais elles découlent toutes, en définitive, du mariage et de la succession.
Aujourd'hui plus personne ne peut ignorer que l'institution de la famille fasse l'objet des attentions les plus contradictoires. Maître Damien Viguier fait avec nous la généalogie de cette crise de la famille en remontant, par l'histoire, aux sources anthropologiques de l'institution familiale, cellule de base de la société.
Alors que le catholique traditionnaliste Alain Pascal entend démontrer l'importance de la gnose musulmane issue de la cabale, le musulman sunnite Youssef Hindi défend un Islam "vierge" de toute influence délétère.
Une débat contradictoire et passionnant au coeur de l'histoire des religions révélant des implications nombreuses pour nous qui vivons dans des sociétés multiculturelles dévorées par le modernisme.
Depuis une trentaine d'années, Pierre Manent creuse un sillon aussi original que discret dans le paysage intellectuel français. Cette conversation veut restituer ses principales conclusions dans le domaine de la philosophie politique, fruit d'une démarche personnelle : la lecture inlassable des grands auteurs, la conviction qu'une science politique demeure possible à l'ère du relativisme, un certain "regard politique", enfin, qui rend intelligible le monde contemporain.
Cet échange avec Alain Finkielkraut est une vivante introduction au travail de Pierre Manent, nous rappelant continuellement son ambition de chercheur : "Toute notre histoire, se déployant à partir de notre nature politique, voilà ce que je voudrais donner à voir et à comprendre".
Depuis cent ans, c’est-à-dire depuis Max Weber et son livre majeur, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, on a tendance à voir le capitalisme comme ascétique, rigoriste, autoritaire, puritain et patriarcal. Or, la compréhension de ce régime qui gouverne aujourd’hui le monde entier peut être remise en question via la lecture du médecin, philosophe et écrivain néerlandais Bernard de Mandeville (1670-1733), et notamment de sa Fable des Abeilles, intitulée à l’origine La Ruche mécontente ou les Coquins devenus honnêtes, publiée en 1714, puis 1723.
C'est ce que nous démontre le philosophe et professeur en sciences de l’éducation Dany-Robert Dufour, dont le travail consiste précisement à définir une anthropologie critique du libéralisme.
Après avoir étudié la déconstruction de la société (néo)libérale, il entreprend désormais un travail constructif, à la recherche des nouveaux axiomes possibles pour une véritable politique de civilisation.
Un entretien mené par Reda Benkirane.
En grand érudit, Bruno Gollnisch nous retrace l'histoire des contacts entre l'Europe, la Chine et le Japon, depuis le XVIIe siècle.
Qu'il s'agisse de commerce, de religion, de techniques ou même du droit, l'influence occidentale fut tantôt bien accueillie voire recherchée, tantôt combattue.
On verra sur de nombreux exemples combien les différences de cultures rendaient difficile la compréhension mutuelle mais comment le pragmatisme asiatique a finalement permis à ces peuples de sortir de l'isolement à leur profit.
La conclusion sera laissée à Lou Tseng-Tsiang, cet homme d'État chinois converti au catholicisme qui devint Dom Pierre-Célestin, moine bénédictin en Belgique.
Une discussion qui tourne autour des questions de la modernité, de l'Imaginaire, du Capitalisme hybride et du Maghreb contemporain.
- 0:00:27 : présentation de Rachid Achachi
- 0:02:27 : Marx contre les économistes
- 0:09:48 : le sujet humain dans la modernité
- 0:12:30 : modernité et archaïsme
- 0:24:16 : développement du capital au Maghreb
- 0:37:00 : les phénomènes religieux
- 0:42:26 : lutte des classes
- 0:43:35 : imaginaire
- 0:48:17 : temporalités ouvertes et fermées
- 0:52:37 : vivre au Maghreb aujourd'hui
- 1:21:24 : à propos de l'hygiène
Il n’existe pas plus d' "Occident" unitaire que d' "Orient" homogène. Même la notion d' "Occident chrétien" a perdu toute signification depuis que l'Europe a majoritairement versé dans l'indifférentisme et que la religion y est devenue une affaire privée. L'Europe et l'Occident se sont totalement disjoints. Ne se rapportant plus à aucune aire géographique ni même culturelle particulière, le mot "Occident" devrait en fait être oublié. Parlons donc plutôt de l'Europe !
L'Europe paraît aujourd’hui en déclin sur tous les plans. L'Europe n’est pas seulement l' "homme malade de la planète économique" (Marcel Gauchet). Elle connaît une crise sans précédent de l'intelligence et de la volonté politique. Elle aspire à sortir de l'histoire, portée par l'idée que l'état présent des choses est appelé à se maintenir indéfiniment, qu'il n'en est pas d'autre possible, et surtout qu'il n’en est pas de meilleur.
Quand une culture s'achève, une autre peut toujours la remplacer. L'Europe a déjà été le lieu de plusieurs cultures, il n'y a pas de raison qu'elle ne puisse pas être encore le foyer d'une culture nouvelle, dont il s'agit alors de déceler les signes avant-coureurs. Cette nouvelle culture fera suite à la précédente, mais n'en sera pas le prolongement. Plutôt que de verser dans des lamentations inutiles, il vaut mieux avoir le regard assez aigu pour voir où – dans quelles marges – croît ce qui permet de garder espoir...
Faire de l’entreprise le cœur des sociétés : ce projet, claironné par M. Emmanuel Macron, est d’ordinaire identifié au néolibéralisme contemporain. Il marque en réalité l’aboutissement d’une longue histoire. Celle de la rationalisation du travail et du temps, qui commence dans les monastères au XIIIe siècle. Celle aussi de l’édification d’une croyance commune dans le salut par le progrès industriel.
Et c'est ce que nous raconte Pierre Musso, professeur à l'Université de Rennes et auteur du récent La Religion industrielle.
Une conférence prononcée dans le cadre de la journée "Tout le monde déteste le Travail".