Fque nous lui avons demandé d’évoquer la politique du gouvernement Meloni vis-à-vis de l’Union européenne.
A ses débuts, Giorgia Meloni a promis d'engager une épreuve de force avec Bruxelles et surtout avec la Banque centrale européenne. La dirigeante d'extrême droite s'est opposée à la révision du Mécanisme européen de stabilité, en espérant contraindre ses partenaires à adoucir le Pacte de stabilité qui est en préparation.
Frédéric Farah, fin connaisseur de l'Italie, explique pourquoi et comment le gouvernement Meloni a perdu son pari, révélant sa véritable nature : sa soumission à l'orthodoxie néolibérale et sa politique anti-sociale qui font de Giorgia Meloni une thatchérienne d'extrême droite.
Questions:
- 0'53'27 : Pari perdu sur l'immigration
- 1'03'29 : Un "thatcherisme de gauche" ?
- 1'06'53 : Quid des mouvements comme le M5S ou le PRC ?
- 1'11'01 : Mémoire italienne des memorandums en Grèce
- 1'16'40 : Acronymes obscurs et cas concret des politiques de l'UE.
- 1'20'36 : Rôle de S. Mattarella
- 1'27'20 : Possibilité en Italie d'une crise à la "Gilets Jaunes" ?
- 1'29'47 : Séparation de l'Italie entre Nord et Sud
Formule rebattue, "l'alliance du trône et de l'autel" suggère une unité de vue entre la monarchie capétienne et la papauté qui a rarement existé dans l'ordre temporel. A partir du XIVe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe, les conflits entre Paris et le Vatican amènent les Français à publier un ensemble de doctrines "gallicanes" qui inspirent diversement l'Etat royal, l'Église de France et le Parlement de Paris.
Théologien et professeur de philosophie, Bernard Bourdin revient sur la longue genèse qui conduit à la séparation des Eglises et de l'Etat en se demandant si le "gallicanisme" est bien une singularité française. En effet, le conflit de souveraineté entre l'Etat et la puissance catholique romaine traverse bon bombre d'espaces politiques en Europe au seuil de la modernité. On le retrouve par exemple en Angleterre, où il produit le schisme anglican, en Autriche et en Espagne.
Retour sur les enjeux théologiques, philosophiques et politiques d'un conflit qui marque encore le régime concordataire qui régit les questions religieuses tout au long du XIXe siècle français.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'01'51 : Origine du gallicanisme
- 0'06'23 : Cas de l'attentat d'Anagni
- 0'12'04 : Les principes du gallicanisme
- 0'19'24 : Guerres de Religions : les Assemblées du clergé.
- 0'27'27 : Louis XIV : la révocation de l'Edit de Nantes et sa volonté de diriger l'Eglise de France
- 0'36'31 : Bossuete et les Quatre articles et l'affaire de la Régale
- 0'42'49 : Le cas britannique : crise entre le calvinisme et la sacralité des autorités politiques
- 1'01'15 : Le gallicanisme sous la Révolution française : la constitution civile du clergé
- 1'10'42 : Quid de la foi dans le gallicanisme ?
Maître de conférences en droit public, Benjamin Morel vient de publier aux éditions du Cerf un ouvrage appelé à nourrir un vaste débat : La France en miettes : régionalismes, l'autre séparatisme.
A côté du séparatisme islamiste, il existe dans plusieurs régions des mouvements qui militent pour obtenir l'indépendance en invoquant une identité ethnique et linguistique. Pour comprendre l'ethno-régionalisme, il faut remonter à ses sources contre-révolutionnaires, à un maurrassisme mal compris et au régionalisme vichyste, avant le tournant racialiste qui prétend fonder l’identité sur la génétique.
C'est le démembrement de la nation française qui est visé par des mouvements qui invoquent la diversité régionale mais la nient par la recomposition des langues locales et l'imposition du critère ethnique.
Publié entre 1994 et 2000, le C'était de Gaulle d'Alain Peyrefitte a été un grand succès de librairie et reste une source de référence majeure. Ces notes, prises par le jeune ministre au fil des ans, des scènes et des entretiens dont il fut l'acteur ou le témoin, ont laissé une empreinte profonde depuis leur publication. Que l'on soit historien ou simple lecteur, la tentation est grande, désormais, de voir le Général sous ces seuls traits, saisi parfois dans l'intimité de ses pensées.
A propos de cette œuvre, on a même invoqué parfois Joinville, ou Saint-Simon… On fait aussi parfois le parallèle avec le Mémorial de Sainte-Hélène. Il paraît plus suggestif. Alain Peyrefitte a-t-il été le Las Cases de Napoléon – de Gaulle ? Quelle est la portée historique véritable de cet ouvrage, qui revendique la plus grande authenticité ? Quelle est la part de la légende dans le portrait qui se dégage de ce "de Gaulle au jour le jour" ? Comment ces textes ont-ils été réunis pour être portés au public ? Ne sommes-nous pas tous prisonniers de ce de Gaulle-là, notre vision n'est-elle pas exagérément filtrée, ou tamisée par cette multitude de petits mots, de petits faits et de petits traits qui séduisent par leur ton mais qui, mis ensemble, ne restituent pas nécessairement la vérité de l'homme ?
Si l'œuvre d'Alain Peyrefitte a beaucoup contribué à la "gaullomania", elle a aussi participé à une vaste entreprise d'oblitération. Ce que Peyrefitte a incontestablement saisi, et restitué, c'est une certaine tournure d'esprit du Général, son art des formules à l'emporte-pièces. Mais ce qu'il a peut-être relégué parfois au second plan, c'est la vigueur, la fermeté, la continuité dans le dessein et dans la pensée. Parfois seulement : car l'auteur du Mal français, retrouvant ses notes des années héroïques, semble parfois surpris lui-même de la puissance de certaines lignes de force qui contredisent obstinément sa propre vision de la modernité.
Peyrefitte a dressé pour le Général un séduisant tombeau. A l'image du Mémorial ? Permettant au grand homme de continuer à "régner après sa mort" ? Mais contrairement à l'empereur, il ne s'agit pas de réhabiliter un proscrit ou d'édifier une légende. L'héritage de De Gaulle est vivant, inscrit dans la substance même de la Vème République.
Stratégiste et historien, Benoist Bihan a récemment publié aux éditions Perrin ses Entretiens sur l'art opératif avec l'historien Jean Lopez concernant l'œuvre d'un général russe trop peu connu en France : Alexandre Svietchine. Tardivement mis en œuvre par les Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, l'art opératif reste mal compris aujourd'hui dans les grands états-majors qui doivent se préparer à conduire la guerre.
Tout en expliquant les idées maîtresses d'Alexandre Svietchine, Benoist Bihan relit maintes pages d'histoire militaire et nous permet de comprendre ce que fut, et ce que pourrait être, l'art de la guerre.
Le 12 janvier 2023, Le Figaro publiait un entretien accordé par Emmanuel Todd sous un titre alarmant : La troisième guerre mondiale a commencé. Les grands médias français ne firent pas écho aux thèses exprimées au cours de l'entretien, dont le texte fut pourtant repris et commenté dans le monde entier.
Sur les enjeux de la guerre en Ukraine, il était indispensable d'organiser un débat sans apriori ni passion. Economiste, spécialiste l'économie russe et des questions stratégiques, Jacques Sapir a accepté de confronter ses analyses à celles d'Emmanuel Todd, démographe et géopoliticien. La discussion porte sur les motifs de l'intervention russe en Ukraine, sur la situation militaire après un an de guerre et les issues qui peuvent être aujourd'hui envisagées.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'01'52 : Jacques Sapir commente la tribune d'Emmanuel Todd
- 0'19'51 : Réponse d'Emmanuel Todd
- 0'47'48 : 3 scénarii de fin de conflit
- 1'21'17 : Vision historique et anthropolique de la situation en Ukraine
- 1'35'22 : Et la France dans tout ça ?
- 1'46'52 : Questions du public
Publié en 1993, le Voyage au centre du malaise français fit scandale par son analyse critique de SOS Racisme et de "l'immigrationnisme". L'auteur du livre, Paul Yonnet, avait pourtant mené une enquête sociologique rigoureuse, loin des polémiques politiciennes, et pointé les problèmes soulevés par l'apologie du "droit à la différence" au détriment de l'universalisme républicain et de la pratique française de l'assimilation.
Réédité en 2022 avec une préface de Marcel Gauchet, le livre de Paul Yonnet frappe par sa lucidité. Les slogans lancés par SOS Racisme ont produit une idéologie antiraciste qui procède d'un préjugé racialiste et le climat de libération intellectuelle des années quatre vingt a été remplacé par de nouvelles formes d'intolérance et de censure.
La planification dite indicative revient sur le devant de la scène. C'est le résultat de l'épidémie de la Covid-19, mais elle s'impose aussi avec la nécessité d'une transition énergétique qui va modifier en profondeur nos économies. On constate qu'il n'est plus temps de s'en remettre au marché pour affronter les diverses incertitudes, qu'elles soient pandémiques ou climatiques.
Jacques Sapir en retrace donc l'origine, dans le fracas et les souffrances de la 1ère Guerre Mondiale. Il en suit le développement en France, mais aussi en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il en retrace l'épanouissement dans des pays aussi différents que l'Inde, le Japon, ou la France de l'après-guerre.
La planification fut un outil de développement mais aussi de souveraineté. Jacques Sapir en rappelle les incontestables succès, mais aussi les crises qui conduisirent, dans les années 1990, à son abandon.
Il s'interroge enfin sur ce qui, de nos jours, la rend à nouveau nécessaire et possible, tout comme sur sa délicate articulation avec l'Union européenne.