Le fait qui s'impose à tous au XXIè siècle est l'ère Anthropocène comme menace fondamentale contre la vie et l'humanité – cette menace consistant avant tout en une augmentation dans la biosphère des taux d'entropie thermodynamique, d'entropie biologique et d'entropie informationnelle.
Les différentes interventions s'attachent aux questions des rapports entre ce qui est en fait et ce qui est en droit, la différence entre les deux, qu'il faut faire, fondant aussi bien le champ scientifique que le champ juridique. Il est aussi tenté de spécifier les conséquences qu'il conviendrait d'en tirer en ce qui concerne l'avenir de l'économie, du travail et des coopérations internationales dans l'ère Anthropocène.
1. Bernard Stiegler - Eléments de réponse à António Guterres et Greta Thunberg
2. Alain Supiot - Entre globalisation et repliements identitaires : quel ordre juridique pour la mondialisation ?
3. Giuseppe Longo - Mécaniques de la nature, ou comment on a désarticulé les écosystèmes. Pistes pour une autre compréhension
4. Ana Soto - La prolétarisation de la pensée biologique
Des contributions qui sont données dans le cadre des "Entretiens du nouveau monde industriel".
L'essayiste québécois Mathieu Bock-Côté et l'historien belge David Engels, établit en Pologne, débattent de la souveraineté, l'identité et la mondialisation à l'heure du coronavirus !
Deux voix discordantes qui nous font profiter de leurs réflexions sur ces questions cruciales.
Un entretien mené par Nicolas Vidal.
Fait massif et incontestable, la mondialisation est bien plus qu'un simple phénomène économique et financier. Elle revêt une dimension politique dans le sens le plus intégrant du terme, et au-delà, une dimension spirituelle. Ce qu'elle met en jeu, ce sont les moeurs, les conceptions de la vie et de l'Homme, l'organisation des sociétés. En un mot, il s'agit d'un phénomène de civilisation, lequel est indissociable dans ses origines de l'universalisme chrétien en tant que celui-ci envisage l'espèce humaine comme un tout.
Mais la mondialisation en constitue comme une sorte de versant matériel et caricatural, une perversion complète. À moins qu'elle ne soit purement et simplement l'expression d'une crise de la civilisation. Prendre sa juste mesure suppose en tout cas d'accepter de questionner les fondements de ce que l'on nomme la modernité, dont elle constitue de fait un aboutissement, une expression paradigmatique à plus d'un titre.
Le sociologue américain Immanuel Wallerstein, directeur du centre Fernand Braudel qui a également été le président de l'Association internationale de sociologie, est notamment connu pour sa production historique qui a repris le concept d'économie-monde proposé par Braudel, tout en cherchant à le libérer de certaines de ses limites. Son apport principal, qui constitue une véritable percée conceptuelle, consiste dans l'introduction d'un nouveau concept, celui de "système-monde".
- 00'00 : qu'a inventé Fernand Braudel ?
- 03'45 : c'est aussi l'inventeur de l'histoire longue ?
- 10'50 : pourquoi le temps long est-il important ?
- 13'30 : pourquoi faire de l'histoire longue aujourd’hui ?
- 18'00 : comment le capitalisme est-il né au XVIème siècle ?
- 21'15 : le capitalisme du XVIème siècle est-il le meme que celui d'aujourd’hui ?
- 26'50 : quels points communs avec notre époque ?
- 32'05 : les écanges de cette mondialisation sont aussi très inégalitaires ?
- 32'30 : mais aussi en Méditérannée ?
- 35'05 : quelles places ont les villes dans ce système monde ?
- 37'40 : quel regard portez vous sur la ville capitaliste moderne ?
- 39'00 : pourquoi accordez vous tant d’importance aux villes-ports ?
- 43'45 : pourquoi avoir fondé le centre Fernand Braudel aux Etats-unis ?
- 45'33 : pour vous aussi, comme disait Fernand Braudel "toute l’histoire relève de la reverie" ?
Qu'est-ce que la civilisation, l'art, la culture ? En quoi ces questions nous éclairent-elles sur ce que nous sommes ou devrions être ? Suspectes de populisme parce qu'elles touchent au tabou de l'identité, elles sont aujourd'hui tenues pour illégitimes. Si on ose, cependant, les affronter, on sera conduit à reconsidérer l'art comme composante principale de la civilisation.
Comment subsisterait-elle alors qu'à l'art s'est substitué le non-art, effet de la mondialisation, qui, comme elle, n'admet aucune friction dans les flux planétaires de marchandises, d'hommes, d'informations ? Sa vacuité (il n'a pas de style) lui interdit toute appartenance à une tradition et son universalisme nihiliste l'enferme dans la négation de toute particularité, rien n'étant plus universel que le néant.
À l'intersection de l'histoire et de la philosophie, Kostas Mavrakis engage le débat avec les champions du libéralisme, de l'islamisme ou du prétendu "art contemporain", en mettant en lumière le lien paradoxal qui les unit.
Dans De L'Esprit des lois, Montesquieu défendait l'idée que la dépendance par le commerce entraîne l'adoucissement des mœurs, et réciproquement. Or, il semble bien que cette promesse a été trahie. Jamais les nations n'ont été aussi interdépendantes économiquement et financièrement, jamais il n'y a eu une globalisation aussi active, notamment sur le plan marchand, et pourtant, dans le même temps, les peuples aspirent de plus en plus à se séparer humainement, à faire sécession. Des tensions surgissent presque partout entre liens économiques et liens humains, entre marchés et démocraties, et d'aucuns veulent même construire des murs de séparation là où il n'y en a jamais eu.
Mais que se passe-t-il donc ? Comment comprendre ce qui a effectivement lieu ? Qu’est-ce qui tourmente le lien entre les parties et le tout ? Les sciences sociales peuvent-elles nous aider, grâce à une sorte de paradoxe, à déchiffrer ce qui nous est souvent présenté sous la forme de tableaux de chiffres ?
Émission "La Conversation scientifique", animée par Etienne Klein.
Qui dirige désormais Cosa Nostra ? Pourquoi les prisons françaises sont-elles devenues des passoires ? Où trouve-t-on la cocaïne la plus pure ? Existe-t-il vraiment un lien entre l'afflux de migrants en Europe et la criminalité ?
Xavier Raufer nous fait part de son travail de ciminologue qui s'intéresse désormais à une activité mondialisée. En utilisant les données les plus récentes, il révèle l'autre face de la mondialisation, où les tueries de masse s'exportent des États-Unis au reste de la planète, et où l'Afghanistan est devenu un immense champ de pavot.
Chiffres à l'appui, il revient ainsi sur les faits divers qui font l'actualité, et sur ceux dont on a étrangement peu parlé. Des crimes sexuels en passant par les nouvelles mafias, de la piraterie maritime aux trafics d'êtres humains, rien n'est laissé sans réponse.
Un travail indispensable qui nous donne les clés pour comprendre les débats publics sur la sécurité internationale.
La mer est l'une des plus belles et plus fortes expériences de l'aventure humaine. Depuis plus de 8000 ans nous retrouvons les indices d'une contribution maritime essentielle qui aura permis les grands sauts civilisationnels.
Malgré cela, les différentes dimensions de la puissance maritime sont faiblement connues, en tout cas sous une forme rassemblée dans un tout global. La vision collective de la puissance maritime s'est ensablée dans un no man's land, quelque part entre la puissance navale, militaire, et entre la projection sur mer d'une vision fantasmée d'une géopolitique terrestre associée au territoire.
Nous sommes empêtrés dans une absence de concept, alors que s'annonce un nouvel âge d'or de l'humanité grâce aux océans. Le travail de Yan Giron a pour but de procéder une relecture du concept de la puissance maritime.