Les multiples facettes de la pensée politique arabe contemporaine depuis le XIXe siècle sont pleinement inscrites dans la richesse d’une culture trop méconnue. Ses acteurs, loin d’être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l’islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique. La marginalisation forcée de cette pensée politique arabe a facilité l’installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes locaux, comme par leurs protecteurs occidentaux.
Un retour à la paix dans cette région tourmentée qu’est le Proche-Orient dépend largement de la reconnaissance de la puissante dynamique de cette pensée, critique et profane, loin de l’image sclérosée qui en est souvent donnée.
Réalisée à partir des archives de l'Élysée et du Parlement européen, l'enquête historique menée par Charles Onana relate la rencontre inédite entre François Mitterrand et Yasser Arafat en 1989, considérée à l'époque comme un acte de trahison par de nombreux membres des communautés juives et par Israël.
Partisan d'une politique étrangère équilibrée entre les pays arabes et l'Etat hébreu, le président Mitterrand résiste aux pressions et exige le respect de la liberté et de la souveraineté de la France.
Pourquoi la volonté du chef de l'Etat français de renouer le dialogue entre les parties en conflit a-t-elle provoqué tant d'hostilité chez les dirigeants israéliens et chez les Juifs de France ? Comment expliquer cette main tendue au chef de l'OLP alors que Mitterrand avait, jusque-là, été un fervent partisan de la cause israélienne ?
Le travail rigoureux de Charles Onana permet de comprendre pourquoi il est si difficile pour un président français de reconnaître l'Etat palestinien et de jouer un rôle décisif en faveur de la paix au Proche Orient.
L'histoire de l'esclavage, généralement limitée à la Rome antique, à la période coloniale et à la traite des Anglais et des Français au XVIIIe siècle, laisse de nombreux pans aveugles, en raison de la rareté des sources et de la culpabilité rétrospective des nations colonisatrices.
Ainsi, du VIIe siècle à la fin du XIXe, s'est mis en place un système de traite musulmane des noirs d'Afrique, par caravanes à travers le Sahara et par mer à partir des comptoirs d'Afrique orientale.
En tenant compte des travaux les plus récents, Jacques Heers retrace le mécanisme de cette traite, ses itinéraires, ses enjeux commerciaux et le rôle des esclaves dans les sociétés arabes.
Impossible de comprendre aujourd’hui les logiques de guerre qui déchirent le Proche et le Moyen-Orient sans faire un sort, au préalable, à la thèse débilitante du "choc des civilisations" et aux slogans de la lutte contre le "terrorisme transnational islamiste".
C’est à cette tâche que s’attelle Georges Corm en analysant d’abord les mécanismes qui ont permis, depuis les années 90, de paralyser les oppositions aux guerres injustes, en dénonçant ensuite sans relâche l’instrumentalisation de prétendues valeurs politico-religieuses tout comme la relation perverse entre les intérêts géo-politiques de certains Etats et leur prétention à défendre dans l’ordre international des idéaux religieux.
En récusant enfin, du côté des pays "occidentaux", l’application scandaleusement sélective du droit international aux situations conflictuelles.
L’accent est ainsi mis non seulement sur la possibilité d’une lecture profane des conflits mais sur la nécessité d’une conception résolument universaliste de la laïcité.
Une conférence conduite par Alain Lhomme et Gérard Engrand.
L'Islam obsède et déconcerte un monde occidental qui le connaît mal, le comprend peu et s'étourdit de termes employés à tort et à travers : "islamisme", "jihadistes", "salafisme", "wahhabisme".
Charles Saint-Prot nous montre en quoi l'Islam orthodoxe, sunnite, se caractérise par une adhésion du plus grand nombre des musulmans à une Tradition qui n'a jamais exclu le réformisme et ne peut être confondue avec un conservatisme rigide ou avec des courants minoritaires caractérisés par leur sectarisme révolutionnaire ou avec le terrorisme.
Il nous décrit l'évolution intellectuelle, sociopolitique et juridique de la pensée musulmane et montre en quoi la Tradition islamique constitue une meilleure réponse aux dérives sectaires extrémistes qu'une occidentalisation qui conduirait à une négation de la civilisation musulmane.
Entre la révolution et l'aliénation, la Tradition vivante est l'expression d'un Islam qui doit faire l'effort de concilier la fidélité au dogme immuable et la prise en compte des évolutions.
Une émission présentée par Patrick Péhèle et Lucien Valdes.
Atatürk demeure l'icône de la Turquie moderne. Nul ne conteste qu'il fut un chef de guerre hors pair et un législateur inspiré. Mais il était aussi un tyran sans scrupules et le persécuteur implacable des minorités religieuses.
Jeune Turc ambitieux, officier d'état-major plein d'allant, preux de l'islam, ardent républicain, politicien madré... Les contradictions ont la vie dure dès qu'il s'agit d'évoquer la figure à multiples facettes du fondateur de la première république laïque en "terre d'islam", personnage énigmatique et paradoxal.
Fabrice Monnier retrace cette vie menée tambour battant, dans le contexte d'un Empire ottoman en faillite où les passions politiques, le jeu cynique des grandes puissances, l'intolérance religieuse et les rivalités ethniques entraînent mouvements de populations, déportations et assassinats de masse.
Une émission essentielle pour comprendre la Turquie d'aujourd'hui.
Depuis la destruction de l’Irak par les Etats-Unis, la nation arabe connait une crise qui menace de déstabiliser toute la région sud-méditerranéenne et n’est pas sans conséquences sur le reste du monde. Le prétendu "printemps arabe" n’a fait qu’aggraver les choses et mis jour les fractures profondes dans plusieurs pays. Jamais le monde arabe n’a été aussi faible, pour le plus grand profit de ses adversaires (Israël, Iran…) ou de ses concurrents (Turquie).
Dans cette situation quelle peut être encore la politique arabe de la France ?
Depuis mi-mars 2015, les combats qui ensanglantaient le Yémen ont redoublé d’intensité. L’OMS vient du publier un rapport chiffrant le nombre de victimes à 500 morts et plus de 1 700 blessés, depuis le 19 mars 2015.
C'est Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan, et au Zimbabwé, qui répondra aux questions du Cercle des Volontaires pour nous aider à comprendre les enjeux de cette guerre complexe qui a démarré en 2011 lors du "Printemps arabe", mais qui s'inscrit dans des permanences historiques fortes. Et de nous rappler que les manigances des puissances régionales et occidentales ne sont jamais bien loin…