Dans un texte intitulé "Être de la bonne taille", le biologiste anglais J.B.S. Haldane a montré qu’il est impossible de dissocier la forme d’un être vivant de sa taille : chaque type de forme vivante, en effet, n’est viable qu’à une certaine échelle. Il est entendu que l’analogie entre sociétés humaines et organismes est à manier avec précaution. Pour autant, l’importance déterminante de la taille pour les organismes devrait nous rendre beaucoup plus attentifs que nous ne le sommes aux questions d’échelle dans l’organisation de nos sociétés.
Selon le penseur austro-américain Leopold Kohr : "À chaque fois que quelque chose ne va pas, quelque chose est trop gros."
Le constat pèche peut-être par sa généralité, mais touche juste quant à la situation présente car, à bien y regarder, la plupart des crises contemporaines (politiques, économiques, écologiques, culturelles) sont liées à des dépassements d’échelle. De ce fait, il paraît plus urgent que jamais de s’interroger sur les causes du dédain affiché par la modernité pour les questions de taille, et sur les moyens d’y remédier, si la chose est possible.
En dialoguant passionnément avec un biologiste, un mathématicien, un psychanalyste et un poète, Cornelius Castoriadis montre sa détermination de "penser tout le pensable".
Reconnaissant que l'homme ne sera jamais maître et possesseur de la nature, il démontre, dans ces entretiens, que le raisonnement philosophique n'est ni dévalué ni affaibli par la démarche scientifique. Pour lui, sciences exactes et sciences cognitives doivent avoir le même objectif : aider les êtres humains à devenir les plus autonomes et les plus créateurs possibles.
Les entretiens sont menés par Katharina von Bülow.
Auteur anarchiste et professeur à la faculté d’éducation de l’UQAM, Normand Baillargeon aborde ici les thèmes développés dans trois de ses livres les plus populaires : "Petit cours d’autodéfense intellectuelle", "L’ordre moins le pouvoir", et la traduction de "Mémoire d’un esclave" de Frederick Douglass.
Il a été question de plusieurs sujets, dont :
- l’influence des médias dans la construction de l’opinion publique;
- des fondements de l’anarchisme;
- de la manipulation par les faits;
- des incompatibilités idéologiques entre anarchie et libertarianisme;
- de la guerre civile espagnole;
- des liens idéologiques entre l’anarchisme et le féminisme.
Qu'est-ce que la science ? Quelles sont les spécificités de cette démarche de connaissance ? Ses liens avec la nature ? Quelles évolutions majeures sont apparues depuis le début du XXe siècle ?
Même si officiellement, la science demeure le socle de nos sociétés dites modernes, elle reste relativement méconnue et est en pratique souvent questionnée, voire critiquée !
Revenant sur les grandes révolutions scientifiques que sont les théories de la mécanique quantique, de la relativité, ou les nouvelles approches en cosmologie, Étienne Klein nous offre une réflexion personnelle et passionnante sur l'histoire des sciences, le progrès, la civilisation et la condition humaine.
En 1988, le prix Nobel est décerné à un Français : Maurice Allais est récompensé pour ses travaux théoriques sur les marchés et l’allocation optimale des ressources. Né en 1911 à Paris, polytechnicien, Maurice Allais est représentatif de la tradition des ingénieurs-économistes qui ont fortement influencé l’économie française, surtout dans les années 60. A la fin de sa vie, il aura milité contre les excès de la mondialisation des échanges.
Convaincu que, comme en physique, l’économie obéit à des règles invariantes dans le temps et dans l’espace, il tentera de construire un modèle d’analyse global. Résolument libéral, disciple de Léon Walras et de Vilfredo Pareto, il est connu pour sa reformulation de la théorie de l’équilibre général.
Il ne dénie pour autant pas toute place à la planification économique : celle-ci peut également être un élément conduisant à une situation d’équilibre et d’efficacité maximale.
Théoricien de très haute volée, Allais aura principalement souffert de ne pas être anglo-saxon. Ses idées, notamment sur la croissance, ont souvent été reprises par d’autres.
Retour sur un géant de l'économie, volontairement écarté de l'histoire des idées économiques.
Paul Jorion vient présenter un travail ambitieux qui se veut une contribution à l'anthropologie des savoirs.
Quel est le lien entre réalité et vérité ? Comment l'un dépend-t-il de l'autre ? Comment l'un entraîne-t-il nécessairement l'autre ?
L'anthropologue qu'est Paul Jorion met ainsi en lumière une confusion qui eut lieu entre ces deux concepts en montrant comment celle-ci donna naissance à la science contemporaine. Et c'est pourquoi sont interrogés, tout au long de cette conférence, les périodes de la Grèce du IV siècle av. JC et de l'Europe du XVIème siècle, et les domaines de la philosophie, de l'astronomie ou des mathématiques.
Fondée dans les années 70 par le mathématicien René Thom, la théorie des catastrophes devient rapidement, malgré l’engouement qu’elle suscite, sujet de controverse et de critique. Visant à décrire les phénomènes discontinus à l'aide de modèles mathématiques continus, elle se définit comme un langage mathématique, un outil d’intelligibilité du monde mais son manque de rigueur et sa nature qualitative laissent sceptique positivistes et mathématiciens purs.
Bien que ces critiques n’aient que partiellement entamé son expansion puisque ses domaines d’application s’étendent au fil du temps de la biologie aux disciplines de sciences humaines telles que l’éthologie et la psychologie (théorie de Harry Blum), elles sont à l’origine du désintérêt des chercheurs pour ce langage mathématique apte selon Luc Gootjes à relever de nouveaux défis scientifiques.