Instigateur au XVIIe siècle de la modernité politique, le philosophe Thomas Hobbes fut le premier à dévoiler le lien indissoluble entre souveraineté populaire et pouvoir d'Etat. Son credo épistémologique était : "La raison est le pas, le progrès de la science la route, et l'avantage du genre humain le but".
Autant admirées que violemment combattues, ses oeuvres politiques finirent parfois au bûcher par suspicion de propager l'athéisme. Aujourd'hui encore, les idées reçues sur l'auteur du Léviathan sont nombreuses et son matérialisme fragmenté et dénaturé.
Lilian Truchon restitue d'une façon totalement inédite la cohérence de la pensée de ce philosophe, articulée en trois temps comme elle fut conçue à l'origine : le corps, l'homme et le citoyen. Hobbes reste d'actualité non seulement pour penser de façon réaliste le rôle de l'Etat mais aussi pour comprendre le passage dialectique entre le naturel et l'artificiel, entre la nature et la civilisation, sans faire appel à une métaphysique de la rupture et des commencements absolus.
C'est aussi l'occasion de proposer une juste évaluation du "matérialisme mécaniste" à l'âge classique, de repenser les rapports classiques entre liberté et nécessité, et enfin de présenter, sans la mutiler comme c'est souvent le cas, la théorie de l'Etat chez Marx et Engels, les deux penseurs majeurs qui ont envisagé en matérialistes le rôle de l'institution étatique à la suite de Hobbes.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
La question du "réalisme" souffre de l'indétermination dans laquelle on y laisse la notion même de "réel". Car le réel ne se résume pas à l'objet, et la chose demande précisément qu'on l'émancipe de sa constitution comme un objet pour un ego constituant.
Cette opération, négligée par la plupart des "réalistes" contemporains impose non seulement la décontraction de l'objectité de la metaphysica moderne, mais aussi la réduction au donné.
Un exposé dans le cadre des "Lundis de la Philosophie".
Une interprétation expéditive du darwinisme a fait trop souvent de la "survie du plus apte" l'argument des manifestations ordinaires de la loi du plus fort : élitisme social, domination de race, de classe ou de sexe, esclavagisme, élimination des faibles.
Le spécialiste de l'oeuvre de Darwin Patrick Tort nous montre qu'en réalité la civilisation, née de la sélection naturelle des instincts sociaux et de l'intelligence, promeut au contraire la protection des faibles à travers l'émergence – elle-même sélectionnée – des sentiments affectifs, du droit et de la morale.
Une contribution pour en finir avec la tentation toujours présente d'utiliser Darwin pour justifier l'injustifiable.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Raphaël Enthoven.
À chaque expulsion des juifs d'un royaume d'Europe, un grand nombre optait pour la conversion, et, même s'ils "judaïsaient" pendant une ou deux générations, ils finissaient par s’intégrer dans la chrétienté. Mais la conversion forcée, sans autre alternative que la mort, d'une centaine de milliers de juifs portugais (la plupart exilés d'Espagne) en 1496 transforma le phénomène en raz-de-marée civilisationnel. La dispersion de ces crypto-juifs animés d'un ressentiment profond et durable contre l'Église catholique, et d'une conscience raciale exacerbée, eut un impact majeur sur l'évolution économique, culturelle et religieuse de l'Europe, du Proche-Orient et des Amériques.
Le milieu marrane fut aussi le creuset du sionisme moderne. Depuis le 17e siècle, les sionistes travaillent l'histoire dans les profondeurs, par infiltration des cercles de pouvoir. Le néoconservatisme, avec son patriotisme de façade, est une forme moderne de crypto-sionisme. Car en dernière analyse, le crypto-judaïsme est bibliquement fondé sur le modèle de Jacob, vêtu "des plus beaux habits d'Ésaü" et disant à son père aveugle : "Je suis Ésaü, ton premier-né" (Genèse 27,15-19).
On connaît mal encore les théories et les textes de Darwin sur l'évolution biologique et humaine. Trop souvent, on accuse le savant britannique d'être responsable des dérives inégalitaires - eugénistes, racistes ou néo-malthusiennes - du principe de sélection naturelle.
Patrick Tort revient sur la vie, l'oeuvre et la pensée de Charles Darwin, son voyage, ses combats et les textes essentiels que sont, en particulier, L'Origine des espèces et La Filiation de l'homme. Il retrace l'élaboration des conceptions darwiniennes modernes et explique, pour terminer, les conséquences scientifiques et idéologiques de la théorie sélective..
Émission "La vie est un roman", animée par Yves Tenret.
L'hypertélie est le développement d'une partie anatomique au-delà de son niveau optimal d'utilité : ramures géantes de cervidés, canines hypertrophiées des "tigres aux dents de sabre", défenses croisées des mammouths, etc. Ces structures, en grandissant au-delà de leur fonction initiale, seraient devenues nuisibles à leurs détenteurs et tendanciellement fatale à la survie de l'espèce.
Contre de trop rapides conclusions sur le caractère "non darwinien" du concept d'hyper-télie, Patrick Tort démontre son origine darwinienne. Il en tire un instrument pour penser la naissance bio-éthologique du symbolique et pour modéliser les conséquences du dogme d'une croissance sans limite propre au capitalisme.
C'est peu avant la révolution de 1848 que Karl Marx, en rapport étroit avec la fermentation révolutionnaire de l'Europe d'alors, produisit les grandes lignes de ce vaste ensemble théorique qui devait ensuite porter le nom de marxisme. Ce corps de doctrine, inachevé, fut ensuite disséminé dans les interprétations diverses et variées qui en fut faites.
Jean-Michel Dufays, après nous avoir exposé la "conception du monde" développée par Marx dans son oeuvre, revient sur son héritage politique -parfois surprenant- qui aura marqué l'histoire du monde au XXe siècle.