Quand Lukács, dans la Hongrie d'avant 1917, rend célèbre la notion de "vision du monde", il a le soutien d'une affectivité politique caractérisée par son radicalisme, par une culture littéraire dominante, par un refus du rationalisme scientiste commun au marxisme de la deuxième Internationale et à la bourgeoisie positiviste. En un mot la "vision du monde" est une totalité historique de représentations esthétiques, philosophiques, religieuses et autres, par laquelle une classe sociale se représente sa volonté de transformer le monde en prenant conscience de l'historicité et de l'unicité de ses représentations contre le simplisme de l'idéologie et de la psychologie de l'intérêt.
La démarche de Loïc Chaigneau est d'ordre philosophique dans une optique d'éducation populaire : la défense, a priori peu originale, mais plus que jamais nécessaire, du rapport Hegel-Marx et par là, du matérialisme dialectique et historique.
Une mise au point nécessaire pour continuer la lutte politique en gardant les idées claires.
Que sait-on vraiment de Karl Marx ? Le XXe siècle a été le siècle du marxisme sans Marx. Le XXIe siècle sera-t-il celui de Marx sans le marxisme ?
Avant d'être statufié, saccagé puis oublié, Marx a été poète et amoureux dans l'Allemagne romantique. Vibrant d'espoir dans le flux et le reflux des révolutions européennes. Plongé à corps perdu dans l'antre du Capital. Et imaginant, dans ses vieux jours, le monde qui est aujourd'hui le nôtre. Un Marx inconnu.
Une série documentaire produite par Christine Lecerf.
Theodor W. Adorno, Walter Benjamin, Max Horkheimer, Herbert Marcuse, puis Jürgen Habermas : voici les philosophes et intellectuels qui nous accompagneront cette semaine pour retracer l'histoire de ce groupe d'hommes allemands, qui, dès 1923, se sont regroupés dans l'Institut de recherche sociale de l'université de Francfort pour mettre au point une théorie critique.
L'histoire de l'École de Francfort est celle de la possibilité pour la philosophie de proposer une critique sociale du capitalisme, et d'interroger la possibilité pour les chercheurs et intellectuels de s'insérer de manière directe dans leur temps, jusqu'à aujourd'hui...
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
Hantise des élites politiques et économiques depuis des décennies, le gaullo-communisme, liquidé sommairement depuis trente ans, serait-il de nouveau d'actualité ?
À défaut d'avoir jamais été un réel courant politique, le gaullo-communisme a d'abord été un compromis historique avant d'être un dialogue constructif.
Et c'est dans cette dernière optique que le gaulliste Pierre-Yves Rougeyron rencontre le communiste Loïc Chaigneau. La guerre froide étant derrière nous, il est temps de reprendre l'initiative, contre toutes les réactions et les mises sous tutelle, pour la liberté et la souveraineté.
Le penseur marxien Anselm Jappe nous propose une étude des catégories de la domination à la lumière de la critique du fétichisme de la marchandise.
Il revient notamment sur quelques-unes des nombreuses confusions que font les lecteurs pressés de la critique de la valeur, en montrant que le concept de "domination sans sujet" offre un réflexion différente, au-delà du concept sociologiste/subjectiviste de "domination" que l'on retrouve dans l'ensemble de la critique superficielle du capitalisme (où la domination est comprise comme directe, de classe ou fondée dans la propriété privée); et également au-delà des thèses structuralistes ou althussériennes.
La conférence est prononcée dans le cadre du séminaire Sophiapol "Les conceptions contemporaines de la domination".
L'analyse de la structure sociale constitue une thématique centrale des enseignements de sciences économiques et sociales. Si la théorie marxiste des classes a fait l'objet de nombreuses analyses, facilement accessibles et de qualité, la situation est différente pour les stratifications sociales wébériennes.
Dans cette intervention, le politologue Yves Sintomer propose de revenir sur les textes fondateurs de Max Weber sur la structure sociale afin d'apporter des éclaircissements sur les notions wébériennes de "classe", "classes sociales" et "groupes de statut".
Ce travail vient combler des lacunes et corriger un certain nombre d'approximations dans les présentations courantes de l'analyse wébérienne de la stratification et de sa confrontation avec la théorie marxiste des classes sociales.
Une intervention dans le cadre du séminaire "Le concept de classe sociale".
On oppose volontiers Max Weber à Karl Marx. Certes, le grand sociologue allemand était un libéral, hostile au communisme. Mais c'était aussi un analyste très critique du capitalisme et de sa course effrénée au profit qui enferme l'humanité moderne dans un système implacable.
Relisant la célèbre étude sur les "affinités électives" entre l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Michael Löwy prolonge l'analyse. Il explore ainsi les "affinités négatives" entre l'éthique catholique et l'esprit du capitalisme et en retrouve la trace dans divers courants catholiques de gauche en Europe comme dans la théologie de la liberté en Amérique latine aujourd'hui. Il suit également les autres filiations anticapitalistes du sociologue de Heidelberg. D'une part celle du marxisme wébérien qui va de Georg Lukàcs à Maurice Merleau-Ponty, en passant par les premiers théoriciens de l'École de Francfort. D'autre part, celle d'un courant socialiste/romantique, essentiellement promu par des auteurs juifs allemands de la République de Weimar, tels Ernst Bloch ou Walter Benjamin.
Cette postérité, Michaël Löwy, qui est à la fois un wébérien érudit et un marxiste engagé, l'incarne à sa manière. Et il entend montrer combien le courant critique du marxisme wébérien reste d'actualité alors que la toute puissance des marchés emprisonne, plus que jamais, les peuples dans la cage d'acier du calcul égoïste.