C'est au travers des expériences des uns et des autres et de leur rapport à Ivan Illich que nous mesurons le travail de l'oeuvre du philosophe autrichien.
Universitaire ou acteur associatif, du monde économique ou de la politique, c'est toute une génération qui a été influencée par Ivan Illich et ses thèses radicales.
Une invitation à (re)découvrir la postérité et la portée de sa pensée.
La table ronde est organisée dans le cadre du colloque "Vivre et penser avec Ivan Illich. Dix ans après."
La fin du tsarisme, l'effondrement de l'armée de l'empire slave, la prise du pouvoir en 1917 par les bolcheviques, avec à leur tête un chef sectaire et discrédité : tout ceci ne se serait sans doute jamais produit si, en Allemagne, une longue et acharnée préparation à ce scénario n'avait eu lieu.
Une histoire, des faits, qui furent très connus en leur temps, puis oubliés au cours du XXe siècle. Une "revisite" s'impose pour démystifier le personnage de Lénine.
L’œuvre de Cornelius Castoriadis offre au lecteur l’aspect d’un vaste chantier de réflexion où sont sans cesse retravaillés les mêmes matériaux. Cette pensée ne présente pas au premier abord une forme unitaire, mais offre au contraire un aspect hétérogène : l’extrême diversité des problèmes sur lesquels a réfléchi Castoriadis -le vivant, le psychisme, la société, l’histoire, la création, la politique- ainsi que l’extrême diversité de ses références peuvent dérouter.
Un retour sur son parcours personnel permet de mieux comprendre la genèse et l'unité de cette pensée foisonnante, centrée sur ce que l'on pourrait appeler l' "imaginaire radical".
"Pour construire l'économie [...] comme pour faire la guerre [...] la direction du Parti doit exercer son rôle directeur en employant une violence tranchante [...]." (Pol Pot, juin 1976.)
D'une famille cambodgienne aisée, il profita de divers enseignements dans la capitale du pays, Phnom Penh. Parti compléter sa formation en France, il y découvre les Lumières avec Rousseau, la Révolution avec Robespierre, le marxisme avec Staline. Il néglige son école technique, et il doit retourner au pays sans diplôme. Il décide alors de devenir révolutionnaire professionnel.
Stoïque, il fait ses classes grâce aux communistes vietnamiens, qu'il hait, dans son for intérieur, comme ennemis héréditaires des Khmers. Devenu l'organisateur du Parti communiste à Phnom Penh, la chance le sert : le chef du PC est tué, et il prend sa place.
Le voici acteur d'une guerre tout à la fois civile et internationale. Avec des enfants-soldats vêtus de noir, ses troupes, les Khmers rouges, se multiplieront grâce aux erreurs de la puissante Amérique, aux divisions entre républicains et royalistes, au soutien de Hanoï. Le 17 avril 1975, Pol Pot atteint son but.
Trois ans, huit mois, vingt jours, le peuple khmer subira une expérience démente, à vif, qu'aucun utopiste social n'avait osée avant lui. Elle lui coûtera 1'700'000 morts (estimation basse).
Puis, Pol Pot fut vaincu dans une guerre éclair par le Vietnam. Il survécut deux décennies à sa défaite, divisant le monde à son propos, avant de mourir, esseulé.
En dialoguant passionnément avec un biologiste, un mathématicien, un psychanalyste et un poète, Cornelius Castoriadis montre sa détermination de "penser tout le pensable".
Reconnaissant que l'homme ne sera jamais maître et possesseur de la nature, il démontre, dans ces entretiens, que le raisonnement philosophique n'est ni dévalué ni affaibli par la démarche scientifique. Pour lui, sciences exactes et sciences cognitives doivent avoir le même objectif : aider les êtres humains à devenir les plus autonomes et les plus créateurs possibles.
Les entretiens sont menés par Katharina von Bülow.
Index chronologique de la conférence :
00:00 : De l’importance des rencontres plurielles (entre personnes qui ne sont pas sur la même ligne idéologique) pour sortir des cases pathologiques dans lesquels le Capital nous place.
02:30 : Développement du concept de fétichisme de la marchandise.
04:00 : Historique du concept de fétichisme de la marchandise , origine de la philosophie , des arts et de l’écriture.
08:35 : Passage des communautés de l’être aux sociétés de l’avoir.
12:18 : De la fonction aliénatoire de la philosophie.
17:30 : De la vieille marche germanique qui a fait émmerger l’Europe comme berceau des insurrections les plus subversives.
25:05 : Du mouvement ouvrier, du communisme, du Marxisme, du socialisme, du Blankysme, du Proudhonisme, du Bakouninisme.
37:10 : Du bolchévisme et des luttes de libération nationale.
39:00 : De l’oubli de l’histoire et de l’oubli de l’être.
41:00 : De l’aliénation , de la chosification et de la réification.
49:40 : De la politique.
51:00 : De la crise, de la baisse tendentielle du taux de profit, de la saturation des marchés, de la guerre, de la fin des Etats nations.
1:04:00 : Du terrorisme : instrument de la manipulation du spectacle Etatique de la marchandise universelle. Spectacle théatral de la géopolitique globale.
1:21:10 : De la réinformation et des complots.
Questions/Réponses :
1:27:48 : Combien d’ agents de la CIA y’a-t-il parmis nous ?
1:34:15 : Comment situez-vous un de Gaulle ?
1:36:16 : Partant de Bordiga, peut-on dire que l’antisionisme est le pire produit du sionisme ?
1:45:13 : Sur quels points Marx est-il d’ accord avec Hegel et à quel moment s’en sépare-t-il ?
1:50:22 : Comment concilier l’approche de Marx et la vie dans le monde actuel ? Et comment vivre sans argent ?
2:00:23 : Question sur la politique d’immigration et d’assimilation culturelle. La communauté de l’être se fera-t-elle en même temps sur tous les continents ou à différentes échelles ?
2:08:40 : Quelle est votre perception du Christ et est -il pour vous de descendance divine ? En quoi l’ Islam s’ inscrirait à l’instar du judaisme , dans l’ évolution et le dévellopement du fétichisme de la marchandise ?
2:16:00 : Dans votre analyse des dires du Christ, est-ce que vous vous êtes posé la question de la véracité des paroles ?
2:16:40 : Pensez vous que la naturopathie n’était pas une digestion par le capital d’un mouvement de l’être arrivant à une époque ?
Une peur hante (ce qui reste de) la gauche actuelle : la peur de s’affronter directement au pouvoir d’État.
Ceux qui insistent encore sur la nécessité de combattre le pouvoir d’État, et à plus forte raison de l’objectif de le conquérir, sont immédiatement accusés d’être restés accrochés à l’ "ancien paradigme" : la tâche, de nos jours, consisterait à résister au pouvoir d’État en se retirant de son rayon d’action, en se soustrayant à celui-ci et en créant des espaces nouveaux qui échappent à son contrôle. Le dogme de la gauche universitaire actuelle est résumé de la façon la plus claire par le titre du livre d’entretiens de Toni Negri, "Goodbye Mister Socialism".
L’idée est que le temps de la vieille gauche, dans ses deux versions, réformiste et révolutionnaire, qui visent toutes deux la conquête du pouvoir d’État et la protection des intérêts corporatistes de la classe ouvrière, que cette époque donc est terminée. Aujourd’hui, la forme dominante de l’exploitation serait l’exploitation de la connaissance, du travail immatériel, etc. Il y aurait donc un développement culturel "postmoderne" en cours que la vieille gauche se refuserait de prendre en compte. Pour se rénover elle-même, la gauche doit donc… lire Deleuze et la théorie de l’hégémonie, etc.
Et si toutefois cette façon de définir le problème faisait elle-même partie du problème ?