C'est peu dire que notre époque se caractérise par un sentiment de lassitude et de scepticisme à l'égard de l'histoire humaine : on considère même comme naïve la tentative d'y retrouver des lueurs de sens ou des raisons d'espérer. Rémi Brague se livre à un examen sans concession de cette attitude, contestant avec force bien des stéréotypes sur la relation que nous autres postmodernes entretenons avec nos racines.
Les considérations philosophiques sont étroitement liées ici aux questions les plus concrètes, de dramatique actualité, comme celles de la coexistence entre les grandes religions, de la possibilité d'un dialogue avec l'islam, de la "vocation" de l'Europe, de l'avenir des biotechnologies et de la tentation -qui s'insinue dans la culture de notre temps- d' "en finir avec l'homme", au nom d'un idéal de perfection mortifère.
C'est aussi l'occasion pour Rémi Brague de revenir sur son parcours intellectuel, lui qui se définit volontiers comme "modérément moderne", selon l'expression d'une de ses publications récentes.
Durant les vingt dernières années, l'Internet et ses services se sont développés sans véritablement tenir compte de la dimension temporelle. Il nous donne aujourd'hui à voir un "Grand maintenant", infiniment dense et continuellement mis à jour. Les Big Data nous promettent une société où nous pourrions anticiper l'avenir, grâce à la puissance de calcul des superordinateurs et la collecte massive de données. Pourtant, à ne scruter que les palpitations du présent, la prédiction algorithmique marque déjà ses limites intrinsèques.
L'Europe est aujourd’hui la mieux placée pour réussir le virage spatio-temporel de l'Internet. La richesse de son passé est un de ses meilleurs atouts pour son futur. Les progrès de la robotique et de l'intelligence artificielle permettent d'envisager une infrastructure à l'échelle du continent pour numériser, analyser, reconstituer notre patrimoine millénaire. Il y a des kilomètres d'archives à traiter, des milliards de pages à transcrire, des centaines de villes à modéliser comme autant de nœuds d'un vaste réseau d'échanges constituant notre histoire commune.
Le projet Time Machine, en compétition dans la course pour les nouveaux FET Flagships, propose une infrastructure d'archivage et de calcul unique pour structurer, analyser et modéliser les données du passé, les réaligner sur le présent et permettre de se projeter vers l'avenir. Il est soutenu par 80 institutions provenant de 20 pays et par 14 programmes internationaux. Le projet Time Machine peut donner à l'Europe la technologie de son renouveau : une occasion unique pour construire notre futur à partir de notre patrimoine commun, une occasion unique pour nous retrouver.
Essayiste, historien et politologue, le patron de la Chaîne Histoire brosse ici la fresque de plus de deux siècles de régime républicain.
En partant des guerres de Vendée -qu'il qualifie de premier génocide idéologique de l'Histoire- Patrick Buisson tente de dégager l'essence de la République française et relie cet épisode dramatique à une réflexion très actuelle sur la légitimité du pouvoir.
Dans cette émission en forme d'hommage à son travail d'historien, Ernst Nolte revient sur son itinéraire intellectuel, en insistant sur ses deux centres d'intérêt principaux : la philosophie allemande et l'histoire des idéologies et des mouvements idéologiques.
La querelle des historiens qui, en 1986-1987, a animé le champ de l'histoire contemporaine en Europe, est ensuite revisitée.
Sont également abordés : l'influence de la révolution bolchevique sur le XXe siècle et sa relation dialectique avec l'apparition du nazisme, l'influence de Marx et du marxisme dans l'émergence des exterminations de masse du XXe siècle, ainsi que sa relation à Martin Heidegger (dont il fut l'étudiant).
Cette émission, bien que très personnelle, est une réelle réflexion philosophique sur l'histoire du XXe siècle.
Émission du "Libre Journal de l'identité", animée par Pierre-Alexandre Bouclay.
Peter Sloterdijk est une figure importante de la pensée européenne. Né après la guerre, l'auteur de Critique de la raison cynique se penche sur le rapport que les peuples d'Europe entretiennent avec leur propre histoire.
Quel futur pour les sociétés humaines ? Quelle est le sens de l’érotisme ? Comment définir le moi ? Dans un second temps, l'essayiste et philosophe allemand nous montre comment l'exercice philosophique consiste à suivre ses intuitions intellectuelles afin de bousculer la pensée de son époque.
Une émission animée par Laure Adler.
Dans le 3e tome de sa monumentale étude sur le temps et la technique, Le temps du cinéma et la question du mal-être, le philosophe Bernard Stiegler montre comment et pourquoi les dispositifs de production des symboles, qui relevaient jusqu'alors des sphères de l'artistique, du théologique, du juridique et du politique, sont désormais totalement absorbés et organisés par les industries culturelles qui contrôlent hégémoniquement ce qui nous constitue comme conscience : les flux temporels.
Dans son dernier ouvrage : Dieu, un itinéraire, le philosophe et médiologue Régis Debray, après avoir analysé systématiquement la genèse du monothéisme à travers les supports de son esprit et en mobilisant une immense documentation, s'interroge ainsi pour finir : "Que doit faire l'Ordinateur d'origine face aux ordinateurs tout court ? se transformer bien sûr... On peut attendre des réseaux de demain un e-God, just in time, commutable, à télécommande et sans copyright".
Ces deux approches, très différentes, mais qui partagent l'a priori d'une matérialité constitutive de l'esprit, reposent, en les éclairant d'un jour nouveau, la question des représentations, de l'aliénation des consciences, de la place et du rôle des techniques, et au bout du compte, la question de notre rapport au mal aujourd'hui.
La culture de gauche -anarchiste, socialiste, communiste- s’est toujours projetée dans le futur, en y inscrivant le souvenir d’un passé de luttes. Il y a presque trente ans, la fin du socialisme réel a rompu cette dialectique entre passé et futur et engendré une vision mélancolique de l’histoire comme remembrance des vaincus, en révélant une "tradition cachée" de la gauche.
Son principal représentant est sans doute Walter Benjamin, mais elle inclut une vaste constellation d’auteurs, d’Auguste Blanqui à Rosa Luxemburg, de Lucien Goldmann à Daniel Bensaïd. Cette mélancolie de gauche n’est ni passive ni résignée ; elle tisse la trame d’un travail du deuil qui stimule la pensée critique et la refondation d’un projet émancipateur.
L'étude de l'évolution des systèmes techniques nous montre à quel point certaines innovations ont bouleversé la nature même des savoirs et des système sociaux qui s'en étaient accomodés. La révolution numérique fait partie de ces technologies qui transforment le monde dans lequel elles éclosent : une nouvelle condition de production et d'appropriation des savoirs se constitue sous nos yeux.
Comment donc penser l'émergence du web qui rend l’écriture réticulaire accessible à tous ? Et comment pouvons-nous mettre en œuvre les nouvelles formes d'enseignement, de travail et favoriser les décisions politiques qui nous permettront d'utiliser ce système technique à bon escient ?