Face au hold-up sur l'imaginaire effectué par les machines à fabriquer des histoires mises en place par l'industrie culturelle ou les officines de communication politique, comment l'art de la représentation peut-il résister à ce nouvel ordre narratif, à l'heure où les frontières entre le réel et la fiction s'estompent ? Comment inventer des histoires et des contre-narrations libératrices face à cette nouvelle "arme de distraction massive" ?
Christian Salmon a mené une longue enquête les techniques de storytelling qui deviennent l'apanage des pouvoirs, comme l'illustre la multiplication aux États-Unis des pratiques narratives dans les domaines les plus divers, tels que le management, le marketing ou la communication politique.
Wajdi Mouawad, quant à lui, s'emploie à réactiver la faculté émancipatrice du récit dans son œuvre théâtrale, en construisant des fictions libératrices qui échappent à l'ordre du discours.
Enfin, le sociologue Vincenzo Susca a exploré la construction fictionnelle de l'ascension de Silvio Berlusconi au pouvoir, à la fois fable émancipatrice et récit manipulateur.
Un dialogue à trois voix pour comprendre comment l'art du récit peut échapper à cette volonté qu'ont certains pouvoirs de vouloir nous "raconter des histoires".
Depuis qu’elle existe, l’humanité a su cultiver l’art de raconter des histoires, un art partout au coeur du lien social.
Mais depuis les années 1990, aux États-Unis puis en Europe, il a été investi par les logiques de la communication et du capitalisme triomphant, sous l’appellation anodine de "storytelling" : celui-ci est devenu une arme aux mains des "gourous" du marketing, du management et de la communication politique, pour mieux formater les esprits des consommateurs et des citoyens.
Derrière les campagnes publicitaires, mais aussi dans l’ombre des campagnes électorales victorieuses, de Bush à Sarkozy, se cachent les techniciens sophistiqués du storytelling management ou du digital storytelling.
Comment aborder l’Europe et l’islam aujourd’hui sans opposer deux civilisations ?
Depuis le VII esiècle, les contacts entre l’Europe et le monde musulman n’ont cessé. Pour comprendre la richesse et la variété de ces relations dont les racines s’enfoncent dans un héritage religieux, culturel et intellectuel commun, Henry Laurens et Gilles Veinstein se proposent d'examiner l'histoire des échanges entre ces deux aires culturelles sur les quinze derniers siècles afin d'éclairer les enjeux contemporains.