François Denord, sociologue au CNRS, nous propose une relecture critique de l'histoire de la construction européenne.
- 00'19 : Dans votre livre, L'Europe sociale n'aura pas lieu, vous expliquez que la construction européenne telle qu'elle nous est contée est une fable...
- 01'18 : Après-guerre, qui soutient l'idée européenne ?
- 02'44 : Quel a été le rôle joué par les États-Unis ?
- 03'56 : Au niveau militaire, il y a dans la même période l'idée de l'OTAN et de la CED...
- 05'36 : Qu'est qui amène en 1952 à la création de la CECA ?
- 07'16 : Qui est vraiment Jean Monnet ?
- 10'06 : Quelle est l'idée des "fonctionnalistes", auxquels appartenait Monnet ?
- 10'36 : Qu'est-ce que la méthode Monnet ?
- 11'22 : Dans quel contexte est signé le traité de Rome, en 1957 ?
- 14'06 : Comment le concept "d'économie sociale de marché" est intégré dans la construction européenne ?
- 15'38 : Lors du Traité de Rome, y a-t-il eut des velléités, de la France par exemple, pour y introduire une composante "sociale" ?
- 17'23 : Comment expliquez vous la mise en place de la PAC, qu'on présente souvent comme une mesure fortement interventionniste ?
- 18'37 : Pendant les années De Gaulle, les traités sont souvent enfreints. Par la politique des "champions nationaux" par exemple...
- 20'39 : Dans les années 60, la Cour de Justice Européenne prend des arrêts déterminants...
- 23'00 : Quel est le rôle joué dans les années 80 par la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher dans la construction européenne ?
- 24'34 : En 1981, François Mitterrand arrive au pouvoir en France. Il doit rapidement choisir entre "justice sociale et construction européenne" dit-on. Quel était le contexte ?
- 26'38 : Quel fut le rôle joué par Jacques Delors ?
- 28'08 : En 1986, Delors met en place l'Acte Unique Européen, qui met fin au compromis du Luxembourg. Est-ce un recul pour la France ?
- 30'03 : La mise en place de l'euro a été assez largement soutenu par le patronat. Comment s'est exercé leur lobbying ?
- 31'20 : Pendant les années Delors, où en est l'idée d'Europe sociale ?
- 33'33 : Est-ce que l'élargissement de l'UE s'est fait sous l'impulsion des libéraux ?
- 34'09 : Est-ce que vous voyez des projets comme le Traité Constituant ou la Charte de droits fondamentaux comme des volontés d'associer les peuples à la construction européenne ?
- 34:48 : Les derniers accords de libre-échange, notamment avec les États-Unis, signés ou à l'étude, vont à l'encontre de l'idée parfois évoquée d'une "Europe-forteresse". L'idée est plutôt celle d'un gigantesque marché...
- 35:51 Vous écrivez que le mouvement syndical s'affadit au contact du système communautaire. Comment l'expliquez-vous ?
- 37:53 : Et le patronat, lui, comment s'organise-t-il ?
- 39:10 : Peut-on mesurer l'évolution du poids de ces lobbys ?
- 40:04 : Est-ce qu'on observe un transfert d'influence des grands patrons industriels vers les marchés financiers ?
- 41:09 : Quelles sont les causes premières de la non-mise en place de l'Europe sociale ?
- 43'23 : Vous appelez de vos vœux une crise "salvatrice". À l'instar de celles provoquées par De Gaule ou Thatcher ?
Un entretien réalisée dans le cadre du projet Spleen Européen.
Depuis le classique de René Rémond, les droites n'avaient pas trouvé leur historien. C'est désormais chose faite grâce à la récente synthèse de Gilles Richard qu'il présente ici.
Couvrant plus de deux siècles d'histoire politique et n'hésitant pas à aborder les enjeux contemporains, l'ouvrage évoque bien entendu les partis et leurs métamorphoses, tout en scrutant les cultures politiques et en pointant les grandes mutations.
Depuis 1815, en effet, les temps ont bien changé ! Ce qui faisait clivage au XIXe siècle entre droites et gauches (la République démocratique et laïque) a ainsi laissé place au XXe siècle à un autre clivage : la République qui avait triomphé dans les années 1870-1880 devait-elle être "libérale" comme le souhaitait Jules Ferry, ou bien "sociale" comme le proclama Jean Jaurès ?
En ce début de XXIe siècle, tout semble à nouveau remis en cause : tandis que les gauches sont menacées de disparition, les droites sont aujourd'hui hégémoniques. Mais le pluriel s'impose plus que jamais. De fait, les oppositions ne manquent pas, entre tenants du libéralisme et droite nationaliste, ou entre "les mondialistes" et "les patriotes", comme Marine Le Pen aime à le répéter.
Cette mutation fondamentale surprend ; mais Gilles Richard offre des clés pour comprendre ce qui constitue un enjeu déterminant pour la France d'aujourd'hui et de demain.
L’agenda politique de la Suisse a été marqué, ces dernières années, par de nombreux scrutins interrogeant notre rapport économique, comme individus, à l’Etat et au marché : salaire minimum, revenu de base inconditionnel, financement public ou privé des médias audiovisuels, etc. Parallèlement la précarisation de nos concitoyens et les mutations du capitalisme ont entrainé l’émergence de nouvelles réalités économiques : dissociation progressive du travail et du revenu, dépendance croissante des plus pauvres à l’égard des aides sociales, ubérisation de la société, nouvelles formes de mécénat, économie du crowdfunding, expériences autogestionnaires.
Il est temps, pour les forces vives qui souhaitent faire sécession d’avec ce système, d’ouvrir le débat sur cette recomposition des réalités économiques afin de ne pas tomber dans l’écueil des fausses solutions et de réfléchir ensemble à des modes d’existence et de fonctionnement qui garantissent aux mieux nos libertés.
L'agriculture capitaliste en France a été en bonne partie, historiquement, une agriculture "paysanne" familiale.
La majorité des agriculteurs français ont certes été des victimes du processus d'intégration de l'agriculture au capitalisme des années 1880 à nos jours, mais cela n'empêche pas leur rôle de base électorale et de défenseurs de la bourgeoisie française (en 1848, en 1871 et en 1914), leur accompagnement parfois enthousiaste de l'intégration de l'agriculture française au capitalisme (au cours des années 1950-1960) et l'exploitation de leurs femmes et de leurs enfants.
Si une minorité d'agriculteurs s'est opposée à l'intégration toujours supérieure de l'agriculture française au capitalisme, de la révolte des vignerons de 1907 aux Paysans-travailleurs et leurs héritiers de la Confédération paysanne, elle n’est pas allée jusqu'au bout de la critique de l'agriculture capitaliste, c'est-à-dire de son caractère capitaliste même. Pour toutes ces raisons, on ne peut en rester à une critique de l'agro-business industriel, chimique, transgénique, néolibéral et de ses ravages, et faire une histoire de l’agriculture française comme l'éternelle résistance des paysans au capitalisme et à sa modernisation destructrice : il fallait donc faire une histoire complète (économique, sociale, politique) de l'agriculture capitaliste en France depuis son émergence au 18e siècle, sans idéalisation de l'agriculture "paysanne" familiale, et invitant ses fractions critiques à aller jusqu'au bout de leur critique "anti-capitaliste" : jusqu'à une remise en cause du capitalisme lui-même.
Émission "Sortir du capitalisme".
Agrégé de philosophie, Jean-Claude Michéa est assurément l’un des penseurs les plus radicaux et les plus originaux de la scène intellectuelle française contemporaine. Catalogué dans le même mouvement socialiste, conservateur, populiste, adulé par un courant de pensée proche de la droite catholique, Jean-Claude Michéa, lui, se revendique de la pensée de l’écrivain et essayiste Georges Orwell, l’homme de "la décence ordinaire", et fustige une gauche acquise depuis bien longtemps, assure-t-il, au libéralisme et à la religion du progrès et de la croissance, même si elle s’en défend.
Dans son dernier ouvrage Notre ennemi, le capital, il considère que, pour avancer dans la dénonciation du capitalisme et rassembler la grande majorité des classes populaires, il faut commencer par remettre en question le système de clivages opposant l'idée de progrès à celle de conservatisme, clivages paralysants qui permettent à la gauche européenne de dissimuler sa réconciliation avec ce même capitalisme.
Une rencontre animée par Olivier Postel-Vinay.
David L'Épée et Jean Bricmont croisent le fer autour de quelques questions qui les divisent : l'héritage des Lumières, le libéralisme, la Nouvelle Droite, l'idéal socialiste, la pensée de Michéa et l'avenir de la gauche.
L'occasion de comprendre quelques lignes de fractures qui traversent la pensée en rupture avec le catéchisme médiatique.
La crise politique française entre dans sa phase la plus aiguë depuis plus de trente ans, avec l'éclatement des blocs sociaux traditionnels, de gauche et de droite. L’éloignement des partis "de gouvernement" des classes populaires semble inexorable; il laisse sur la touche, d’un côté, artisans, commerçants et petits entrepreneurs déçus par la timidité des réformes de la droite libérale et, de l’autre, ouvriers et employés hostiles à une unification de l'Europe des marchés à laquelle le parti socialiste reste attaché.
La présidence Hollande est de ce point de vue moins une anomalie que l'échec définitif des tentatives de concilier la base sociale de la gauche et la "modernisation" du "modèle français". Ce projet se prolonge désormais par la tentative d'édifier un "bloc bourgeois" fondé sur la poursuite des "réformes structurelles", destinées à dépasser le clivage droite/gauche par une nouvelle alliance entre classes moyennes et supérieures.
L'émergence, en réaction, d'un pôle "souverainiste", coexiste avec les tentatives de reconstruire les alliances de droite et gauche dans un paysage politique fragmenté.
L’avenir du "modèle français" dépend de l'issue d'une crise politique qui n'est donc pas liée à des querelles d'appareils et encore moins de personnes, mais à la difficulté de former un nouveau bloc dominant.
Elle est loin d'être terminée.
Une intervention qui prend place dans le séminaire "Une lecture macroéconomique de la crise politique française".
Après deux ans de questions-réponses en vidéo sur ERTV, l'émission Soral répond revient sous un nouveau format sur ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.
Le principe : les auditeurs qui le souhaitent posent leurs questions sur le répondeur du polémiste qui choisit ensuite les meilleures et y répond !