"Le serpent qui entoure le monde est béni lui-même car il relâche ses anneaux et sa gueule béante aspire la fleur d'anxola, la fleur soufrée, la fleur éclatante du soleil". Ces paroles de Gérard de Nerval traduisent le secret de son aventure spirituelle, une aventure si intimement, si charnellement vécue qu'elle trouva son accomplissement dans la nuit du 26 janvier 1855 à une grille de la rue de la Vieille Lanterne.
Avec Le voyage en Orient, qui suit de quelques mois la mort de Jenny Colon, c'est à travers la multitude de ses formes, la lumière d'Isis qui illumine l'écrivain.
Mais la grande déesse ne nous parle que par énigmes et la poésie est le seul chemin qui soit ouvert aux enfants perdus que nous sommes, pour transformer en pure musique la confusion du monde.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Claude Mettra.
Prophète, poète, auteur de théâtre d'avant-garde, mystique, comédien, drogué, interné, Antonin Artaud est d'abord un grand écrivain, "né de ses œuvres", et un penseur. Son œuvre, si souvent occultée par le personnage Artaud dont les comportements bizarres, la folie et la dégradation physique spectaculaire à la fin de sa vie fascinent, est comme rejeté de sa vie, ce qui rappelle cette étrange soirée donnée par ses amis à son bénéfice, à laquelle il fut interdit d'entrée. Ce soir là, il rôda seul autour d'un théâtre rempli en son honneur...
Ici, l'on ne parle pas de sa folie, ni de son besoin de drogue, ni de sa théorie sur le théâtre. Si la légende enténèbre l'œuvre, la rendant parfois incompréhensible, Artaud est-il illisible pour autant ?
Par-delà la littérature, par la voix, le cri, le chantonnement, la présence physique, le dessin, son écriture est une traversée du corps qui l'a conduit à aller au delà du verbe. Car Antonin Artaud tente en permanence de dépasser sa souffrance.
À deux reprises, il partit voyager, au Mexique et en Irlande, dans une quête mystique complexe. Il fut interné à son retour d'Irlande en 1937 jusqu'en 1946, deux ans avant sa mort.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Marion Thiba et Jean Couturier.
S'il est un mystère dans l'histoire de la littérature, c'est celui du poète appelé pour la postérité François Villon. Ruffian, ribaud, espiègle, qui était donc cet "écolier" de génie, né l'année où Jeanne d'Arc, "la bonne Lorraine", a péri sur le bûcher, et qui reste à jamais comme le premier écrivain français à avoir introduit "la conscience de soi" dans nos lettres ?
C'est à ce paradoxe unique - un poète dont on ignore jusqu'à la date de mort, mais qui a parlé de lui comme nul autre - que s'attelle Jean-Paul Bourre. L'occasion de visiter avec lui le cimetière des Innocents, de s'interroger sur les Dames du temps jadis comme sur Montfaucon, la Sorbonne ou la taverne de la Pomme de Pin. L'occasion surtout de comprendre la destinée d'un homme qui n'a cessé d'inspirer les fantasmes les plus divers à mesure que le Moyen Age est revenu hanter les rêves et les désirs.
"J'ai désiré en finir une bonne fois avec la bêtise qui englue la question Céline. Bêtise des anticéliniens et bêtise des céliniens, cécité de Sartre et bêtise rebattue de Rebatet, bêtise maximale des antisémites et bêtise râleuse des moralisateurs...
On a beaucoup écrit sur l'épineux cas Céline, de très bonnes choses parfois - rarement, qu'on se rassure -, mais il semble que nul n'ait traité la question en adoptant une position fondamentalement littéraire (ni historique, ni universitaire, ni psychanalytique, ni éthique, ni critique), en laissant autrement dit le texte de Céline penser la position spiralée de Céline.
Prenant le parti de laisser le génie de Céline éclairer son propre parcours, j'ai découvert que du Voyage jusqu'à Rigodon, en passant par les pamphlets, Céline a su et a dit quel était son rapport à la question juive. Non point contre, mais face à face. Face à la Bible, et surtout face à Proust.
Lecteur, la guerre est déclarée, il faut choisir ton camp. Non pas : Céline ou les juifs, mais : Céline, les juifs et la littérature, ou bien le reste du monde." Stéphane Zagdanski
Un entretien mené par Christine Lecerf.
Cet échange avec l'écrivain Patrice Jean est l'occasion de revenir sur la question de l'humour en littérature, en revenant notamment sur les romans de Kundera et de Chesterton.
L'occasion également de parler de la censure qui caractèrise notre époque en général et le milieu de l'édition en particulier, ainsi que bon nombre d'autres sujets !
Nikos Kazantzaki est un homme non seulement attaché à son île natale, la Crète, mais également éternel voyageur et créateur, qui nous a légué une œuvre littéraire complexe.
Cette émission nous brosse le portrait de l'un des écrivains européens les plus importants du XXe siècle, auteur notamment de Alexis Zorba et La dernière tentation du Christ.
Poète, érudit et homme d'action engagé dans son temps, il n'aura suivi qu'une seule boussole tout au long de sa vie : la liberté.
Maurice Barrès aura été élu, a vingt-sept ans, député boulangiste de Nancy. Comme beaucoup de français d'alors, il voyait dans le général Boulanger l'homme qui pouvait rendre à la France sa fierté et l'intégrité de son territoire.
C'est cette épopée qu'il retranscrit dans L'Appel au soldat, le deuxième volet de sa trilogie du Roman de l'énergie nationale publiée entre 1897 à 1902, et présentée ici par Adrien Abauzit et Jonathan Sturel.
Juan Asensio, critique littéraire qui, depuis de nombreuses années, "dissèque le cadavre de la littérature", est ici interrogé sur la manière dont les forces d'iniquité, le mal, Satan ou encore Lucifer, ont été incarnés dans la grande littérature.
S'interroger sur la nature du diable, classiquement affaire de théologiens, devient alors une question existentielle face à l'un des phénomènes les plus insaisissables, celui qui déchaîne contre la vie ses forces destructrices et obstinées, que nombre de grands écrivains ont tenté de décrire et de raconter.