Le XXe siècle a vu tous les visages de la stratégie se mettre en place, et c'est une nouvelle approche du fait stratégique que dévoile l'économiste non-orthodoxe Jacques Sapir dans ses derniers travaux.
En effet, les questions militaires et stratégiques ne s'opposent pas à l'économie, bien au contraire car cette dernière est bien un espace de rapports de force. Et quand on parle des unes, on évoque l'autre; et inversement.
Émission "Vendredi c'est PYR !", animée par Pierre-Yves Rougeyron.
Sous nos yeux naît un nouveau monde, sans puissance régulatrice, marqué par un monde multipolaire et où la souveraineté nationale redevient un axe clé de la pensée politique.
Las, les élites européennes en générale et françaises en particulier tardent à reconsidérer leurs politiques à l'aune de cette nouvelle donne, alors même que la pandémie de Coronavirus presse au changement. .
Pour combattre l'inertie intellectuelle et la répétition de schéma obsolètes, pour préparer un futur auquel nous devrons faire face en tant que nation, Jacques Sapir s'attache à montrer quelles leçons notre pays devrait tirer de la période tumultueuse que nous sommes en train de traverser.
Auteur de nombreux ouvrages d'économie politique, spécialiste de la Russie, Jacques Sapir a publié des livres et des études sur les questions stratégiques, militaires et économiques.
Il a regroupé une partie de ces études dans ses Chroniques stratégiques qui traitent des problèmes généraux de la stratégie, des débats et des mythologies historiques, du rôle de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et des grands symboles de l'histoire nationale – avec pour principal exemple la bataille de Bir-Hakeim.
La conclusion, très actuelle, porte sur l'impératif stratégique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Si l'idée de relocaliser la production est portée depuis longtemps par des intellectuels et des militants, elle a pris un nouvel élan dans la population à la faveur de la crise sanitaire.
Mais l'État peut-il retrouver un rôle de stratège sans reprendre en main le secteur-clé de l'énergie, ce qui entrerait en contradiction avec la logique de l'UE ?
Émission "Russeurope Express", animée par Jacques Sapir.
L'économiste Jacques Sapir aborde les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 et des politiques de confinement adoptées pour lutter contre l'épidémie en France mais également dans les pays de la zone euro.
Car un choc majeur s'annonce qui, quoiqu'encore incertain dans son ampleur, exigera une réponse forte des institutions nationales et européennes. Nos gouvernements en seront-ils capables ?
Un entretien mené par Nicolas Vidal.
Les récentes commémorations de la victoire sur le nazisme invitent à repenser le rôle qui fut celui de l'URSS dans cet effort de guerre.
En effet, la perception de la contribution respective des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale a grandement évolué avec le temps. Et bien que l'Union soviétique a porté le fardeau le plus lourd en ayant à faire face, jusqu'en novembre 1943, à près de 70% des troupes hitlériennes, il s'agit de comprendre avec Jacques Sapir pourquoi bon nombre de nos comtemporains ne l'entendent pas de cette manière.
Jacques Sapir, économiste et directeur d'études à l'EHESS, revient sur les origines, les théoriciens et les enjeux du souverainisme.
- 0'00'31 : définition de la souveraineté
- 0'02'09 : genèse de la notion
- 0'09'37 : Jean Bodin
- 0'17'53 : Carl Schmitt
- 0'21'54 : naissance du souverainisme comme doctrine politique au Québec dans les années soixante
- 0'24'45 : différences entre souverainisme, patriotisme et nationalisme
- 0'28'13 : souveraineté nationale et souveraineté populaire
- 0'29'43 : souveraineté et démocratie
- 0'30'46 : souveraineté et laïcité
- 0'35'44 : peuple et nation
- 0'41'49 : Europe des nations, fédéralisme européen, jacobinisme européen
- 0'47'44 : la construction européenne et le rôle qu'y ont joué les USA
- 0'54'53 : position de l’Allemagne au sein de l'UE
- 1'01'25 : rôle de l’Euro dans le dispositif européen
- 1'05'17 : monnaie unique, monnaie commune
- 1'06'24 : la démocratie selon Jean-Claude Juncker
- 1'08'17 : fédéralisme européen sui generis et distinction entre légitimité et légalité
- 1'11'34 : le TAFTA
- 1'13'04 : l'OTAN
- 1'15'14 : le "reniement" d'Alexis Tsipras
- 1'16'08 : souverainisme et capitalisme
- 1'19'24 : front des souverainistes
Les questions commerciales ont connu un regain d’attention ces dernières années : TTIP et CETA ont notamment été l'objet de fortes contestations de la part d'associations et des syndicats. Les critiques adressées portaient sur plusieurs points (déficit démocratique lors des négociations, attaque des standards sociaux, environnementaux ou sanitaires, justice privatisée au travers de mécanismes d’arbitrage…) et sont apparues comme une opposition claire à un système de libre-échange débridé et généralisé. Cela n'a cependant pas débouché sur un débat autour du degré de protectionnisme utile ou nécessaire, tant est si bien que le sujet demeure le plus souvent tabou dans les débats publics.
Paradoxalement, depuis près de deux siècles, les pays industrialisés (USA, Grande-Bretagne, France…), principaux promoteurs du libre-échange, ont toujours usé de mesures protectionnistes en fonction d’intérêts particuliers, sectoriels ou de stratégies industrielles : droits de douane sur l'importation d'automobiles entre les États-Unis et l'UE, agriculture exportatrice subventionnée au travers de la Politique Agricole Commune, quotas, barrières réglementaires…
Quel degré de libre-échange/protectionnisme est acceptable, souhaitable ? Dans quel cadre : UE ? OMC ? accords bilatéraux et/ou régionaux ? Avec quelles conséquences pour l'emploi, les standards sociaux, environnementaux et les pays en développement ?
C'est à ces questions que tentent de répondre les économistes Jacques Sapir et Jean-Christophe Defraigne.