L'homme sans liens. Avec Pierre-Yves Rougeyron au Cercle Aristote.


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10.11.2014

L’anomie de nos sociétés est aujourd’hui un fait sinon largement admis du moins globalement constaté avec une sorte de trépignement qui peut inquiéter. Ces germes de pourrissement social attirent à intervalles réguliers tout ce que la France et les sociétés dites avancées possèdent comme faune sociologique, entomologistes sociaux et autres inspecteurs de dépôt de bilan civilisationnel. Il y a quelque chose d’impudique – comme un fantasme de ruine – à contempler la tragédie avec gourmandise en priant de pouvoir abaisser le puce comme dans les arènes romaines devant la grande curée terminale censée emporter notre communion humaine dégradée en vulgaire vivre-ensemble.
C’est de cet homme délié car déraciné et par la même désincarné que Pierre-Yves Rougeyron nous esquisse ici un portrait.
Délié face à ses semblables, face à tout destin collectif, il est désorienté dans le temps et de l’espace ; venu de rien, il n’entend aller nulle part. Déraciné car ne pouvant plus avoir de rapport à la terre et aux morts ; inapte à se figurer dans une société qui, comme l’avait souligné Auguste Comte, est faite de "plus de morts que de vivants". Désincarné car ce qui fait de nous des êtres charnels, c’est ce qui nous distingue de l’autre à l’échelle individuelle, comme notre peau, ou à l’échelle collective, comme les clans, les nations, les frontières.
Comment en sommes-nous arrivés là ?

L'effacement du politique. Avec Pierre Le Vigan au Cercle Aristote.


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23.06.2014

De nombreux travaux paraissent pour identifier les causes de la crise de l’idée européenne, mais peu d’entre eux creusent le sujet jusqu’à la racine, comme le dernier livre de Pierre Le Vigan. Celui-ci est d'ailleurs sous-titré "La philosophie politique et la genèse de l’impuissance européenne".
Parmi les causes de cette impuissance, l'auteur pointe les "belles idées" qui tournent au cauchemar car mal interprétées : liberté, égalité, morale, droits de l’homme, démocratie, etc. Pis, l’Europe ne s’aime pas et pratique le déni – quand ce n’est pas la haine de soi : "On préfère tout ce qui n’est pas nôtre. Chacun y plante et cultive ses croyances. Toutes les diversités sont bonnes sauf celles d’Europe."
A force de se penser seulement en termes économiques, celle-ci est devenue une simple zone marchande, informe et fluide, un néant (et un nain) politique : "Impuissante à vouloir, impuissante à se vouloir." Oui, la crise européenne est d’abord une crise d’identité. Les responsables ? Pierre Le Vigan rappelle les propos de Pierre-André Taguieff, pour qui l’Europe est "gouvernée par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique".
D’où l’urgence de retrouver la voie du politique et de la puissance. Comment ? Certainement pas en s’identifiant à un Occident de plus en plus caricatural. Pierre Le Vigan penche pour une Europe impériale (mais non impérialiste), seule capable de faire face aux géants que sont les Etats-Unis et la Chine.
Dense, d’une grande clarté et d’une érudition sans faille, le travail de Pierre Le Vigan, qu'il présente pendant cette conférence, sera appelé à faire date.

Moralement correct. Avec Jean Sévillia sur Canal Académie.


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06.2007

Le journaliste et historien Jean Sévillia nous présente son dernier livre qui s'inscrit dans un travail qui prend à rebours les poncifs de l’époque : "Moralement correct" examine une société "fondée sur l’exaltation de l’individu où chacun a pris l’habitude de définir ses propres critères du bien et du mal."
Une leçon de courage et d'intelligence.

Les aventures du sujet moderne : société marchande et narcissisme. Séminaire d'Anselm Jappe à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.


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2014

La société contemporaine apparaît dominée par ce que Marx a appelé le "fétichisme de la marchandise".
Mais on y observe aussi une montée du narcissisme au sens de Freud : les individus ne connaissent qu’eux-mêmes et nient la réalité extérieure.
Y-a-t-il un lien entre ces deux phénomènes ? Le narcissisme est-il le côté subjectif du fétichisme ? On y trouve toujours le vide, la négation du monde extérieur dans sa multiplicité, la reductio ad unum.
On propose ici un retour sur la naissance historique du sujet moderne dans son opposition au monde et sur le rôle du "travail abstrait" qui se représente dans la valeur marchande, ainsi que sur la dimension anthropologique et psychanalytique du problème - jusqu’aux formes extrêmes de narcissisme que sont la destructivité et la violence aveugle.

Remarque : les cours n°01, 03 et 20 n'ont pas été enregistrés.

L'individu qui vient. Avec Dany-Robert Dufour à l'Université Populaire du 2ème arrondissement de Paris.


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25.02.2014

Après avoir surmonté en un siècle les deux séismes majeurs que furent le nazisme et le stalinisme, la civilisation occidentale, se trouve emportée par le libéralisme d'aujourd'hui, le néolibéralisme. Il en résulte une crise générale d'une nature inédite : politique, économique, écologique, morale, subjective, esthétique et intellectuelle.
Il n'y a cependant nulle fatalité dans cette troisième impasse historique en un siècle. Il convient en effet de reprendre les choses là où elles ont été interrompues par le triomphe de cette religion immanente et matérialiste qu'on appelle le "divin Marché". Laquelle fonctionne, comme toute religion, sur une promesse : le salut par l'augmentation sans fin de la richesse. Fuite en avant qui mène tout droit à la dévastation du monde.
Pour obvier à ce sort, il faut en revenir au cœur de la civilisation occidentale afin d'y trouver les principes nécessaires à la refondation de notre monde. Cette civilisation possède les sources et les ressources nécessaires à sa Renaissance pour peu qu'on se donne un droit d'inventaire sur les deux sources du grand récit occidental :
 - le récit monothéiste, que les Latins tenaient de Jérusalem, pour lui faire admettre une seconde fois la dignité de l'homme et de la femme
 - le récit du Logos, venu des Grecs et d'Athènes en particulier, en visant à le débarrasser de l'exclusion qu'il prononçait à l'encontre de certaines catégories de citoyens voués à l'entretien des maîtres.
L'enjeu, c'est tout simplement la perspective d'une nouvelle Renaissance

L'individualisme à l'heure de l'hypermodernité, les nouveaux paradoxes de l'autonomie individuelle. Avec Gilles Lipovetsky au Club 44 à la Chaux-de-Fond.


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03.02.2009

L’individualisme est entré dans une nouvelle phase de son aventure historique, son moment hypermoderne caractérisé par six traits fondamentaux: le culte hédoniste, le culte du corps, le culte psy et relationnel, le culte du marché, le culte de l’autonomie individuelle et la disparition de la foi dans les grandes idéologies modernes de la Nation et de la Révolution.
Entre frénésie du présent et peur de l’avenir, consumérisme et "retour du religieux" se dessine un individu hypermoderne et paradoxal.
L’hyper-individualisme signifie libération de la vie privée mais aussi fragilisation des personnalités (anxiété, dépression, suicides…). Il tend à dissoudre les sentiments d’appartenance à l’entreprise mais il n’abolit pas nécessairement les formes d’implication de soi dans l’activité de travail. Il nous tourne toujours plus vers nous-mêmes, mais simultanément il génère de nouvelles demandes d’éthique.
S’il y a une pente de l’hypermodernité qui conduit à un individualisme irresponsable, une voie alternative responsable reste possible.

Histoire des dogmes. Série de conférences d'Henri Blocher à l'Eglise Baptiste Le Tabernacle à Paris.


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1981

Le professeur Henri Blocher mène une série d'études sur l'autorité en matière de foi dans l'église chrétienne.
En effet, la question de la référence qui permet d'exprimer le dogme fait débat depuis la naissance de l'église, dès les premiers siècle de notre ère. Les problèmes de la transmission orale, du canon biblique et de son interprétation : autant d'occasion de préciser les positions et de combattre les hérésies qui ne cessent de naître au sein du corps de l'église.
L'on comprend également l'ascension du pouvoir de l'église de Rome et l'élaboration du catholicisme romain, qui s'est faite notamment au travers des grands conciles et de leurs débats décisifs pour la vie de l'église (hiérarchisation de l'épiscopat et importance grandissante du patriarche de Rome).
Enfin, la période qui va de la fin du Moyen Age jusqu'à nos jours permet d'étudier la réforme protestante et l'idée d'une critique possible des opinions et des pratiques de l'église, en se fondant sur l'Ecriture Sainte.
Les enjeux actuels sont finalement abordés. Outre la polémique avec les théologiens catholiques qui reste vive, ce sont les nouveaux phénomènes comme le modernisme ou la naissance des réveils charismatique et pentecôtiste qui posent question.

L'identité. Avec Zygmunt Bauman à l'Université de tous les savoirs.


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07.05.2000

Il y a eu une véritable explosion discursive ces dernières années autour du concept d' "identité" : aucun autre aspect de la vie contemporaine, n'attire, semble-t-il, autant d'attention de la part des philosophes, des spécialistes des sciences humaines et des psychologues.
Les "études d'identité" ne sont pas les seules à devenir rapidement une industrie florissante, cela va bien au delà - on peut même dire que "l'identité" est devenue maintenant un prisme par lequel d'autres aspects de la vie contemporaine sont reconnus, compris et examinés.
Par exemple, le débat sur la justice et l'égalité tend à être conduit en termes de "reconnaissance", on parle de culture en termes de différences, de créolisation et d'hybridité individuelles, de groupes ou de catégories, alors que le processus politique est encore plus souvent théorisé autour des problèmes liés aux droits de l'homme et aux "politiques de vie".
A l'ère de la "modernité liquide", Zygmunt Bauman se propose d'essayer de cerner ce concept tant invoqué d' "identité".