Fondateur du GRECE, personnalité profondément originale et figure intellectuelle majeure de notre époque, Alain de Benoist revient sur les thèmes et les débats abordés dans les années 60 et 70 au sein de la "Nouvelle Droite", qui sont depuis devenus des sujets majeurs de notre époque.
Cette étrange préfiguration s'est déployée en avant-scène d'un substrat intellectuel que le philosophe aborder ici : celui du polythéisme et des racines païennes de l'Europe.
Un entretien mené par Éric Verhaeghe.
Pour penser, nous avons besoin de catégories tout comme pour parler nous avons besoin de noms, de verbes, d'adjectifs et d'autres termes grammaticaux. Et pour penser la politique, nous avons besoin de catégories politiques. Encore faut-il qu'elles soient utiles, c'est-à-dire qu'elles aident à clarifier nos propos.
Or, à l'évidence, ce n'est plus avec les mots "droite" et "gauche" que nous pouvons rendre compte de la mutation radicale qu'a connue le champ politique ces deux dernières décennies.
Décryptant les programmes et la sociologie mais aussi les jeux de pouvoir, les réseaux et les affaires, Denis Collin nous montre où se trouvent aujourd'hui les lignes de fractures qui structurent le politique.
Beaufs et barbares : le pari du nous, d'Houria Bouteldja, est récemment paru aux éditions de La Fabrique, quelques mois après Rester barbare, de Louisa Yousfi, chez le même éditeur. L
Elles reviennent d'abord sur les positions et l'apport du Parti des indigènes de la République (PIR), dont la contribution politique forme le contexte de leurs deux ouvrages. S'il a été très décrié, et en particulier accusé de communautarisme, le PIR est pourtant à l'origine du développement en France d'un antiracisme "politique", qui a pour la première fois pris à bras-le-corps les causes structurelles du racisme. De nombreuses catégories d'analyses désormais largement utilisées pour saisir les données du problème, à commencer par la notion de blanchité, ont été introduites par les militants "indigénistes".
En revenant sur la mauvaise réputation de l' "indigénisme", Houria Bouteldja et Louisa Yousfi rejettent les accusations d'homophobie ou de misogynie tout en expliquant pourquoi l'imposition de normes de vie extérieures obligées, dont l'émergence a correspondu à des enjeux politiques européens/blancs, peut constituer un surcroît de violence subi par des communautés déjà en situation de relégation à tous égards et miner plus encore leur capacité de survie dans la dignité.
Avec Rester barbare, Louisa Yousfi offre une méditation sur la condition des Français d'origines arabes et africaines à partir des références littéraires et musicales qui leur sont propres, loin de la culture légitime et des injonctions à l'intégration. Rejeter l'intégrationnisme, c'est, dit-elle, refuser de refermer la porte derrière soi en abandonnant à leur sort les familles du pays d'origine ou des "quartiers", et refuser de jouer le jeu d'une société capitaliste mortifère. Plutôt que l'intégration, donc, la libération ‒ laquelle implique aussi celle des Blancs en tant que parties prenantes de la domination postcoloniale.
Houria Bouteldja, de son côté, développe une réflexion historique et stratégique sur ce qui a jusqu'ici empêché les victimes du mépris de race et celles du mépris de classe, les "beaufs" et les "barbares", de faire cause commune contre la domination bourgeoise. La notion d' "État racial intégral", qu'elle construit à partir des pensées de Gramsci et de Poulantzas, lui permet de rendre compte d'une "collaboration de race" entre bourgeoisie et petits blancs qui ont longtemps eu des intérêts communs à la perpétuation de l'impérialisme. La radicalisation néolibérale du capitalisme a cependant des effets de plus en plus dévastateurs sur les classes populaires blanches, à tel point que les élites dirigeantes doivent redoubler d'effort pour stimuler l'islamophobie ‒ comme on l'a vu avec la loi "séparatisme" promue au lendemain de la crise des gilets jaunes ‒ de manière à prévenir la possible constitution d'une majorité alliant entre les perdants blancs et les indigènes.
Comment remplacer le "pacte racial" capitaliste-impérialiste et "abolir la race" pour construire une hégémonie décoloniale, nécessairement révolutionnaire ? Un tel projet imposerait l'émergence de véritables directions politiques et la constitution d'une autre "dignité blanche", non plus fondée sur un suprémacisme hérité du rapport colonial mais sur la reconstruction de communs, de valeurs et de styles de vie, loin du consumérisme et de la compétition économique comme unique culture.
Émission "On s'autorise à penser", animée par Julien Théry.Émission "On s'autorise à penser", animée par Julien Théry.
Publié en 1993, le Voyage au centre du malaise français fit scandale par son analyse critique de SOS Racisme et de "l'immigrationnisme". L'auteur du livre, Paul Yonnet, avait pourtant mené une enquête sociologique rigoureuse, loin des polémiques politiciennes, et pointé les problèmes soulevés par l'apologie du "droit à la différence" au détriment de l'universalisme républicain et de la pratique française de l'assimilation.
Réédité en 2022 avec une préface de Marcel Gauchet, le livre de Paul Yonnet frappe par sa lucidité. Les slogans lancés par SOS Racisme ont produit une idéologie antiraciste qui procède d'un préjugé racialiste et le climat de libération intellectuelle des années quatre vingt a été remplacé par de nouvelles formes d'intolérance et de censure.
Intellectuel de sensibilité écologiste, ancien homme politique et chef d'entreprise, Laurent Ozon nous propose une mise en perspective de l'actualité politique, économique ou techno-scientifique.
Car la déferlante d'informations journalière mérite d'être analysée avec recul et sans passion, afin qu'elle prenne sens et oriente l'action.
Les classes populaires subissent un éloignement géographique, social, politique et culturela alors qu'ils sont pourtant la majorité. Ils sont aussi à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés. Ils sont les dépossédés.
Le géographe et essayiste Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
Émission "En toute vérité", animée par Alexandre Devecchio.
Sans débat, pas de démocratie, répète-t-on à l’envi. C'est encore plus vrai dans le monde des idées. La philosophie crève de ne plus débattre, sinon en vase clos. Tout le contraire de Renaud Camus et d’Olivier Rey. Quand l'auteur de La Dépossession rencontre celui d'Une question de taille, cela donne une rencontre au sommet.
Une rencontre qui se veut le début d'une réponse écologique à la fois radicale et enracinée à opposer à la technique sans âme et au marché sans loi qui nous dépossèdent du monde que nous aimons.
Un échange modéré par François Bousquet.
Président du mouvement politique République souveraine, Georges Kuzmanovic n'a pas réussi à se présenter à la dernière élection présidentielle. En 2018, cet ancien porte-parole de Jean-Luc Mélenchon quittait la France Insoumise, regrettant son flou sur l'Union européenne et sa stratégie wokiste. Spécialiste de géopolitique, il analyse aussi très finement les conséquences dramatiques de la guerre en Ukraine.
- 0'00'31 : Présentation
- 0'01'24 : Citation de François Ruffin sur Jean-Luc Mélenchon
- 0'04'34 : Changement de stratégie de LFI ?
- 0'13'28 : Immigration, islamisme, sécurité, thèmes tabous à gauche
- 0'19'36 : Passage de la lutte des classes à la lutte des races ?
- 0'20'17 : Votre gauche est-elle minoitaire ?
- 0'22'56 : Qui défend aujourd'hui la France périphérique ?
- 0'23'44 : Marine Le Pen se présentait comme la présidente du pouvoir d'achat
- 0'25'51 : François Ruffin sur l'insécurité du quotidien
- 0'32'33 : Découragé de la défaite aux présidentielles ?
- 0'36'28 : Où vous situez-vous ?
- 0'42'15 : C'est quoi être souverainiste aujourd'hui ? C'est être pour le Frexit ?
- 0'46'11 : Georges Kuzmanovic, un espion de Poutine ? Pro-russe ?
- 0'52'59 : Evolution de la guerre en Ukraine
- 1'07'54 : Faut-il continuer à envoyer des armes à l'Ukraine, quitte à prolonger le conflit ?
- 1'18'05 : Comment analysez-vous le rôle de la diplomatie française ? Quel devrait-être le positionnement de la France ?
- 1'20'51 : La centaine d'heures de discussions d'Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine
- 1'23'18 : Faudrait-il proposer une conférence de la paix ?