La Révolution n'a pas été la réalisation d'un seul projet, incarné par un seul groupe, mais la rencontre de projets réformateurs et utopiques concurrents, dans un pays fragmenté par de fortes identités régionales, religieuses et politiques. Les travaux de Jean-Clément Martin invitent à une nouvelle lecture des années 1770 à 1802 autour de quatre moments qui ont donné à la France cette histoire à la fois chaotique et exceptionnelle.
La révolution par le haut, initiée par Louis XV et maladroitement reprise par Louis XVI, échoue sur le coup de force magistral de 1789. S'ouvre alors cette "révolution-régénération" attendue par la quasi-totalité des Français, dernière des révolutions du monde atlantique. La véritable révolution commence en 1792, conduite par des hommes qui inventent de nouvelles règles de vie. La violence, qui échappe au contrôle de l'Etat, permet la victoire nationale mais ruine l'unité du pays. Après l'élimination de Robespierre, la stabilisation recherchée par des groupes rivaux réussit à souder la nation mais bute sur des révolutions de palais jusqu'à confier l'Etat à un général charismatique.
C'est en rendant compte de cette complexité que Jean-Clément Martin montre comment la France et au-delà le monde entrent dans la modernité.
Qu'est-ce que "cancel culture" ou "culture de l'annulation" en français ? Ce phénomène est-il une mode ou consiste-t-il une réelle menace pour nos sociétés ?
L'historien du monde arabe contemporain Henry Laurens, qui vient d'écrire Le passé imposé (Fayard) et Pierre Vesperini, historien spécialiste de l'Antiquité grecque et latine, auteur de Que faire du passé ? (Fayard), nous aident à répondre à ces questions.
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique.
Les livres changent le monde. En douteriez-vous ? C'est en compagnie de l'écrivain philospohe Régis Debray et du haut fonctionnaire Didier Leschi qu'au travers de cette série d'émissions nous allons comprendre pourquoi, mais surtout comment.
Cette série sur l'histoire des idées, l'histoire du monde, l'Histoire donc tout simplement dessine le paysage (subjectif) de la trentaine de livres qui ont bouleversé, depuis 1900, la marche des choses et transformé les représentations à l'échelle internationale.
Introduite par une émission sur l'histoire de la diffusion des textes, l'étude se termine sur une tentative de dessiner l'avenir. Il y a des livres qui font tomber des murs.
Dans La Traîne des empires (Editions Passés/Composés), l'historien Gabriel Martinez-Gros précise sa théorie générale des empires en étudiant les relations entre l'Empire et la religion : le christianisme, l'islam et le bouddhisme se créent à la fin des empires, pour répondre à leur manière à l'impuissance du pouvoir impérial.
Ces dynamiques historiques permettent-elles d'éclairer notre temps ? Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle religion, dans un "Occident" guetté par les marginalités violentes, islamistes et mafieuses ?
Dans notre histoire, la nation a longtemps constitué un facteur décisif d'émancipation face aux empires et au pouvoir de l'Église universelle, avant d'être désignée comme coupable de toutes les guerres modernes. Cette dialectique simpliste est aujourd'hui battue en brèche, tandis que les nations européennes se trouvent plongées dans l'impasse d'un monde post-politique qui a prétendu faire triompher la paix et les Droits de l'homme grâce au dépassement de la nation. S'exprime désormais le besoin de penser à nouveaux frais la question de la souveraineté et de la cohérence des communautés politiques, spécialement quand les enjeux liés à l'immigration et au multiculturalisme mettent en évidence la nécessité de retrouver une substance commune.
Bernard Bourdin présente la nation comme une ressource d'avenir pour répondre à ces défis et défend la thèse que son renouvellement comme cadre politique émancipateur, dans une approche confédérale et non fédéraliste de l'Union européenne, peut fournir les clés qui permettront aux nations européennes de traverser les bouleversements du monde pour rester dans l'Histoire.
Pourquoi la Grèce ?, demandait Jacqueline de Romilly : parce qu'on y trouve des clés pour mieux vivre le présent.
Accompagnée de nombreux spécialistes du domaine et en marge d'une exposition au musée du Louvre en 1979, il est ici question de la civilisation des îles grecques, civilisation située sur la mer Égée, cette mer divine et mythologique.
Ce territoire qui compte plus de 2000 îles sur la mer, dont 227 habitées environ, du golfe Saronique près d'Athènes aux Cyclades, jusq'au Dodécanèse au sud-est, nous a laissé, dès le 7e millénaire avant notre ère, des traces de communication avec le continent grec.
L'activité maritime, la splendeur de sa culture, le rôle des îles avec Athènes, l'art religieux et la vie locale : autant de sujets qui sont abordés au cours d'échanges passionnants.
Les penseurs Français ont joué un rôle majeur dans la naissance du socialisme et du communisme, notamment ceux que l'on peut intégrer à la frange radicale des Lumières et qui entendait approfondir les avancées rationalistes et universalistes face à une réappropriation bourgeoise et hypocrite des progrès mis en oeuvre dans l'histoire.
Cette aspiration démocratie radicale s'est incarnée dans un certain élan de la Révolution française qui, tout en imaginant des solutions du côté de l'utopie, revendique aussi ses droits dans le réel.
Une étude historique bienvenue de la part de la philosophe Stéphanie Roza, qui nous rappelle la force et les acquis d'un héritage aujourd'hui trop facilement remis en question.
L'orientalisme et l'occidentalisme, c'est-à-dire les savoirs sur la société de l'autre se sont développés en parallèle, permettant de créer des comparaisons qui, dans certains cas, deviennent des actions.
Pris dans la temporalité longue de la grande divergence du XVIIIe siècle où l'Europe se sépare des autres sociétés à la grande convergence actuelle, différentes attitudes contradictoires se succèdent pour aboutir à un conflit des identités à un moment où en réalité le narcissisme de la petite différence dissimule une très probable dissolution de l'exogène.