

(0)
Dans cette conférence, Yvan Blot traite des rapports de l’héroïsme et de la philosophie de quatre points de vues différents.
1. Héroïsme et christianisme
Le christianisme est une religion héroïque. Le Christ est la figure héroïque par excellence puisqu’il donne sa vie pour sauver les autres hommes. Sa mère, la Vierge Marie, est héroïque pour avoir accepté le sacrifice de son fils. Beaucoup de saints sont en même temps des héros (mais tous ces héros ne sont pas des saints). Jeanne d’Arc est l’exemple français par excellence. Pour les philosophes existentiels chrétiens comme Pascal et Kierkegaard, le héros chrétien donne du sens à sa vie en se tournant vers l’immortalité. Saint Jean Climaque (VIIe siècle de notre ère) décrit le cheminement héroïque du chrétien qui se rapproche de Dieu. Dans son livre L’échelle sainte il décrit la montée de l’échelle qui mène à Dieu par la maitrise des instincts, des passions et de l’intellect. Il y a de l’héroïsme dans ce mysticisme.
2. Anthropologie et personne héroïque
Elle est au centre d’une bonne partie de notre littérature et notamment dans les tragédies. Elle fait l’objet du célèbre livre de Carlisle Les Héros. L’anthropologie de Gehlen montre l’importance de la personnalité héroïque dans notre civilisation.
3. Tradition et héroïsme
Les traditions cultivent l’héroïsme comme le montrent Hayek, Burke, Dumézil ou Ilyine. Les traditions contiennent une sagesse sélectionnée par l’histoire : les peuples qui honorent leurs héros survivent mieux aux épreuves.
4. L’héroïsme et la philosophie de l’être.
Pour ses philosophes, l’authenticité est dans l’héroïsme : Nietzsche propose aux humains qui ont perdu Dieu un succédané sous la forme du Surhomme. Berdiaev voit l’étincelle divine dans l’homme dans sa capacité de création. Soloviev voit dans l’héroïsme la façon de cultiver le bien face à la tentation utilititariste (voir son livre sur La justification du Bien). Heidegger, comme Nietzsche, remonte à la Grèce antique qui a le culte des héros depuis Homère et les Tragiques. Il tire sa vision de l’homme de Sophocle dans Antigone : l’homme est l’être le plus dangereux qui s’aventure partout et qui emploie la violence, technique, pour s’affirmer dans l’histoire face à la justice cosmique. L’homme est le site de l’œuvre qui est risquée mais qui est le signe de sa part de divinité.
En ce sens, l’homme héroïque incarne la plénitude de l’être humain. Le refus de l’héroïsme est un refus d’assumer pleinement la condition humaine sur terre.


(0)
"Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l'Européen de l'avenir", écrit Nietzsche en 1885. C'est à cette tâche qu'Heinz Wismann s'est consacré en interrogeant les traditions intellectuelles qui, dans leurs différences et leurs contradictions, constituent la culture philosophique et scientifique contemporaine.
Au centre de ses activités de passeur entre l'Allemagne et la France : l'analyse des mécanismes par lesquels une tradition se sédimente et tout à la fois innove. La conception des rapports entre les langues en est le terrain d'exercice privilégié, car ce qui se joue entre elles modifie leur structure syntaxique. En déployant son enquête à l'intérieur d'un triangle allemand-français-grec, il met en lumière différentes hypothèses de sens, chaque fois portées par une autre manière de parler. Ainsi découvrons-nous comment certains auteurs majeurs ont dit dans leur langue autre chose que ce qu'elle dit communément : ils inventent une langue dans leur langue.
D'Homère à Benjamin, de Platon à Kant, de la philologie à la musique, de la langue au texte, c'est ce tissage de la pensée qu'Heinz Wismann évoque avec un savoir et un talent exceptionnels.


(0)
"Quand dans une cité la loi est assujettie et sans force, je vois sa perte toute proche. Mais où elle règne sur les chefs et où les chefs se font les esclaves des lois, c'est le salut que je vois arriver là et avec lui tous les biens que les Dieux accordent aux cités"
À partir de cette citation introductive empruntée à Platon, Alain Supiot, professeur au Collège de France, revient sur le règne de la loi dans nos sociétés à travers les siècles. De la Grèce antique à aujourd'hui, il nous présente un certain idéal où seule la loi gouverne.


(0)
Il est intéressant de voir Jacques Sapir, athée et républicain, répondre à une série de questions venant d'un catholique royaliste, Franck Abed. C'est bien à deux visions du monde que nous avons affaire.
1. Retour sur le cas Donald Trump
2. Le rapport à l'argent aux Etats-Unis et en France
3. Les primaires des partis politiques sont-ils un outil démocratique ? D'ailleurs, la "démocratie" n'est-elle rien d'autre qu'une illusion ?
4. Que penser des partis politiques qui, bien que se revendiquant républicain, gère dans les faits leur structure de façon monarchique ?
5. La place des religions dans les civilisations
6. Retour sur la question de la propriété (privée et collective)
7. Pourquoi se souvient-on d'Athènes plutôt que de Sparte ?


(0)

(0)
En quoi consiste le miracle grec ? Quelles sont les innovations ayant marqué ce que nous appelons la pensée grecque et pourquoi se sont-elles produites dans ce monde grec ?
Le mérite du travail de Jean-Pierre Vernant, discuté ici en compagnie de François Châtelet et Pierre Vidal-Naquet, est de réaliser une synthèse personnelle et accessible sur un sujet controversé où s'affrontent de nombreux hellénistes. Il retrace les grandes lignes d'une évolution qui, de la royauté mycénienne à la cité démocratique, a marqué le déclin du mythe et l'avènement de savoirs rationnels.


(0)
Chacun connaît la grande prohibition fondatrice du lien social : celle de l'inceste – explorée par la grande anthropologie. On connaît moins la seconde prohibition nécessaire à la vie en société : celle de la pléonexie.
Mais d'abord, que veut dire "pléonexie" ? C'est un terme grec, fort utilisé dès la naissance de la philosophie, formé de pleon (plus) et echein (avoir), signifiant donc, littéralement, "avoir plus", vouloir toujours plus.
La question reste, on en conviendra aisément, très actuelle.


(0)
L’Athènes du Ve siècle avant J.-C. représente un cas limite : c’est une ville relativement petite, à nos yeux de modernes, avec très peu d’arrière-pays, et elle a régné sur un empire occupant une part importante du monde méditerranéen. De plus, Athènes présenta ce trait particulier qu’elle fut parfaitement consciente de la nature du pouvoir qu’elle exerçait, de ses raisons et des possibilités mêmes qui en découlaient pour elle. Ce pouvoir, de toute évidence, était une thalassocratie, c’est-à-dire le pouvoir de la mer.
Jacqueline de Romilly dresse le portrait de l'ascension et du déclin de ce pouvoir athénien sur la mer Méditerannée.