C’est en tant qu’helléniste que Jacqueline de Romilly s’exprime ici sur l’Europe.
Elle rappelle que la démocratie est née en Grèce mais aussi que plusieurs grands auteurs grecs ont critiqué cette conception. Elle nous rappelle la nécessité du "nomos", de la loi qui protège le faible et le défend contre les outrages et la violence.
Ces mots, enracinés dans une profondeur historique indispensable, sont offerts pour penser notre monde : à nous de les saisir pour mieux comprendre notre héritage et notre devenir.
Avec ce retour sur le mythe de la première femme, Jean-Pierre Vernant s'adresse simplement à des auditeurs qui voudront bien consacrer une heure à l'explicitation d'une histoire.
Un mythe parmi d'autres ? Oui, car "comme beaucoup de mythes grecs, on s'aperçoit qu'il y a, à travers l'intrigue, sans avoir l'air de rien, une forme de sagesse, une forme de réflexion sur ce que nous sommes, sur la condition humaine." Un mythe parmi d'autres car la question particulière qu'il pose est, comme si souvent dans la mythologie grecque, une question aussi cruciale qu'éternelle : "Cette question -pourquoi deux sexes ?- est fondamentale parce qu'on ne peut comprendre ce qu'est l'homme tant qu'on n'a pas élucidé les questions d'une sexualité double. Ni comprendre ce qu'est le monde, ni désigner par la parole chaque réalité de ce monde."
Et cette histoire raconte posément la première femme, qui fut écrite par Hésiode : Pandora. Elle est la divine séductrice inventée par les Dieux, qui se vengent d'un humain trop malin. Cet homme qui a tenté de les avoir, c’est Prométhée, défini par Vernant comme "le soixante-huitard de l’Olympe, qui (…) va essayer de berner Zeus en faveur des hommes." Pour définitivement punir les hommes de leur manoeuvre de subversion, Zeus va créer cette éternelle tentatrice que les religions ont inlassablement réinventée à l'image de celle que lui avait donnée les Anciens. "Elle rayonne de charis. Le charme, la beauté, la séduction." Mais la belle cache derrière cette apparente perfection une "âme de voleuse".
Cette intervention nous permet alors de repenser notre histoire, nos sexes, nos origines. Et les dieux sur lesquels ces histoires ont été bâties.
L’occasion de nous reposer la question du vrai et du faux, du vu et du raconté, de l’évident et du caché. Ce "hiatus entre l’apparence, l’apparaître et la réalité." L’occasion, comme l’essence de la philosophie le demande, de questionner la question. Et peut-être la plus cruciale, puisqu’il s’agit avant tout de la naissance, de la différence entre l’homme et le divin, de l’ambiguïté d’une figure divine enfermant en elle tous les paradoxes humains. En un mot, "dans cette narration compliquée, amusante je crois, on voit qu’il peut y avoir dans un récit mythique, par-delà le divertissement, un problème affronté sans jamais être explicitement posé : Nous les hommes, qui sommes-nous ? Et pourquoi ne peut-on pas être des hommes s’il n’y a pas aussi des femmes avec nous ?"
Trois mille ans après sa composition, ce grand poème épique grec en 24 chants fait toujours vibrer le lecteur qui accepte de se laisser emporter, et il charme toutes les générations, sous les formes les plus diverses, parfois très (trop) adaptées.
D’innombrables traductions en existent, dans de multiples langues, et chaque époque revisite, en fonction de ses propres attentes, ce roman d’aventures d’une profondeur psychologique, symbolique et dramatique inépuisable.
Philippe Brunet a consacré une grande part de sa vie à Homère. Il va même jusqu’à… lui redonner voix !
Emission "Tout un monde".
« S’il est vrai qu’aujourd’hui les conclusions de Marx ne pourraient guère être acceptées dans le détail, sa thèse est d’un très réel intérêt pour qui étudie l’épicurisme... et quiconque étudie l’épicurisme, à la lire, en retirera quelques idées fort éclairantes » : ce jugement de Cyril Bailey, formulé voici soixante ans, conserve justesse et actualité.
Jean Salem s'attache à lui ajouter du crédit, en tâchant de restituer le plan général de l’ouvrage, puis en y étudiant par après deux thèmes particuliers qui sont la théorie des météores et celle de la déclinaison atomique.
Conférence donnée dans le cadre du séminaire "Marx au XXIème siècle. L'esprit et la lettre", à Paris I-Sorbonne, Amphithéâtre Lefebvre.
On se représente souvent la folie comme un regrettable accident pouvant survenir dans le parcours de tout un chacun. Le philosophie prendra le parti inverse et soutiendra que la folie se trouve au cœur de la condition humaine. La folie ne serait donc pas accidentelle, mais structurelle.
La question serait alors de savoir
1° pourquoi ?
2° quels sont les effets de cette diffusion de la folie dans l'histoire ?
3° Quels seraient les remèdes ?