Parcourant l'antiquité du Ve siècle grec jusqu'à la chute de l'Empire romain, Michel De Jaeghere ne se contente pas de faire le récit frémissant de nos grands ailleux. Il suit à la trace les débats, les dilemmes, les conflits et les échecs de ces deux civilisations.
Fidèle à sa méthode inaugurée dans son Cabinet des antiques (Les Belles Lettres), il prend appui sur de grands noms pour faire dialoguer les textes antiques avec notre propre histoire et tenter de dégager ce qu'ils ont à nous dire d'essentiel, de vital sur nous-mêmes.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
Publié 10 ans après Comprendre l'empire, Comprendre l'époque n'est pas un livre comme les autres. C'est une odyssée conceptuelle qui remonte au racine grecques de la raison et de l'égalité. Une longue épopée qui aboutie à travers une mathématisation du monde, à un dévoiement de l'égalité pour la mettre au service de l'inégalité.
Un entretien mené par Rachid Achachi.
Une question revient inlassablement au sujet de l'esclavage dans le monde grec : comment peut-on imaginer que des penseurs comme Socrate ou Aristote n'aient jamais dénoncé, et aient même apporté leur caution, à ce crime contre l'humanité qu'est l’esclavage ?
Cette question est en réalité absurde. Gageons même qu'elle aurait été proprement inaudible aux hommes de l'Antiquité. Les auteurs antiques ont reconnu l'universalité de la raison humaine, en affirmant même la commune égalité et liberté de tous les hommes, certes, mais leur universalisme n'a jamais conduit à remettre en cause l'esclavage. Ils n'ont même jamais conçu que l'égalité "naturelle" entre les hommes puisse se traduire positivement dans le droit et, dès lors, dans la société de leur temps.
Et pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel ces penseurs ont entrepris de légitimer l'esclavage. C'est que la domination esclavagiste en Grèce ancienne ne se justifiait pas d'un ordre de légitimité extérieur. Ni la prétendue supériorité d'une race ni l'autorité des dieux ne justifiaient en elles-mêmes l'existence de l'institution esclavagiste.
L'esclavage relevait d'une catégorie de choses déconcertantes pour le raisonnement historien : celle des institutions dont l'être ou le non-être ne prêtait pas au débat. Comment saisir dans ce cas la pensée grecque de l'esclavage ?
Historien amoureux de l'Antiquité, Paul Veyne est l'un des plus fervents pour nous transmettre ce que furent les manières de vivre, d'aimer, de penser, d'habiter dans la Grèce classique puis dans la Rome Antique.
Auteur de nombreux livres écrits dans une langue savoureuse, il sait nous rendre présent le climat intellectuel et les joutes oratoires qui se livrèrent dans ce passé si lointain et qu'il nous restitue de manière incandescente. Il fut aussi l'ami de Michel Foucault et de Réné Char.
Professeur honoraire au Collège de France, il publie aux éditions du Seuil, un livre important sur le basculement de la civilisation grecque vers la romanité : L'empire gréco-romain.
De la vocation originelle jusqu'au sentiment de finitude, de la méthode d'écriture de l'Histoire à la construction des mythes, des contradictions de la société romaine à l'héritage grec, ces entretiens nous permettent de (re)découvrir l'un de nos plus grands historiens de l'Antiquité.
Une série d'émissions animée par Laure Adler.
Telle est la sombre grandeur proposée désormais à l'historien contemporain : consacrer ses efforts à discréditer les auteurs anciens en montrant à quel point ils avaient été tributaires de leurs aveuglements ; souligner les lacunes, la myopie, l'extravagance de leurs jugements ; débusquer préjugés de classe et stéréotypes de genre ; dresser l'inventaire, la généalogie de leurs successives réinterprétations par chaque génération.
Tenir en revanche leurs œuvres pour un réservoir d'exemples, de modèles, de situations utiles pour guider notre réflexion, comme le recommandait Plutarque, les considérer même comme des chefs d’œuvre d'une "inaltérable actualité", parce qu'ils "savent dire ce que l'homme a d'humain" serait rester à la surface des choses, "dans l'éther de la culture classique". Se flatter de poursuivre avec ces vieux morts un dialogue que nos différences et notre éloignement relèguent au rang de vain songe relèverait de la naïveté, de l'amateurisme et de l'outrecuidance.
Michel de Jaeghere pense tout le contraire. Répudiant tout anachronisme simplificateur, mais refusant aussi de considérer le legs de l'Antiquité comme une beauté morte, inféconde, il mobilise sa formation d'historien des idées, sa longue fréquentation des auteurs antiques, et sa familiarité avec la politique contemporaine pour affronter une redoutable question : les Anciens sont-ils, en politique, encore de bon conseil ?
Émission du "Libre journal de la vie", animée par Jean-Marie Le Méné.
L'historien et journaliste Guillaume Durocher nous invite à relire la tradition politique des Grecs à la lumière du darwinisme et de la philosophie évolutionniste, ce qui s'avère une voie d'analyse particulièrement féconde.
Cet entretien est consacré aux trois grandes figures intellectuelles et littéraires de la Grèce antique que sont Homère, Hérodote et Platon, à savoir le poète, l'historien et le philosophe.
Un travail qui constitue une excellente introduction à la philosophie politique grecque, mais aussi, dans une perspective archéofuturiste, une inspiration pour des temps nouveaux.
- 0'00'00 : Une nouvelle perspective sur la pensée politique des Grecs
- 0'28'07 : Homère et l'Iliade
- 0'43'22 : Hérodote
- 1'05'53 : Platon
Des présocratiques à Plotin en passant par Socrate, Platon, Aristote, Épicure et les stoïciens, Jean-François Mattéi nous convie à un voyage initiatique dans la philosophie antique. C'est à cette source que la raison occidentale se nourrit depuis des siècles.
On y assiste à la naissance de la philosophie, de la physique, des mathématiques, de la politique : éblouissant feu d'artifice de la pensée comme l'histoire en a peu connu depuis lors, et qui continue de résonner dans les débats d'aujourd'hui.
On s’était bien trompé ! On avait nourri bien des illusions, dans les années 1990, chez ceux qui avaient annoncé qu'après l’effondrement de l'URSS, couplé avec la fin des conflits coloniaux, la démocratie était vouée, grâce à la paix, à triompher bientôt sur toute la planète. On se souvient que le professeur américain Francis Fukuyama avait ainsi prédit la "fin de l'Histoire", autrement dit le triomphe du modèle politique des États-Unis tout autour de la Terre, selon une logique incoercible. Hélas ! le XXIe siècle s'est déjà chargé de faire voler en éclats cette belle illusion en nous rappelant que les relations entre la guerre, la paix et la démocratie, étaient bien plus compliquées que cela.
Certes, une défaite existentielle a raison de presque tous les régimes. Les cas récents de la France comme de l'Allemagne nous l'ont assez appris - pour ne pas parler du Japon en 1945 ou, plus près de nous, de l'Argentine, dans l'affaire des Malouines.
Mais on ne peut pas s'en tenir à cette simple observation. Et afin d'approfondir la réflexion dans ce domaine, nous braquons l'attention sur un cas particulier, celui de la guerre dite du Péloponnèse, qui opposa Athènes à Sparte, au cours des trois dernières décennies du IVe siècle avant notre ère.
On a accoutumé de parler d'Athènes comme de la "mère des démocraties". Il est donc pertinent de considérer, en comparaison avec notre temps, quels effets ces hostilités ont eus sur la marche d'un régime qui demeure si prestigieux mais aussi quelle influence la nature même de ce régime a pu avoir sur la conduite de la guerre.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.