François Huguenin, dans son livre Résister au libéralisme, mène une enquête très solide et très approfondie sur les courants communautariens, républicains et autres nouvelle théologie politique, sous l'angle de leur commune opposition au libéralisme.
On attendait une occasion de donner la parole à la défense et voilà qu'elle se présente sous la forme du livre que Catherine Audard vient de consacrer aux développements de la philosophie politique du libéralisme. Qu'est-ce que le libéralisme conjugue, en effet, les avantages de la présentation chronologique et celle de l'exposition thématique.
En montrant comment le libéralisme, concept ouvert et polysémique par sa définition même, dépourvu de textes sacrés comme de tout Comité central, a tenté de répondre aux défis consécutifs de situations historiques précises, Catherine Audard offre la présentation la plus exhaustive et la mieux à jour en langue française.
Or aujourd'hui précisément, le libéralisme est, une fois encore, sur la sellette. "Seul, l'avenir dira si la crise financière de 2008 va sonner le glas de cette idéologie", écrit Catherine Audard. Et on a beaucoup entendu, depuis le début de la crise, qu'au-delà du capitalisme, c'était le libéralisme lui-même qui était en cause.
La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a déclaré : "Le libéralisme s'effondre autour de nous" (24/9/2008) et Pierre Manent, pape des études libérales en France : "Je dirais que c'est une crise de la mondialisation libérale"...
En refusant toute définition partagée du Bien commun, en ne concevant la société que comme l'arrangement spontané des égoïsmes particuliers, en exaltant l'individu et ses droits au détriment de l'organisation politique de la redistribution sociale, en sapant la légitimité des Etats régulateurs, les libéraux porteraient la responsabilité de la crise actuelle. Ils seraient donc les fossoyeurs possibles du système capitaliste, qui a leur faveur. Qu'en est-il ?
Emission "Du grain à moudre", animée par Hervé Gardette.
Chaque société, écrit Octavio Paz, dans Point de convergence, repose sur un nom, véritable pierre de fondation. Autrefois ce nom était celui d'un Dieu, d'une croyance ou d'un destin : Islam, Christianisme, Empire du Milieu, mais aucune société ni époque, hors la nôtre, ne s'est elle-même qualifiée de moderne.
Qu'est ce à dire et quelle place y-a-t-il pour la religion chrétienne pour une Europe qui ne se définit plus comme Chrétienté mais qui, la première, a donné comme idéal le temps et ses changements ?
En quoi sommes nous modernes ? Quel est le sens, le programme ou le projet de ce qu'on appelle la modernité ?
L'émergence du terme de "progrès" au sens moderne est très débattue chez les historiens.
En effet, il existe une multiplicité des critiques du progrès depuis le XVIIIe siècle, car les raisons de s'opposer au progrès technique croissant sont en effet très diverses : ouvriers de manufactures refusant l'arrivée de machines mécaniques, aristocrates anglais considérant que la nature était détruite par cette modernité technique, réformateurs sociaux pointant les dégâts sanitaires des villes mécanisées...
Avec les trois invités, nous cheminons jusqu'au XXe siècle en retrançant cette histoire et en nous demandant comment les Etats ont pris en compte -ou pas- ces contestations variées du progrès, invariablement présenté par les technophiles comme inéluctable.
Émission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.
Depuis le 11 Septembre, les actes de folie barbare ne cessent de se multiplier. Pourquoi ?
Pour Bernard Stiegler, c'est un symptôme de notre époque, qui réalise le rêve de la modernité. À travers la conquête du monde s'opère une désinhibition.
Alors, comment en sortir ? La réponse se trouve ici.
Émission "Les Nouveaux chemins de la connaissance", animée par Géraldine Mosna-Savoye.
Alors que la conférence de la COP21 sera tenue dans quelque mois, le philosophe Jean-Pierre Dupuy s'interroge sur le sens à donner au changement climatique.
Comment penser les bouleversements qui vont nous affecter ? Est-ce que les thèses du "catastrophisme éclairé" sont toujours d'actualité ?
Émission "La Grande table", animée par Caroline Broué.
Qu’en est-il du référent grec ? Son enjeu est considérable. Vaille que vaille, il trace l’horizon de l’humanisme. Nul ne doute qu’il est au fondement de la culture occidentale. Mais qu’en est-il de sa présence en Islam ?
Certains ne lui attribuent qu’un passage factuel, furtif, adventice, accidentel n’ayant laissé aucune trace. Souvenez-vous du livre de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont Saint-Michel, paru il y a une dizaine d’années et de l’immense polémique qu’il a suscitée.
Ce livre veut démontrer l’irrécusable incompatibilité de l’hellénisme avec l’Islam. Et cette position négative, hostile a son équivalent à l’intérieur même de l’Islam. Les ultra-orthodoxes radicaux littéralistes estiment que le référent grec est un intrus qui perturbe la pureté de la construction islamique et qu’il faut impérativement bannir.
Que nous disent les historiens et les documents dont nous disposons ? Ils nous informent que ce référent a été cardinal. Il a orienté la culture islamique. Il a fait de cette culture une culture pertinente, inventive. Il a créé en elle les conditions d’adaptation à un Occident intérieur.
Émission "Cultures d'Islam", animée par Abdelwahab Meddeb.
Jean Garrigues, historien, spécialiste de la vie politique française des XIXe et XXe siècles, se demande quels genres de héros nous fabriquons aujourd’hui, et dans quelle mesure la figure politique de l’homme providentiel répond aux qualités, au parcours, aux archétypes du héros.
Car les références ne manquent pas : du vocabulaire messianique, à la convocation du bon père, rien n’est trop grand, ni trop profondément ancré dans la croyance, pour bâtir une solide image capable de perdurer, et devenir elle-même référence dans l’après.
Paradoxalement, pourrait-on dire, la vieille démocratie française, n’a pas été économe en matière d’hommes providentiels. Est-ce à dire que cet appétit trouve plus ses sources dans l’imaginaire collectif pétri de tradition monarchique, de guerre, de religion, que dans les besoins de la réalité politique ?
Oublions les programmes, le sentiment est premier, s’exclamaient de nombreux commentateurs politiques lors des deux dernières élections présidentielles...
Émission "Pas la peine de crier", animée par Marie Richeux.
Et si le XIXe siècle n’était pas celui qu’on croit ? Voici la question que pose l’historien François Jarrige, historien et spécialiste du XIX, dans son nouvel essai La Modernité désenchantée, relire l’histoire du XIXe siècle publié à La Découverte.
À l’heure où l’enseignement -et la recherche- en histoire font débat, l’auteur appelle à nous défaire de l’idée reçue selon laquelle le XIXe aurait été le siècle du Progrès et de la Modernité (scientifique, esthétique, politique, technique), pour envisager une histoire bien plus complexe... Et peut-être, éclairer notre présent d’un nouveau jour.