Par la modestie de ses origines, ses brillantes études, sa rectitude morale, ses engagements intellectuels et politiques entre socialisme et catholicisme de progrès, sa mort héroïque au combat le 5 septembre 1914 à quarante-et un ans, Charles Péguy est l'une des figures les plus intransigeantes que la France ait produites.
Séduisant, irritant, poète inspiré et polémiste redoutable, il a laissé, après quinze années d'une activité intellectuelle et littéraire intense, une empreinte ineffaçable chez ses contemporains et pour la postérité.
À le suivre, on croise également les personnalités politiques majeures de son époque et on décèle.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Catherine Soullard.
Nous plongeons ce matin dans l'époque d'Edo (1603-1867) durant laquelle l' "esprit de plaisir" s'épanouit au Japon, marqué par une sexualité débridée et des mœurs désinhibées. L'arrivée des Occidentaux à la fin du XIXe siècle corsètera le désir et bridera l'imaginaire érotique. À mi-chemin de la grivoiserie et de la pudibonderie, c'est donc de l'érotisme et de la sexualité au Japon que Pierre-François Souyri vient nous parler.
Il y a déjà belle lurette que l'historiographie la plus savante n'hésite pas à aborder des domaines qui auraient paru extravagants à la Sorbonne d'autrefois. Et à condition de considérer le sujet d'étude selon les mutations qu'il a pu connaître dans la longue durée des siècles, celui-ci a beaucoup à nous dire sur les équilibres et les déséquilibres successifs d'une société, selon les époques, entre la tolérance et la répression, entre les pratiques et les rêves, entre le dissimulé et l'ostensible.
Cela est fait, naturellement, depuis notre continent et nous invite à comparer ces deux mondes. D'abord parce que l'histoire comparative est en elle-même stimulante. Ensuite parce que l'influence des pays occidentaux, après qu'ils ont forcé l'ouverture de l'archipel, dans la décennie 1850, comme après l'effondrement de 1945, a été grande, à cet égard comme à d'autres. Mais sans qu'elle efface en profondeur l'originalité des comportements japonais dans le domaine du sexe et de l'amour.
Concordances et différences sont ainsi abordées de manière aussi spatiale que temporelle. En route donc, allègrement, vers ces rivages lointains.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.
Du Colloque Lippmann à la création de la Société du Mont Pèlerin, le concept de néolibéralisme est loin d'avoir connu un parcours unifié et homogène. Les penseurs qui en furent à l'origine ont interrogé la place à donner à l'Etat dans la régulation de l'économie, source de nombreux désaccords.
Compétitif, entrepreneur ou contrôlé ? La théorie néolibérale produit également un certain type d'individu. Celui-ci peut-il échapper aux logiques de cette nouvelle rationalité ?
Enfin, les grandes vagues de dérégulation des années 1980 et 1990 ont nourri, en Europe, l'idée d'un désengagement de l'Etat. Dans ce contexte, le modèle français d'Etat-providence, fruit d'une histoire et d'une tradition politique particulières, est-il menacé ?
Autant de questions auxquelles plusieurs spécialistes reconnus de la question tentent d'apporter des réponses convainquantes.
Émission "Entendez-vous l'éco ?", animée par Tiphaine de Rocquigny.
"Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie !" : Baudelaire conclut ainsi son poème consacré à une prostituée, "Tu mettrais le monde entier dans ta ruelle". Pour le poète et l'homme, la beauté est dans la dualité, elle balance sans cesse entre perversion et transcendance, entre éphémère et infini.
Baudelaire gagne encore aujourd’hui à être redécouvert, tant les images successives et contradictoires du poète - décadent, révolutionnaire, réactionnaire, classique, chrétien, moderne - continuent d'exercer leur effet narcotique.
Né dans une "odeur de vieux" (Jean-Baptiste Baronian), auteur d'une oeuvre "singulièrement mince" (Pierre Pachet), Baudelaire est encore, à l'image du peintre de la vie moderne, ce solitaire qui va, court et cherche la beauté mystérieuse, "si minime, si légère qu’elle soit".
Baudelaire n'a rien d'un flâneur parisien qui s’abandonnerait à la pente de ses rêveries ou de ses obsessions. C’est un rôdeur, un chiffonnier de la ville, que le monde social ne laisse pas en répit. Qu’est-ce qu’être un individu dans une société de masse ? Après avoir épousé la foule, Baudelaire se retire dans ses vers.
C'est un Baudelaire de la "pensée vivante" (Pierre Pachet) qui émerge dans l'extraordinaire souplesse de sa phrase poétique, capable de suivre les ondulations du désir comme de restituer les chocs du temps. Mais ce sens de l'oscillation et de l'aléatoire surgit surtout, comme à l'état brut, dans ses Journaux intimes et Carnets, avec la liste de ses projets irréalisés.
Dans un monde qui va finir, Baudelaire apparaît alors comme l'auteur de "fusées pensantes" (Pierre Pachet), c'est-à-dire d'idées fulgurantes qui ont donné quelques morceaux de bravoure dont le sens résonne encore pleinement aujourd'hui.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Christine Lecerf et Jean-Claude Loiseau.
Si Thomas Edward Lawrence (1888-1935) a été tour à tour archéologue, explorateur, agent secret, combattant, stratège, diplomate, écrivain et poète, ces activités n'ont été que les manifestations extérieures et successives d'une même obsession, d'un rêve éveillé. Un rêve de bâtisseur d'empire qui a poussé l'auteur du célébrissime Sept piliers de la sagesse sur les routes de l'Orient, d'Oxford au Caire et de Djeddah à Damas.
Lorsque ce rêve s'est brisé, lorsqu'il a estimé trahie par son propre pays et par les Alliés la révolte arabe à laquelle il s'était voué, il ne lui est plus rien resté que le désespoir, l'avilissement et cette implacable volonté d'autodestruction au terme de laquelle la mort est venue le fracasser au guidon de sa motocyclette.
Une vie obsedée par une idée.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par André Velter.
Benedetto Croce est un philosophe, historien, écrivain et homme politique italien, fondateur du Parti libéral italien. Continuateur de la pensée de Hegel, influencé par Antonio Labriola, mais proche également de Giambattista Vico et de Wilhelm von Humboldt, il s'opposa au fascisme et à l'engagement de son ancien collaborateur Giovanni Gentile. Son opposition opiniâtre au naturalisme et au scientisme positiviste l'amena très tôt à condamner la pensée raciale et les différentes formes du racisme. Les thèmes principaux de son œuvre sont l'esthétique et la philosophie de l'histoire (dite aussi historicisme). Il rapprocha l'esthétique de la philosophie du langage.
En politique, Benedetto Croce fut ministre de l'Instruction publique en 1920-21 dans le cabinet du libéral Giovanni Giolitti, ministre sans portefeuille des gouvernements du CLN et, devenu président du Parti libéral italien par lui fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il fut élu à l'Assemblée constituante de la République italienne (25 juin 1946 - 31 janvier 1948).
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Pascale Lismonde.
Dès l'âge de 26 ans, Antoine de Saint-Exupéry transporte le courrier vers le Sénégal pour la compagnie Latécoère, la future Aéropostale. Avant même de rejoindre l'Amérique du Sud, l'aviateur publie déjà ses premiers romans.
Vol de nuit, empli de camaraderie et de sens de la mission à accomplir, connaît un grand succès et remporte le prix Fémina. Devenu reporter et écrivain, il publie Terre des hommes, une oeuvre humaniste, avant d'être engagé dans l'armée de l'air en 1939.
"On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux", c'est le secret du plus enchanteur des voyageurs interplanétaires. Il nous apprend à dessiner des moutons, mais également à apprivoiser les renards, les businessmen, les vaniteux, et à célébrer les allumeurs de réverbères.
C'est en pleine guerre, en 1943, que l'aventurier donne naissance à son si touchant Petit Prince, illustré de ses propres aquarelles. Sa frêle silhouette à l'éternel cache-nez d'or, aux boucles blondes, et sa désarmante simplicité apparente vont conquérir le monde entier, lui qui avait pourtant atterri en plein désert "à mille milles de tout lieu habité".
Une des facettes moins connues du poète-aviateur est celle de l'inventeur. Tirant des leçons de ses expériences en vol, il cherche sans cesse à améliorer les engins aériens. L'esprit en effervescence, il griffonne des calculs et compose des schémas en marge de ses manuscrits ou sur les nappes en papier des bistrots.
Sa disparition en vol le 31 juillet 1944 est longtemps restée mystérieuse, avant qu'on ne retrouve au large de Marseille sa gourmette, l'épave de son avion, et enfin le pilote allemand qui l'a probablement abattu. Après sa mort, les fragments de son dernier livre, une méditation initiatique inachevée, sont publiés sous le titre Citadelle. Il y écrit : "Car ce poète, un soir auprès du feu dans le désert, racontait simplement son arbre."
Émission "Toute une vie", produite par Lydia Ben Ytzhak.
Otto Rank, né Otto Rosenfeld le 22 avril 1884 à Vienne et mort le 31 octobre 1939 à New York, est un psychologue et psychanalyste autrichien. D'abord membre du premier cercle freudien, secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et membre du "comité secret", l'évolution de ses recherches lui vaut d'être exclu de l'Association psychanalytique internationale en 1930. Il est considéré comme un dissident du mouvement international.
Originaire de Vienne, Otto Rank est issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie juive. Fils de l'artisan d'art Simon Rosenfeld, il est contraint, dans un premier temps, de travailler lui-même comme artisan et de renoncer aux études supérieures. Il prend le nom de Rank à l'âge de dix-neuf ans, en référence au bon Dr Rank de la pièce d'Ibsen, La Maison de poupée. Il lit à vingt ans L'Interprétation des rêves de Freud et écrit un essai que le psychanalyste Alfred Adler transmet à Freud. Il devient dès lors un psychanalyste du premier cercle et, en 1906, le premier secrétaire de la Société psychanalytique de Vienne et à ce titre, l'auteur des transcriptions des minutes de la société viennoise (conférences et d'échanges), de 1906 à 1918. En 1924, il publie Le Traumatisme de la naissance, s'intéresse à ce qui se trouve avant le complexe d'Œdipe et propose une vision différente de celle de la psychanalyse d'orientation freudienne. Sigmund Freud l'analyse brièvement jusqu'à fin décembre 1924 puis le rejette ; Rank se trouve exclu des cercles psychanalytiques freudiens.
En 1926, Rank s'installe à Paris, devenant l'analyste d'Henry Miller et d'Anaïs Nin, avec qui il a une courte liaison. Il voyage en Amérique, où il rencontre un certain succès. Il est invité notamment à la société de Rochester pour la Protection de l'enfance en danger où travaille alors Carl Rogers. Il est exclu de l'Association psychanalytique internationale le 10 mai 1930. En octobre 1939, il meurt à New York à l'âge de 55 ans, des suites d'une septicémie.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Bénédicte Niogret.