Maurice Godelier, au début de sa carrière, fut un temps maître-assistant auprès de Claude Lévi-Strauss, alors titulaire de la chaire d'anthropologie au Collège de France. Entretenant avec son maître un rapport critique, mais conscient de la puissance de l'œuvre, il est tout indiqué pour nous en offrir une introduction.
L'objet premier de ce voyage au cœur de l'ambition structuraliste ? Souligner la richesse du travail accompli, mettre au défi la puissance théorique (le structuralisme lui-même), tenter de dépasser apories et contradictions.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
En économie, il est courant de postuler que les processus sociaux sont le résultat des interactions individuelles. La société et le système économique sont ainsi perçus comme les conséquences de décisions rationnelles produites par le calcul des intérêts personnels.
D'un point de vue anthropologique, cette vision des rapports entre individus et société est extrêmement contestable. Elle néglige le rôle fondamental que jouent les structures sociales dans les comportements et même les performances économiques.
De fait, l'individu rationnel et conscient de ses intérêts relève davantage du mythe que d'un savoir scientifique. Plus fondamentalement, la pensée économique ne parvient pas à prendre en compte l'importance de la diversité des sociétés et propose bien souvent des modèles abstraits qui débouchent sur des recommandations politiques qui se heurtent à la réalité empirique des structures sociales et des sociétés dans lesquelles elles sont mises en œuvre.
Comme nul n'est prophète en son pays, la parution en 1960 de l'ouvrage de Philippe Ariès, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime passa presque inaperçu. Il fallut sa traduction anglaise et son succès aux États-Unis pour que son auteur trouve dans l'espace francophone une reconnaissance et une notoriété soudaine.
S'il a suscité nombres de critiques, ce livre, novateur par son sujet et l'approche qu'il en avait, demeure un ouvrage de référence qui a influencé plusieurs générations de chercheurs.
Il revient ici sur l'évolution, au fil des siècles, de la cellule de base de la société qu'est la famille.
Émission "Les chemins de la connaissance", animée par Gilles Lapouge.
Après le succès de Histoire de ta bêtise, une longue descente en règle du "bourgeois cool" qui verse tantôt dans "le monde de la culture" tantôt dans la publicité, François Bégaudeau donne un tour de vis supplémentaire et précise le portrait du "bourgeois hard".
Friand de week-ends au château et d'écoles de commerce, le bourgeois "hard" présente cette particularité d'aménager dans sa vie un espace pour le fric et un autre pour la tradition. Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'un est au service de l'autre et réciproquement. Autoritaire et ennuyeux à mourir, le bourgeois "hard" s'offre aussi le luxe de privatiser l'histoire du christianisme.
Que reste-t-il aux gens ordinaires, si "hard" comme "cool" se prévalent de tout détenir ? Peut-être un peu de football et peut-être encore un peu Jésus, premier anarchiste de l'histoire…
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
On naît fille ou garçon, on devient femme ou homme.
La différence sexuelle est une donnée naturelle que les sociétés interprètent diversement. Partout, on cultive la différence des sexes. Mais partout aussi on établit entre eux une hiérarchie : le masculin domine le féminin et même l'efface pour figurer à lui seul le genre humain.
Critiquant Simone de Beauvoir, Sylviane Agacinski soutient qu'il n'y a pas de contradiction entre la liberté des femmes et leur "destin biologique". La maternité devient au contraire, plus que jamais, une expérience privilégiée de la responsabilité et un modèle universel d'ouverture à l'autre.
La relation entre les hommes et les femmes ne dépend d'aucune vérité éternelle : elle résulte d'une longue histoire dont les débats toujours actuels révèlent la permanence de la question.
Une conférence "Hommes et femmes, la nouvelle donne".
Nous croyons savoir de qui il s'agit quand on parle des femmes. Erreur : le doute s'est installé depuis que Monique Wittig déclara que "les lesbiennes ne sont pas des femmes". Avec Judith Butler, la Queer theory regarde la distinction entre homme et femme comme l'expression d'une "binarité artificielle", construite par une "culture hétérosexuelle dominante". Il n'y a plus de sexes, rien qu'une prolifération de genres (gays, lesbiennes, transsexuels…), flottant au dessus de sexes disparus – à moins qu'ils ne deviennent les produits de techniques biomédicales.
Sylviane Agacinski montre les impasses d'un tel discours en interrogeant la condition féminine d'un point de vue philosophique.
Exemple d'une intellectuelle qui sait embrayer ses idées sur le débat publique et l'action politique, puisque la loi sur la parité lui doit beaucoup, elle rappelle la dissymétrie des corps sexués, c'est à dire vivants, mais enrôlés dans des institutions, une culture et une histoire. Elle décrit les formes spécifiques de la servitude des femmes, qu'elles soient anciennes (la famille), modernes (le marché biologique des cellules et des organes), ou les deux à la fois (la prostitution).
Pour Sylviane Agacinski, "femme" et "homme" en tant que genres sont des catégories impersonnelles. En tant que personne, "je" ne suis ni un sexe ni un genre. Le sexe est moins un facteur d'identité que d'altérité.
Une rencontre animée par Alexis Lacroix.
Le travail du sociologue Jean-Pierre Le Goff met en lumière les postures et les faux-semblants d'un conformisme individualiste qui vit à l'abri de l'épreuve du réel et de l'histoire, tout en s'affirmant comme l'incarnation de la modernité et du progrès.
En effet, une nouvelle conception de la condition humaine s'est diffusée en douceur à travers un courant moderniste de l'éducation, du management, de l'animation festive et culturelle, tout autant que par les thérapies comportementalistes, le néo-bouddhisme et l'écologisme. Une "bulle" angélique s'est ainsi construite tandis que la violence du monde frappe à notre porte.
Albert Camus disait : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse." Cet impératif est plus que jamais d'actualité.
Quel effet la crise de l'autorité que nous connaissons aujourd'hui a-t-elle sur les sujets ? Et d'ailleurs, à quoi ser(vai)t l'autorité ?
Alors que notre société a décidé de tuer le père (symbolique), le psychiatre et psychanalyste Jean-Pierre Lebrun revient sur les conséquences, visibles au quotidien dans les familles, d'un tel bouleversement de l'instanciation psychique.
Une conférence organisée par le Secrétariat National de l'Enseignement Catholique.