Nous vivons une révolution anthropologique. Nous la sentons dans le mouvement #MeToo, dans la dénonciation du féminicide, dans une critique de plus en plus pugnace de la domination patriarcale. Pourquoi cette montée soudaine d'une conception antagoniste du rapport entre hommes et femmes ?
Dans ses derniers travaux, Emmanuel Todd, informé de ses recherches d'anthropologue, avance que l'émancipation des femmes a pour l'essentiel déjà eu lieu mais qu'elle conduit à des contradictions nouvelles. En même temps qu'à la liberté, les femmes accèdent à l'anxiété économique, à l'anomie, au ressentiment ‑ individuel et de classe.
Pour comprendre notre présent, il retrace, depuis l'origine, l'évolution de la relation homme/femme dans l'espèce homo sapiens. Il mène aussi une large étude empirique de la convergence entre hommes et femmes et des différences qui continuent de les séparer ‑ d'éducation, de métier, de longévité, de suicide ou d'homicide, de comportement électoral ou de racisme. Il montre comment la libération des femmes a permis l'effondrement de la religion et de l'homophobie, contribué au recul de l'industrie, conduit à l'essor de la bisexualité et au phénomène transgenre.
Une démarche qui s'efforce de comprendre, hors des sentiers trop fréquentés de l'idéologie, les paradoxes profonds de notre révolution.
Un entretien mené par Kévin Boucaud-Victoire et Natacha Polony.
"Je crois que le féminisme est devenu une école d'abêtissement, de simplification du réel. C'est une grille de lecture qui nous évite toute la complexité, notamment des relations entre les hommes et les femmes", observe la philosophe et essayiste française Bérénice Levet.
Si l'auteure de l'essai Libérons-nous du féminisme se dit "infiniment reconnaissante des libertés conquises" par le mouvement féministe, elle déplore que le féminisme d'aujourd'hui, en cette ère post-#MeToo, réduise les femmes à un statut de victimes et appréhende les rapports hommes-femmes uniquement par le prise de la domination...
Émission "Bien Entendu", animée par Stéphan Bureau.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
Entre Thérèse Hargot et Simone de Beauvoir, c'est la guerre des textes. En effet, la sexologue et philosophe Thérèse Hargot fustige un féminisme qui livre la femme aux forces du marché au travers d'une prétendue libération de la sexualité et des corps.
Une critique bienvenue qui propose une nouvelle éthique de couple en insistant sur la richesse des dimensions de l'amour qui doit en être le socle.
Émission "Tu m'en liras tant", animée par Jean-Baptiste Ghins.
Après avoir traduit en italien Sexe et Caractère d'Otto Weininger, Julius Evola projeta d'en écrire une introduction qui devint, en 1958, un ouvrage à part entière : Métaphysique du sexe. Métaphysique qui s'entend selon deux acceptions : elle est "l'étude de ce que signifient, d'un point de vue absolu, soit les sexes, soit les relations entre les sexes", mais aussi "dans un deuxième sens, en relation avec son étymologie, […] la science de ce qui va au-delà du plan physique".
"Chacun sait quel rôle joue le sexe à notre époque, au point qu'on pourrait parler, aujourd'hui, d'une espèce d'obsession sexuelle […]. Sous mille formes, la femme et le sexe dominent dans la littérature, le théâtre, le cinéma, la publicité, dans toute la vie pratique contemporaine. Sous mille formes, la femme est exhibée pour attirer et intoxiquer sexuellement, sans cesse, l'homme." Régression d'une sexualité devenue animale qui a fait disparaître le sens profond de l'eros, dont les modalités subtiles permettent de transcender la conscience humaine. L'expérience amoureuse, fondée sur la polarité des sexes, nous lie ainsi aux énergies premières de l'univers ; expérience du sacré, pulsion reflétant le "mystère de l'Un", elle est une tentative, par un déconditionnement du Moi, d'échapper à notre propre finitude en retrouvant l'unité originelle perdue.
Émission "Pourquoi tant de haine ?", animée par Monsieur K.
La gauche a-t-elle tourné le dos aux Lumières ? Qu'est-ce que l'universalisme aujourd’hui ? Race, classe, genre : faut-il hiérarchiser ces combats ou les affronter tous ensemble ?
Pour parler de ces questions qui divisent, la journaliste et militante Rokhaya Diallo débat avec Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS.
Émission "À l'air libre", animée par Mathieu Magnaudeix.
Pourquoi les femmes se poussent-elles mutuellement à ressembler à ce que veulent les hommes ? D'où viennent nos penchants racistes et pourquoi nous ont-ils souvent servis ? Pourquoi l'université devient-elle peu à peu une coquille vide où le débat contradictoire disparaît ?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre Peggy Sastre, journaliste et docteur en philosophie des sciences, publiant régulièrement sur des sujets d'actualité dans des revues telles que Slate, Marianne, Le Point et Causeur.
Très critique à l'égard des tendances identitaires et culturalistes du mouvement féministe post-moderne, elle défend sans relâche la liberté d'expression et la rationalité scientifique, aujourd'hui attaquées de toutes parts.
Un entretien mené par Pierre Schweitzer.
Quand paraît Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, en 1949, c'est un scandale. À gauche comme à droite, chez les hommes comme chez les femmes, le livre est jugé grossier et ridicule : "L'initiation sexuelle de la femme est-elle à sa place au sommaire d'une grave revue littéraire et philosophique ?" se demande François Mauriac dans le supplément littéraire du Figaro.
Car oui, dans Le deuxième sexe, sans surprise, Beauvoir parle... de sexe, mais aussi de sexualité, et de sexualité féminine.
Qui avait, avant elle, parlé dans un même ouvrage de philosophie, de puberté, de clitoris et d'homosexualité ? Qui avait brossé le portrait de la femme mariée, de la prostituée, de la femme vieille, de l'initiation sexuelle de la jeune fille, et de la femme indépendante condamnée à être frigide ou masochiste ?
Simone de Beauvoir déplie dans cet ouvrage les ressors incarnés de la domination masculine à travers une réflexion et une description du corps féminin, dépeint tantôt comme un asservissement au destin de femelle, tantôt comme le lieu d'une possible libération.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.