Pierre Manent interroge l'histoire, récente et lointaine, de la nation ; la manière dont elle a accueilli et nourri la démocratie, et comment son effacement menace aujourd'hui cette démocratie même.
Il met en évidence la situation paradoxale de la religion dont on ne cesse d'annoncer la fin imminente alors même que les séparations religieuses organisent de plus en plus notre paysage politique.
L'Europe ne peut rester longtemps encore cette zone dépressionnaire où l'on a peur de son ombre. Pierre Manent, par son travail, voudrait contribuer à ranimer le sentiment et l'intelligence des ressources spirituelles qui donnent à l'Europe sa continuité vivante.
Cycle de conférence "L'Occident en question".
Jean-Louis Harouel montre que la liberté intellectuelle, le progrès scientifique, économique et social, la tolérance, l'individualisme et la sécularisation de la société (laïcité) sont historiquement des inventions de la civilisation chrétienne occidentale.
Ce sont les fruits du dualisme chrétien : le royaume de Dieu est céleste et non terrestre ; Dieu et l'Etat sont séparés. D'où la disjonction du spirituel et du temporel, qui a procuré à l'individu une liberté sans équivalent dans les autres civilisations, en excluant la sacralisation d'un quelconque ordre terrestre.
Depuis la fin du bloc soviétique environ, a émergé un débat sur la place des nations et de la forme Nation dans l’avenir de l’Europe.
Loin de l’identification des nations aux nationalismes et à leurs expressions paroxystiques faciste et nazi qui les ont longtemps disqualifiées, l’objet d’étude Nation a été réinvesti depuis lors par les membres des sphères intellectuelles, lançant souvent, notamment en France et au Royaume-Uni, des débats critiques sur la forme actuelle de la construction européenne.
Ainsi a donc été mis à jour un ensemble d’interrogations sur la place des nations dans l’avenir de l’Europe ou encore sur le caractère historiquement nécessaire ou circonstanciel des nations, notamment pour la démocratie.
Pour reprendre une interrogation d’Étienne Balibar : "ici en Europe, la question de savoir si certaines nations, voire la forme Nation comme telle, traversent une phase de refondation, de régénerescence ou sont irréversiblement entrées dans un processus de dépérissement, de transition vers une société postnationale s’est faite de plus en plus insistante".
Toutes ces questions posées sur le terrain de l’avenir de l’Europe doivent alors aussi être mises en regard des rêves déjà anciens de voir émerger un Etat fédéral unissant le continent européen, mais aussi des interrogations sur le caractère viable et souhaitable de conceptions cosmopolitiques ou postnationales de l’unification de l’Europe.
Dans toute l'histoire des empires, celui de Russie fut l'un des plus vastes. Des plus durables aussi, battu seulement par les empires romain, byzantin et ottoman.
Il est le seul qui ait péri (1917) puis se soit reconstitué pour reprendre ses conquêtes.
Disparu encore une fois en 1992, il a laissé place à la Russie qui ressemble à maints égards à l'Empire tel qu'il naquit en 1552.
Comme celui-ci, la Russie est étendue sur deux continents, l'Europe et l'Asie ; comme lui, elle conserve dans ses frontières une multitude de civilisations et de peuples différents. Comme lui, elle est un Etat chrétien, mais aussi formé de musulmans et même de bouddhistes ; et comme lui encore, la Russie doit assurer la paix de ce monde si divers.
Elle doit aussi décider si elle est un État européen ou si elle est d'Eurasie...
Telles sout les thèmes qu'aborde le secrétaire perpétuel de l'Académie française, Françoise Bonardel.
Du milieu du XVIIIe siècle à nos jours, le mortalité maternelle a été divisée par 131, et la mortalité infantile par 69. A présent, dans les sociétés développées, les enfants qui naissent et leurs mères sont assurés de vivre. Cette nouvelle certitude a révolutionné la venue au monde des enfants, et cette transformation, qui rompt avec une condition humaine marquée par la centralité de la mort dans l'expérience quotidienne de la vie, a provoqué l'avènement de l'individu contemporain. L'enfant n'est plus un enfant de renouvellement par anticipation, appelé à s'inscrire, un parmi d'autres, dans une descendance, mais il est un enfant du désir d'enfant, individuellement décidé, à chaque fois un enfant unique appelé à développer une singularité propre dans un monde d'où la mort précoce a été chassée.
L'enfant désiré est le point de rencontre du repli de la mort, déplacée vers la vieillesse, et d'une longue histoire de contention, puis de réduction de la fécondité, un processus propre à l'Europe de l'Ouest qui s'est universalisé.
Paul Yonnet montre comment ces nouvelles conditions d'arrivée au monde des enfants organisent l'infrastructure psychique de l'individu contemporain dès ses premières années, et leurs conséquences sociales, notamment durant l'adolescence.
Le projet Eurasiste vise à constituer une alternative sérieuse à l'hégémonie libérale et au monde unipolaire qu'elle entend imposer. Alexandre Douguine y défend une conception multipolaire du monde, c'est-à-dire le monde comme ensemble de grands espaces possédant leurs systèmes de valeurs particuliers. Il insiste aussi sur la nécessité de se dégager des idéologies politiques des deux derniers siècles et notamment des deux idéologies, communiste et fasciste, qui ont échoué dans leur lutte contre le libéralisme parce qu'abritant des éléments inacceptables et étant elles-mêmes trop enracinées dans la modernité.
Christian Bouchet, quant à lui, montrera en quoi la mouvance "antifa" est une courroie de transmission des intérêts mondialistes en se faisant les défenseurs de l'ordre établi.
La conférence est organisée par E&R Aquitaine.