Le démographe vient parler des révolutions qui secouent le monde arabe et plus particulièrement du rôle joué par la démographie. Sa méthode permet de saisir les permanences de l'histoire : la manière dont les êtres humains s'aiment, s'unissent et se perpétuent, leur éducation, leur durée de vie. Les statistiques existent (taux d'alphabétisation, indice de fécondité) et sont disponibles mais demeurent silencieuses, aussi longtemps qu'on ne les fait parler.
Il existe un aoujourd'hui un paradoxe : comment expliquer l’hétérogénéité géographique d’un continent occidental qu’est l’Union européenne, alors que les frontières sont potentiellement faciles à définir ?
L’Europe unie a vu le jour avec les conflits. Jouant un rôle central dans l’organisation du monde, les géopoliticiens l’appellent le Heartland Central. Les tentatives d’unifications politiques correspondent à une volonté de définition du territoire européen.
Ainsi l’Union européenne occupe une superficie de 4,5 millions de km2 pour 495 millions de personnes. Trois blocs identitaires se côtoient : les orthodoxes slaves, les protestants de la Mitteleuropa et de l’Europe du Nord et les catholiques des États latins.
L’Union Européenne est hétérogène sur un plan politique également : elle mêle à la fois des nations où règnent le régionalisme des États fédéraux et le pouvoir centralisé d’autres États.
La population européenne, constituée aujourd’hui de 27 pays, représente 495 millions d’habitants. L’UE est ainsi le 3e territoire le plus peuplé, après la Chine et l’Inde.
Cependant, la démographie européenne est en survieillissement. C’est le cas en particulier de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne. Parallèlement, les dix États qui viennent de rejoindre l’UE offrent un surcroît de population, mais de population très âgée. La France, à elle seule, assure presque les 2/3 du renouvellement de la population, hors immigration. La population européenne, d’après les prévisions de l’Onu, devrait commencer à décroître d’ici 2050. Quant à l’immigration, l’UE est le premier centre de réception de l’immigration extra-européenne, africaine essentiellement. Cette immigration a organisé un soutien des transferts financiers, où un immigré fait vivre dix personnes en Afrique. La circulation de ces personnes est un des piliers du marché unique.
L’Europe est passée d’un statut d’émigration (vers les États-Unis) à celui d’immigration, activant ainsi un sentiment de ressentiment.
Avec un le taux de participation en dessous de 45 % lors des deux dernières élections européennes, la légitimité des institutions européennes fait question.
En effet, l'identité européenne n'existe pas. Va-t-elle naître un jour ?
La nation française n'est pas un peuple mais cent, et ils ont décidé de vivre ensemble. Du nord au sud, de l'est à l'ouest de l'Hexagone les mœurs varient aujourd'hui comme en 1850. Chacun des pays de France a sa façon de naître, de vivre et de mourir. La France avait besoin pour exister de l'idée d'homme universel, qui nie les enracinements et les cloisonnements ethniques. Produit d'une cohabitation réussie, la Déclaration des droits de l'homme jaillit d'une conscience aiguë mais refoulée de la différence. La culture est mouvement, progrès, diffusion, homogénéisation bien sûr, mais de nouvelles différences apparaissent sans cesse - aujourd'hui maghrébines, africaines ou chinoises. Il ne saurait donc y avoir de retour à une homogénéité perdue, parce que cette homogénéité n'a jamais existé.
Emmanuel Todd se saisit de ses armes d'historien, de démographe, de sociologue et aussi de sa vision économique des choses pour lever les yeux de sa feuille et regarder la société : il n'y a plus de religion, plus de transcendance, l'éducation stagne, les élites se détachent du peuple, sont quelques unes de ses conclusions.
Tout cela est caractéristique d'une crise de la démocratie, de la démocratie représentative qui est la nôtre.
Qu'en penser ? Comment envisager la suite possible des événements ?
La logique à l’œuvre dans l'histoire est au contraire un puissant mouvement de convergence qui se profile à présent à l'échelle planétaire. Le monde musulman n'échappe pas à la règle, et sa démographie en témoigne : hausse du niveau d'alphabétisation des hommes et des femmes, baisse de la fécondité, érosion de l'endogamie. Des bouleversements qui sont à la fois le signe et le levier d'une mutation en profondeur des structures familiales, des rapports d'autorité, des références idéologiques. Ce processus ne va pas sans générer crispations et résistances. Mais ces réactions sont moins des obstacles à la modernisation que les symptômes de son accélération.