Dans cette conférence, Cornélius Castoriadis s'attache à un réexamen fondamental des bases de la pensée philosophique. Il retrouve et souligne les préceptes de la "pensée héritée", cette logique identitaire qui, depuis les Grecs, inspire la philosophie classique. D'où la proposition d'une "auto-institution" de la société qui laisserait cours, enfin, à l'imaginaire radical.
Fruit d'une analyse précise de l'histoire et des luttes sociales à l'heure de l'effondrement des repères traditionnels de la pensée, le travail de Castoriadis propose un point de départ pour penser à neuf le projet de transformation de la société.
Remarque : la conférence est présentée en bilingue français-portugais.
L’Amérique se cherche, l’Europe s’égare, la Chine se retrouve. Et voilà que reprennent, côté couchant, les violons de l’automne. Au moment où l’inusable et noble notion d’Occident ressort du Malet-Isaac pour labéliser le trio habituel USA/Grande-Bretagne/France ; où l’air du temps, chez les directeurs de l’esprit public, gauche ou droite, est à "l’occidentalisme" ; où chaque "grande conscience" en appelle à un sursaut des puissances, valeurs et responsabilités "occidentales" – le titre du livre mal famé de Spengler (Le Déclin de l’Occident, 1922) se met à courir à la une des magazines.
On se lassait de Rambo, on retrouve Hamlet. Le pourquoi du vague à l’âme est dans toutes les gazettes : submersion démographique (que pesons-nous sur une planète passée en un demi-siècle de trois à six milliards d’habitants ?) ; désindustrialisation, endettement et déficits publics ; pollution de l’environnement ; chute de compétitivité ; privilège de change du yuan (la Chine vendant, dit-on, à moitié prix) ; perte de foi dans notre modèle de croissance. Etc.
Alors que l'air du déclin occidental est de plus en plus chantonné à travers le monde, il serait bon d’évaluer l’actuel rapport de forces. Une mise au point en forme de mise en garde.
Pour chaque enfant, c'est la famille conjugale qui est le lieu de l'humanisation. Les fonctions de la mère et du père restent différenciées et asymétriques même si, aujourd'hui, le mot de parentalité laisse souvent entendre le contraire : la mère est le premier autre, le père intervient en deuxième, et il s'agit pour lui d'inverser la prévalence naturelle donnée à la mère, non pas à son profit - comme le voulait souvent le patriarcat - mais au profit de l'inscription de l'enfant dans le langage, capacité qui définit notre espèce.
La parentalité est alors l'indice d'une défense inédite contre le sexuel. La société néolibérale du tout possible prétend se débarrasser de la dissymétrie entre père et mère. Elle ne s'aperçoit pas qu'elle rend ainsi plus difficile le travail d'humanisation que la génération du dessus assume à l'égard de celle qui suit.
S'en suivent des conséquences cliniques qui méritent d'être identifiées...
En juin 2004, France 3 organisait un débat salutaire entre Jacques Derrida et Régis Debray. Presqu'une génération séparent Derrida le théoricien du déconstructivisme et Debray le fondateur de la médiologie, mais une formation exigeante et élitiste les rapproche : l'Ecole Normale Supérieure.
L'agrégé-répétiteur Derrida se souvient de l'aura politique qui précédait en 1965 le jeune Debray lui-même très impressionné par l'érudition du maître.
Pendant près d'une heure et demie, les deux intellectuels ont des échanges attentifs et divers : l'image publique du philosophe, la notion de souveraineté, l'Europe, la démocratie et ses menaces internes, les effets pervers de l'histoire, ou encore le 11 septembre 2001.
Il fut un temps ou la télévision pouvait être autre chose qu'un instrument de propagande et d'abrutissement...
Parfois certains Romans expriment le sentiment que les Suisses allemands sont trop attirés par l'Allemagne. Souvent d’ailleurs, ces mêmes milieux se plaignent de l’obstination alémanique à parler le dialecte au lieu du "bon" allemand.
Le temps est peut-être venu de réaliser que si beaucoup de choses lient la Suisse germanophone à l’Allemagne, il y en a suffisamment pour la garder distincte.
Ce sont notamment deux facteurs qui, au cours des siècles, et alternativement, ont forgé l’identité politique des Alémaniques : l’attachement à la démocratie directe des petits espaces et l’influence francophone. Et si l’Alémanique d’aujourd’hui est un hérisson, il l’est en partie à cause de son héritage francophone !
Le politique est un domaine autonome, qui a ses règles propres.
Attaqué par les feux croisés du marché et du droit, fruits du déploiement de la logique libérale, il semble de moins en moins visible.
Comment comprendre que le politique, autrefois si flamboyant dans notre tradition européenne, soit aujourd'hui réduit à peau de chagrin ?
Qui sont les intellectuels faussaires ? Sur quoi porte leur discours ? Quel est leur réel pouvoir intellectuel et médiatique ?
Toutes ces questions sont, parmi nombre d’autres, au cœur de la réflexion développée par Pascal Boniface dans son dernier ouvrage, Les Intellectuels faussaires (éditions Claude Gawsewitch, 2011).
L’auteur y décortique l’idéologie qui sous-tend le discours de cette "nouvelle catégorie" d’intellectuels hybrides qui sature, par sa présence, l’espace médiatique et intellectuel, et pèse du même coup sur le sens de l’information.