Françoise Bonardel s’interroge sur les finalités de la culture (identité, sagesse), et les raison qui ont mené au déclin du creuset culturel européen.
Ne pourrions nous pas imaginer une voie qui serait proprement européenne, où la renaissance spirituelle se déploierait à travers la "grande culture" de la Renaissance et des Lumières, à mi-chemin entre ces deux écueils que sont l’enracinement patriotique et le relativisme d’une société de consommation mondialisée ?
Après la libération du patriarcat qui suscite la catastrophe de l'absence de père, on ne reconnaît plus au père sa place symbolique que s'il la mérite concrètement par une présence et une affection désintéressées.
Une partie des "nouveaux pères" qui émergent de la catastrophe, exercent sur l'enfant une autorité nécessaire sans la transformer en puissance egocentrique. Ils sont capables de séparer l'enfant de sa mère, de lui inculquer la loi morale par l'exemple et la persuasion.
L'effacement actuel de la paternité pose la question : la paternité est-elle essentielle à l'humain ? Quelle est la conséquence de la paternité sur la société ? Quelles sont les conséquences qui nous attendent si nous récusons la paternité ?
Confucius disait que bien gouverner commence par la maîtrise exacte du sens des mots. Cette sagesse nous rappelle que le tissu que l’on dit social est avant tout un tissu sémantique et archaïque, qui se tisse, se retisse et s’abîme comme la tunique de Pénélope. Un maillage de mot, d’idées, de réflexes sédimentés, de réactions automatiques qui forme un surmoi de mots agencés en visions du monde cohérentes dont le seul but est l’autoconservation et la permanence sous un couvert d’écumes.
Aujourd’hui la révolution de l’individu prend son tournant "kronosique" au sens de Kronos le dieu qui mange ses enfants. Coupé du ciel, l’individu est coupé des siens. Aujourd’hui l’individu est seul, triste mais surtout ne peut verbaliser son état, première étape d’une hypothétique guérison. Ce manque de mot est cause et conséquence de l’effondrement des représentations.
Plus grave encore, les représentations les plus simples et les plus structurantes, comme la famille et d’autres représentations infra-politiques sont happées par cette horizontalisation technicienne et libérale, résumable par "tout et tout de suite".
La prochaine tentative de réforme intellectuelle et morale devra se dresser pour rétablir au moins l’obligation de survie au sein de nos représentations, afin que nos idées, aujourd’hui sous l’emprise d’un constructivisme de tous les instants, ne nous soient pas fatales.
Elle devra prendre pied sur nos grands récits, seuls legs d’immortalité réelle car ils expliquent les grandes traces du passé alors que la pierre n’explique rien par elle-même.
Et s’il était trop tard ? Alors il faudra raconter et mourir, une dernière fois, poser les actes les plus simples et les plus essentiels d’une civilisation.
À l'heure où la gauche peut mourir et où les électeurs se détournent des urnes, il est plus que temps d'interroger et de clarifier notre alphabet politique.
Que signifie "être de gauche" ? Qu'est-ce que "le peuple" en 2014, et est-il encore de gauche ? Quelle est la raison du divorce actuel entre le peuple et les milieux dirigeants ?
Alors que notre société est de plus en plus atomisée, acculée par la double logique d'atomisation de l'individualisme capitaliste et de l'immigration massive, comment comprendre la question de l'identité dans le combat politique ?
Au fil de ces questions, Jacques Julliard et Jean-Claude Michéa échangent et tentent de dresser un état des lieux qui permet de penser un futur possible pour notre communauté politique.
Les stratégies d'influences culturelles, généralement désignées sous le vocable de "soft power", ont-elles évoluées depuis la fin de la guerre froide ?
Qui sont les nouveaux acteurs et les nouvelles méthodes ?
Quelle est la place de la France dans cet aspect important d'une politique de puissance ?
Ces questions sont abordées par Pierre Gueydier, spécialiste en management culturel, et Aude de Kerros, artiste et grande connaisseuse de l'art contemporain.