Ce cours propose une initiation aux approches pluridisciplinaires abordant l’homme dans ses dimensions biologiques et culturelles en interaction avec son environnement.
Car la dichotomie entre nature et culture, qui scinde l’étude de l’humain entre une réalité biologique et une réalité sociale, doit être dépassée si l’on entend construire "une anthropologie, c’est-à-dire un système d'interprétation rendant simultanément compte des aspects physique, physiologique, psychique et sociologique de toutes les conduites" (Claude Lévi-Strauss).
Philippe Descola, en partant de son itinéraire personnel, nous offre un panorama unique sur des approches et des découvertes récentes qui questionnent notre compréhension de l’homme et de sa place dans le monde.
Réunis pour parler de la crise de la transmission, les deux conférenciers ont su à la fois poser un diagnostic réaliste et évoquer des raisons d'espérer et de continuer à s'engager pour la défense de notre culture et de notre histoire.
Car nous devons garder à l'esprit que l'histoire et la culture sont nos biens les plus précieux. Ils constituent un capital bien particulier qui, à l'inverse des tous les autres, se multiplie en se partageant !
Il n’y a pas de fatalité : à nous de réinvestir le champ culturel, médiatique et l'enseignement afin de porter ce message.
Françoise Bonardel s’interroge sur les finalités de la culture (identité, sagesse), et les raison qui ont mené au déclin du creuset culturel européen.
Ne pourrions nous pas imaginer une voie qui serait proprement européenne, où la renaissance spirituelle se déploierait à travers la "grande culture" de la Renaissance et des Lumières, à mi-chemin entre ces deux écueils que sont l’enracinement patriotique et le relativisme d’une société de consommation mondialisée ?
Henri Hude, professeur à l'Ecole Saint-Cyr Coëtquidan, nous propose une analyse du politiquement correct considéré comme un fait universel de la pression sociale. Celui-ci se caractérise par une pression à la fois contrôlable et excessive, tendant à inculquer des conceptions en parties utopiques et aboutissat à un déni de soi-même.
Il convient de voir alors comment fonctionne le politiquement correct et le principe d’autonomie ainsi que sa relation avec le libéralisme.
Spartacus était-il obsédé par son identité ? Non, il luttait pour sa liberté. Maintenant, le bavardage politicien s'affole entre "conflits identitaires" et "crises identitaires", identités "heureuses" ou "malheureuses". C'est autour des thèmes de liberté et de souveraineté que s'est nouée l'histoire politique de l'Occident moderne ; et c'est au travers des figures renaissantes de leur culture que les nations ont affirmé leur caractère. De quoi alors l'obsession identitaire est-elle le signe quand elle s'empare du discours politique au détriment de la liberté et de la créativité ?
La réflexion de Philippe Forget nous permet de comprendre comment les bouleversements migratoires et le retour du pouvoir religieux affectent notre conscience de la liberté.
Mais plus profondément, autant derrière l'assignation à l'origine que derrière le culte oblatif de l'Autre, il décrypte une crise de la volonté. Pour qui n'attend plus rien du monde, reste l'unique négation de soi.
Les puissances prométhéennes de la liberté et de la créativité surmonteront-elles le nihilisme que révèle l'obsession identitaire ?
Cette émission se veut être une critique émancipatrice des Lumières capitalistes (libéralisme, marxisme-léninisme), pour une pensée révolutionnaire au-delà des Lumières (Adorno, Horkheimer, Kurz, Trenkle), et contre l’extrême-droite anti-Lumières (fascisme, nazisme, "révolution conservatrice").
Dans une première partie, nous avons droit à une critique des figures actuelles des Lumières capitalistes et des anti-Lumières (Alain de Benoist) ainsi qu'à une introduction aux caractéristiques générales des Lumières et des anti-Lumières.
S'en suit une discussion du rapport (évolutif, d’abord acritique, puis dialectique) de Marx aux Lumières, puis de la présentation des thèses contre l’Aufklarüng de Norbert Trenkle (sur La Dialectique de la Raison d’Adorno et d’Horkheimer).
Dans une deuxième partie, une histoire critique des Lumières capitalistes franco-anglaise (17ème-18ème siècles, John Locke, Voltaire, physiocrates) nous est proposée, ainsi que des anti-Lumières allemandes (Herder, idéologie völkisch, nazisme) pour nous proposer enfin une critique émancipatrice des Lumières (Kurz, Lukacs) et particulièrement de Kant.
L'intellectuel indépendant David L'Epée prend le contrepied des discours pessimistes et déclinistes qui tendent à dominer dans les milieux dissidents. Il s’intéresse au thème du choc des générations et explique que c’est de la jeunesse, revenue des anciens clivages et débarrassée des vieilles idéologies, que viendra le changement : une jeunesse précarisée mais en rupture avec les illusions du progrès, sensible aux enjeux identitaires, sociaux et environnementaux, une jeunesse enracinée, à la fois conservatrice et révolutionnaire.
Un diagnostic qui appelle à une vaste recomposition politique et à une réorganisation des forces militantes !
Si les humains sont devenus une force naturelle capable de déstabiliser le "système Terre", ne doit-on pas mettre en question le "grand partage" entre nature et culture qui structure la pensée des Modernes ? L’anthropologue Philippe Descola révèle qu’il existe des sociétés où les hommes savent composer autrement des mondes avec ce qui n’est pas "eux" : les animaux, les plantes, les choses, les montagnes et les vallées, le ciel et la terre... Et nous invite à nous aventurer "par-delà nature et culture".
Tout a commencé pour Philippe Descola à la fin des années 1970 en Haute-Amazonie. Durant trois ans, pour les besoins de sa thèse d’ethnologie sous la direction de Claude Lévi-Strauss, il a partagé la vie des Jivaros Achuar, le "peuple du palmier d’eau". Peu à peu, il est entré dans une autre composition du monde, où le jaguar solitaire a une place semblable à celle du chamane, où le chasseur chante pour demander au singe laineux de se laisser tuer, où les plantes du jardin sont des enfants, le toucan un beau-frère, où la nature fait partie de la maison commune, ce que l’anthropologue appellera "la nature domestique". De cette expérience, Philippe Descola rapportera sa thèse et un splendide récit, Les Lances du Crépuscule. Il ne cessera par la suite de méditer et creuser ce terrain jusqu’à remettre la nature au cœur des sciences de l’homme. Il est aujourd’hui Professeur au Collège de France, titulaire d’une chaire d’Anthropologie de la nature, non pour s’interroger sur une hypothétique "nature humaine" mais pour élargir aux dimensions du monde la manière dont humains et non-humains négocient leur coexistence. Ce qu’il appelle "composer des mondes".
Philippe Descola a développé en système sa thèse dans Par-delà nature et culture, paru en 2005 et salué comme un des ouvrages majeurs dans l’héritage et la discussion de Claude Lévi-Strauss. Dans ce livre, il dégage quatre grandes cosmologies (naturalisme, animisme, totémisme, analogisme) qui fondent les sociétés selon la manière dont y sont inclus les non-humains (animaux, plantes, choses, astres, pierres et fleuves…), identifiés en continuité ou en discontinuité avec l’homme, semblables ou différents dans leur vie physique et spirituelle. Il s’agit en somme de différentes configurations de tout ce qui existe. C’est pourquoi Philippe Descola parle d’ontologies. Chacune d’elle a été formée par des peuples et civilisations spécifiques, parfois depuis des millénaires, même si, c’est l’hypothèse de Descola, elles peuvent en puissance coexister chez chacun des humains.
En tout cas notre "naturalisme", que nous croyons universel, est en réalité une exception, un modèle parmi d’autres. C’est ce que l’anthropologue révèle en mettant en question "le grand partage" entre une nature universelle et des cultures humaines diverses, qu’a opéré la pensée occidentale de l’Homme à partir de la fin du XIXe siècle. La nature alors, est vue comme un stock de ressources, elle devient muette, inanimée, on peut l’utiliser comme bon nous semble, au détriment des autres espèces que la nôtre et, à terme, des humains eux-mêmes. Nous en sommes précisément là lorsque ce dualisme a fabriqué le réchauffement global de la planète. Peut-être alors est-il temps de sortir de notre "ethnocentrisme" et de découvrir en nous-mêmes notre part d’animisme pour construire, enfin, une maison commune.