Le penseur marxien Anselm Jappe nous propose une étude des catégories de la domination à la lumière de la critique du fétichisme de la marchandise.
Il revient notamment sur quelques-unes des nombreuses confusions que font les lecteurs pressés de la critique de la valeur, en montrant que le concept de "domination sans sujet" offre un réflexion différente, au-delà du concept sociologiste/subjectiviste de "domination" que l'on retrouve dans l'ensemble de la critique superficielle du capitalisme (où la domination est comprise comme directe, de classe ou fondée dans la propriété privée); et également au-delà des thèses structuralistes ou althussériennes.
La conférence est prononcée dans le cadre du séminaire Sophiapol "Les conceptions contemporaines de la domination".
Le colloque Lippmann sʹest tenu à Paris en 1938 autour de l'influent éditorialiste américain Walter Lippmann et du livre qu'il venait de publier, La Cité libre. C'est au cours de ce colloque que le terme "néo-libéralisme" fut en quelque sorte intronisé.
Cette série d'émissions en compagnie du philosophe Serge Audier permet de revenir sur ce colloque et sur les principaux penseurs néolibéraux et notamment à lʹun des plus célèbres dʹentre eux : Friedrich Hayek.
Émission "Histoire vivante", animée par Jean Leclerc.
Le cours prononcé par Michel Foucault au Collège de France de janvier à avril 1979, Naissance de la biopolitique, s'inscrit dans la continuité de celui de l'année précédente, Sécurité, Territoire, Population. Après avoir montré comment l'économie politique, au XVIIIe siècle, marque la naissance d'une nouvelle raison gouvernementale - gouverner moins, par souci d'efficacité maximum, en fonction de la naturalité des phénomènes auxquels on a affaire -, Michel Foucault entreprend l'analyse des formes de cette gouvernementalité libérale. Il s'agit de décrire la rationalité politique à l'intérieur de laquelle ont été posés les problèmes spécifiques de la vie et de la population : "Étudier le libéralisme comme cadre général de la biopolitique."
Quels sont les traits spécifiques de l'art libéral de gouverner, tel qu'il se dessine au XVIIIe siècle ? Quelle crise de gouvernementalité caractérise le monde actuel et à quelles révisions du gouvernement libéral a-t-elle donné lieu ? C'est à cette tâche de diagnostic que répond l'étude des deux grandes écoles néolibérales du XXe siècle, l'ordolibéralisme allemand et le néolibéralisme de l'École de Chicago - unique incursion de Michel Foucault, tout au long de son enseignement au Collège de France, dans le champ de l'histoire contemporaine.
Cette analyse met en évidence le rôle paradoxal que joue la "société" par rapport au gouvernement : principe au nom duquel celui-ci tend à s'autolimiter, mais cible également d'une intervention gouvernementale permanente, pour produire, multiplier et garantir les libertés nécessaires au libéralisme économique. La société civile, loin de s'opposer à l'État, est donc le corrélatif de la technologie libérale de gouvernement.
Les questions commerciales ont connu un regain d’attention ces dernières années : TTIP et CETA ont notamment été l'objet de fortes contestations de la part d'associations et des syndicats. Les critiques adressées portaient sur plusieurs points (déficit démocratique lors des négociations, attaque des standards sociaux, environnementaux ou sanitaires, justice privatisée au travers de mécanismes d’arbitrage…) et sont apparues comme une opposition claire à un système de libre-échange débridé et généralisé. Cela n'a cependant pas débouché sur un débat autour du degré de protectionnisme utile ou nécessaire, tant est si bien que le sujet demeure le plus souvent tabou dans les débats publics.
Paradoxalement, depuis près de deux siècles, les pays industrialisés (USA, Grande-Bretagne, France…), principaux promoteurs du libre-échange, ont toujours usé de mesures protectionnistes en fonction d’intérêts particuliers, sectoriels ou de stratégies industrielles : droits de douane sur l'importation d'automobiles entre les États-Unis et l'UE, agriculture exportatrice subventionnée au travers de la Politique Agricole Commune, quotas, barrières réglementaires…
Quel degré de libre-échange/protectionnisme est acceptable, souhaitable ? Dans quel cadre : UE ? OMC ? accords bilatéraux et/ou régionaux ? Avec quelles conséquences pour l'emploi, les standards sociaux, environnementaux et les pays en développement ?
C'est à ces questions que tentent de répondre les économistes Jacques Sapir et Jean-Christophe Defraigne.
Comme tout ordre de domination, le capitalisme et la bourgeoisie qui en tient les rênes ont besoin de nous (et de se) raconter une histoire qui les légitime. Une histoire qui justifie leur hégémonie et l'écrasement de tout ce qui leur est étranger.
De nos jours, c'est la construction européenne qui sert de colonne vertébrale au discours de l'ordre. En dépit de ses tares antidémocratiques et antisociales, l'Union européenne continue à faire consensus auprès des élites du pays. Au nom de sa prétendue contribution à la pacification du continent, la machine bruxelloise poursuit son travail de persécution économique des classes laborieuses.
Construire un projet anticapitaliste cohérent, c'est donc d'abord déconstruire le discours européiste pour commencer à imaginer une alternative. C'est ce que s'emploient à faire ici la journaliste Judith Bernard et l'écrivain François Bégaudeau.
Le gouvernement par les lois est-il en train de se retirer ? Comment se manifestent le renversement de la hiérarchie du public et du privé, l'effacement du système basé sur des lois reçues de l'extérieur et le retour de nouvelles formes d'allégeance ? Pourquoi chacun peut-il choisir la loi qui lui convient ? Et comment peut-on devenir son propre législateur ?
Il y a de nombreuses raisons de penser que la période qui s'est ouverte avec la montée en puissance des États souverains et du gouvernement par les lois, dans l'Europe des XIIe-XIIIe siècles, arrive à échéance. Sapé par la gouvernance par les nombres, le "rule of law" est en crise et le gouvernement par les hommes refait surface sous des formes inédites que le grand juriste Alain Supiot s'efforce d'identifier tout au long de cette série de cours.
C'est donc de l'apparition des nouvelles figures de l'allégeance dont il est ici question, où chacun doit pouvoir compter sur la protection de ceux dont il dépend et sur le dévouement de ceux qui dépendent de lui.
Bienvenue dans un monde purgé de l'hétéronomie de la loi.
Voici les trois principales interventions du colloque organisé par la revue Eléments et consacré à "la guerre des droits".
On peut y entendre les exposés de l'essayiste Hervé Juvin sur l'extraterritorialité du droit américain, Renaud Beauchard, avocat, sur les controverses autour du règlement des différends entre Etats et investisseurs et enfin Eric Maulin, professeur de droit public à Strasbourg, sur l'opposition entre droit continental et Common Law anglo-saxonne.
Un sujet qui tend à devenir l'un des enjeux majeurs du contrôle de la mondialisation économique et politique de notre monde.
Deux des intellectuels français parmi les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle, Pierre Bourdieu et Michel Foucault, ont choisi de caractériser – le premier à la fin des années 1990, le second dans les années 1970 – le moment historique qu'ils traversaient par un même concept : "néolibéralisme".
Pour autant, s'ils se sont parfois croisés, leurs parcours théoriques autant que leurs styles de recherche se sont révélés très différents et, surtout, ils ont l'un et l'autre laissé inachevés leurs travaux sur cette question.
En quoi Foucault et Bourdieu éclairent-ils le projet néolibéral ? En quoi leurs analyses nous aident-elles à comprendre les nouvelles modalités de l'exercice du pouvoir et à poser une des questions centrales du XXIe siècle : quelles nouveautés faut-il inventer pour contrarier une idéologie aussi funeste ?