Si l’histoire donne des instruments pour interpréter le présent, elle n’a pas le pouvoir d’anticiper l’avenir. Les prévisions les plus sérieuses sont toujours démenties par les inattendus. Ce qu’offre l’histoire à l’égard du futur, c’est autre chose. Elle permet d’ouvrir l’imagination à la variété des possibles avec une ampleur qui surclasse la prospective politique ou économique. Elle enseigne notamment que rien n’est jamais écrit, que l’imprévu est la règle. C’est pourquoi, dans les périodes sombres, quand l’avenir semble irrémédiable, la connaissance du passé se révèle le meilleur antidote au désespoir et à la fatalité.
L’histoire montre par exemple que les retournements sont une constante. Aucun siècle ne se termine comme il a commencé.
Oui, l’imprévu est la règle dans l’histoire des États et des nations. En revanche, à l’échelle toute différente des civilisations, c’est moins l’imprévu qui domine que les longues permanences, sous l’apparence des changements. Fernand Braudel, l’historien français qui s’est le plus intéressé à leur destin, dit fort justement que les civilisations sont des réalités de très longue durée. N’en déplaise à Paul Valéry, elles ne sont pas “mortelles” à l’échelle d’une vie individuelle. Leurs pathologies n’ont pas non plus le catactère irréversible imaginé par Spengler. Et si des catastrophes géantes sont capables de les détruire, comme pour les Aztèques et les Incas, c’est l’exception, tant la capacité de survie des civilisations est grande. Le plus souvent, ce que l’on interprète comme une mise à mort est une mise en sommeil. Le périssable, ce sont les formes apparentes, telles les institutions, alors que les racines des civilisations sont pratiquement indestructibles.
La part romaine de la civilisation européenne avait semblé mourir quand lui fut imposé le christianisme. Mais un regard non convenu repérera sa survivance en Occident durant les siècles chrétiens et au-delà. Les révolutionnaires et Napoléon ne se voulaient-ils pas romains jusqu’à la caricature ?
On a pu dire encore que la Renaissance avait mis au cœur de la Chrétienté une civilisation païenne qui en était la négation. En réalité, née en Grèce sur le rameau hellène des Indo-Européens, se survivant ensuite à Rome, cette civilisationn’a jamais été déracinée. En Occident, l’Église s’est coulée dans le moule impérial dont elle tire sa force. La philosophie d’Aristote lui offrit ses justifications rationnelles. Son enseignement moral était calqué sur celui des stoïciens. Et pour s’attacher l’immense peuple des campagnes, elle reprit à son compte les anciennes fêtes rituelles, le culte des sources sacrées et celui des divinités familières auxquelles elle donna des noms de saints.
Il en a été de même partout ailleurs. Les religions nouvelles ont rarement remplacé ou supprimé les civilisations anciennes. Elles ont été le moyen par lequel les civilisations ont survécu à la ruine de structures épuisées. Même l’islam, la plus violente des croyances nouvelles et la plus fermée aux compromissions, n’a pas échappé à cette règle.
Civilisation, culture, tradition, sont des notions voisines au point d’être interchangeables dans le langage courant. La culture est première dans l’ordre chronologique. Elle se rapporte à la permanence des mentalités profondes. Elle est créatrice de sens. La civilisation est une culture qui a reçu une forme historique, fondatrice d’un ensemble de qualités propres dans l’ordre matériel, intellectuel, artistique et moral. La tradition est l’âme d’une culture et d’une civilisation.
Comme les cultures, les civilisations sont irréductibles les unes aux autres. Ce sont des personnes ayant leur destin. Dans l’espace, elles s’étendent au-delà des limites des États et des nations. Réalités de longue durée, elles survivent aux bouleversements politiques, économiques ou religieux. Elles dépassent en longévité les autres réalités collectives. Elles ont l’éternité pour elles. Il en est ainsi de la civilisation européenne, en dépit de ce qui la défigure aujourd’hui et des menaces qui l’assaillent.
Depuis plusieurs années, Michel Onfray s'offre tous les plateaux télé, la radio et la presse pour dire qu'il est un contestataire et un rebelle. Les médias lui offrent des colonnes et des boulevards et il est régulièrement sollicité pour livrer son avis sur les gens, le monde, la politique, les faits de société. Il réalise l'acrobatie étonnante d'être un incontournable du système médiatique et commercial tout en prétendant combattre ce système.
Jonathan Sturel se donne pour mission de disséquer, d'analyser et de démontrer le mythe Onfray, une fable médiatique créée de toutes pièces par une industrie bien huilée qui avait besoin qu'un prétendant occupe le siège vacant de l'intellectuel de service.
Cosmos est le premier volume d'une trilogie intitulée "Brève encyclopédie du monde". Il présente une philosophie de la nature et sera suivi de "Décadence", qui traitera de l'histoire, puis de "Sagesse", consacré à la question de l'éthique et du bonheur.
"Trop de livres se proposent de faire l'économie du monde tout en prétendant nous le décrire. Cet oubli nihiliste du cosmos me semble plus peser que l'oubli de l'être. Les monothéismes ont voulu célébrer un livre qui prétendait dire la totalité du monde. Pour ce faire ils ont écarté des livres qui disaient le monde autrement qu'eux. Une immense bibliothèque s'est installée entre les hommes et le cosmos, et la nature, et le réel". Michel Onfray
Tel est le point de départ du livre qui est ici présenté, et dans lequel le fondateur de l'université populaire de Caen nous propose de renouer avec une méditation philosophique en prise directe avec le cosmos. Contempler le monde, ressaisir les intuitions fondatrices du temps, de la vie, de la nature, comprendre ses mystères et les leçons qu'elle nous livre. Tel est l'ambition du travail de Michel Onfray, qui renoue avec l'idéal grec et païen d'une sagesse humaine en harmonie avec le monde.
L’Amérique se cherche, l’Europe s’égare, la Chine se retrouve. Et voilà que reprennent, côté couchant, les violons de l’automne. Au moment où l’inusable et noble notion d’Occident ressort du Malet-Isaac pour labéliser le trio habituel USA/Grande-Bretagne/France ; où l’air du temps, chez les directeurs de l’esprit public, gauche ou droite, est à "l’occidentalisme" ; où chaque "grande conscience" en appelle à un sursaut des puissances, valeurs et responsabilités "occidentales" – le titre du livre mal famé de Spengler (Le Déclin de l’Occident, 1922) se met à courir à la une des magazines.
On se lassait de Rambo, on retrouve Hamlet. Le pourquoi du vague à l’âme est dans toutes les gazettes : submersion démographique (que pesons-nous sur une planète passée en un demi-siècle de trois à six milliards d’habitants ?) ; désindustrialisation, endettement et déficits publics ; pollution de l’environnement ; chute de compétitivité ; privilège de change du yuan (la Chine vendant, dit-on, à moitié prix) ; perte de foi dans notre modèle de croissance. Etc.
Alors que l'air du déclin occidental est de plus en plus chantonné à travers le monde, il serait bon d’évaluer l’actuel rapport de forces. Une mise au point en forme de mise en garde.
À travers une géopolitique des passions, Tzvetan Todorov présente, dans son dernier livre, l'Occident et le monde tels que l'après-guerre froide les a façonnés : après l'espoir déçu d'un nouvel ordre mondial harmonieux, la place est laissée aux conflits et aux oppositions de toutes natures, sur fonds de développement technologique ultra-rapide.
Les passions qui agitent les pays du monde aujourd'hui, l'appétit, le ressentiment et surtout la peur renferment en elles-mêmes des germes inquiétants, comme le rejet de l'Islam et la xénophobie. La peur des barbares est ce qui risque de nous rendre barbares. Et le mal que nous nous ferons dépassera celui que nous redoutions au départ.
L'histoire nous l'enseigne : le remède peut être pire que le mal. Pour l'historien, le dialogue des cultures, riche de l'histoire universelle et d'un véritable respect de l'autre, permettra de surpasser la peur. Le moment est venu pour chacun de prendre ses responsabilités : il faut protéger notre fragile planète et ses habitants si imparfaits, les êtres humains.
Stéphane Blanchonnet nous présente les trois figures majeures de la légitimité politique selon Charles Maurras. C'est en étudiant le parcours de Jeanne d'Arc, le personnage d'Antigone et l'oeuvre Anthinéa que l'on comprend quelle conception le maître de Martigues se fait du pouvoir et de son incarnation.
Ces réflexions sont aussi l'occasion de comprendre les liens et l'articulation entre le politique et la morale.
Finalement, c'est à une réflexion sur la permanence des civilisations -fruits de l'histoire- et des lois immuables de la physique sociale que nous sommes invités.
La société française est en état de décompositation avancée.
Alors que toutes les instances de pouvoir semblent plus que jamais vérouillées, que pouvons-nous espérer ?
Les nouveaux outils de communications, comme l'Internet, ont en tout cas le mérite de court-circuiter les média aux ordres du pouvoir.
Cette révolution de l'information suffira-t-elle à inverser le rapport de force ? Que pouvons-nous faire pour continuer le combat pour la France ?
L’effondrement des sociétés complexes comme la nôtre est-il inéluctable ? En étudiant l'histoire, il apparaît en tout cas que la désintégration politique est une caractéristique constante des sociétés humaines.
Mais quelles sont les causes qui ont présidé à la disparition des civilisations qui nous ont précédé ? Y-a-t-il des points communs entre ces exemples historiques d’effondrement et les problèmes à notre époque ?
C’est à ces questions que les invités de cette émission s'efforcent de répondre, en s'appuyant sur la traduction de l'ouvrage "L'effondrement des sociétés complexes" de Joseph A. Tainter aux éditions Le Retour aux Sources.