Les travaux de René Girard ont remis l'anthropologie religieuse au goût du jour. Son apport à l'intelligence de la foi chrétienne est considérable : en montrant comment la Passion du Christ dévoile les ressorts de la violence constitutive des sociétés, Girard a éclairé la singularité des Évangiles par rapport aux mythes fondateurs de la culture humaine.
L'un des bénéfices de cette lecture des Évangiles est de souligner la cohérence entre la prédication du Royaume et la signification des circonstances de la mort de Jésus. Plus largement, elle permet de lire les textes bibliques comme la découverte progressive de la non-violence de Dieu.
Alors, en quoi le christianisme est-il une religion du livre ?
Émission "Présence protestante".
Journaliste et pamphlétaire Suisse, Raphaël Pomey vient nous présenter son dernier ouvrage Danser l'Effondrement. Les Eglises à l'ère du Cool (2020, éditions Bergtatt).
Il nous propose une analyse personnelle, drôle et décapante de la déréliction des églises protestante et catholiques, en nous invitant à redécouvrir "le sens de l'émerveillement", seul à même de conduire au sacré...
Émission "La Méridienne", animée par Wilsdrof.
L'approche par les historiens du phénomène de l'hérésie a beaucoup évolué depuis un demi-siècle et oscillé entre plusieurs écueils. Le principal danger, lorsqu'on analyse les formes variées de la contestation religieuse au Moyen Âge, est de prendre à la lettre les dénominations des groupes hérétiques, ainsi que les croyances et les pratiques que les auteurs de l'époque leur ont attribuées. Réagissant à juste titre contre cette conception, les historiens de la fin du XXe siècle ont souvent cherché à assigner à ces mouvements d'autres objectifs que ceux que leurs adeptes affirmaient poursuivre, en particulier la recherche du salut que ces derniers pensaient avoir plus de chance de trouver hors de l'Église qu'en son sein.
Dans une perspective marxiste, l'hérésie serait une modalité d'expression de la lutte des couches inférieures de la société contre les classes dominantes. Pour l'École des Annales, les hérétiques étaient plutôt des individus et des groupes marginaux qui contestaient l'ordre féodal. Mais ces interprétations n'ont pas convaincu dans la mesure où la plupart d'entre eux ne se recrutèrent pas parmi les éléments les plus défavorisés de la société. D'où la nécessité d'une reconsidération du problème qui a prévalu depuis une vingtaine d'années et a amené à reprendre la question sur des bases nouvelles.
Cet entretien en marge de l'exposition "Traces du sacré" au Centre Pompidou offre à l'auteur de La Violence et le Sacré la possibilité de s'exprimer conjointement sur l'histoire, les écrivains, les philosophes et les artistes. Sont alors évoqués Clausewitz, Hölderlin, Hegel, Nietzsche et Dostoïevski, mais aussi Stendhal, Baudelaire, Stravinski, Nijinski et Proust.
Partant, c'est toute son œuvre que René Girard a prise à rebours, commençant par sa récente réflexion sur la rivalité franco-allemande dans Achever Clausewitz pour remonter jusqu'aux premières intuitions de Mensonge romantique et vérité romanesque.
Cette discussion avec Benoît Chantre prend la forme d'un palindrome : commencée avec Clausewitz, elle s'achevet sur Proust. De Iéna à Combray, de l'enfer de la guerre au paradis de l'enfance, nous sommes ainsi passés d'une apocalypse à l'autre : de la "montée aux extrêmes" à la révélation finale du Temps retrouvé.
Et si René Girard évoque ici la distance qu'il a vite ressentie à l'égard de l'art moderne, c'est l'Histoire qu'il cherche à penser quand il quitte l'Europe pour les Etats-Unis, son sens qu'il scrute à travers les textes littéraires. Et c'est bien sa "conversion romanesque" qui lui donne les clés d'une œuvre qui remontera jusqu'au religieux archaïque révélé à la lumière des Evangiles.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'02'00 : Clausewitz et Napoléon
- 0'16'40 : Hegel et le christianisme
- 0'21'00 : Hölderlin, Dostoïevski et Nietzche
- 0'42'15 : La France et l'Allemagne ou Baudelaire et Wagner
- 0'53'50 : Le Sacre du printemps
- 1'12'30 : Les Etats-Unis, Simone Weil
- 1'28'40 : Marcel Proust
Pour l'historien de l'art Wolfgang Schöne, l'histoire des images de Dieu en Occident fut marquée par une phase de visibilisation croissante, culminant dans la seconde moitié du XVe siècle, suivie d'une phase de visibilisation décroissante, reconduisant à l'invisible. À travers le mystère de l'Incarnation, Dieu se donnait toujours plus à voir dans la forme humaine ; mais quand la forme humaine devint la véritable référence – comme c'est le cas au plafond de la Sixtine, peint par Michel-Ange au début du XVIe siècle –, celle-ci devint également inapte à figurer Dieu.
Peinte au milieu du XVe siècle, la Pietà d'Avignon, d'Enguerrand Quarton, se situe à peu près au point culminant de la visibilité divine. Appartenant encore à l'ère de l'image, mais précédant de très peu l'ère de l'art, cette œuvre nous donne la possibilité d'apprécier, à partir d'elle, l'ensemble de la trajectoire.
Le 11 octobre 1962 s'ouvrait à Rome Vatican II, le Concile le plus universel de l'histoire de l'Eglise catholique et aussi évènement majeure de l'histoire du XXe siècle.
50 ans se sont écoulés, et il est temps de se demander ce que cela a véritablement changé ainsi que d'analyser le rôle et la place de l'Eglise aujourd'hui.
Émission "Les mardis de la mémoire", animée par Anne Collin et Dominique Paoli.
Dans cette intervention, Julien Rochedy se concentre sur un aspect bien particulier de la pensée de celui qui voulut être l'Antéchrist et qui consitue un problème essentiel : son rapport au christianisme, soit le duel d'un homme avec Dieu.
Y'a-t-il une manière chrétienne de répondre à Nietzsche ? Inversement, existe-t-il une façon nietzschéenne d'être chrétien ?
- 0'05'28 : les nietzschéens de gauche
- 0'14'18 : l'Antéchrist
- 0'25'02 : une relation intime
- 0'33'17 : un saint sans Dieu
- 0'44'15 : la chrétienté par force
- 0'59'48 : le salut des nietzschéens
- 1'17'42 : mensonge ou vérité, qu'importe ?
Et si la philosophie nietzschéenne était un outil majeur pour affronter les aberrations de notre modernité ? C'est en tout cas l'analyse que fait Julien Rochedy de ce philosophe populaire mais souvent mal compris qu'est Friedrich Nietzsche.
Accusé d'être le philosophe des régimes totalitaires par certains, encensé comme le philosophe des "surhommes" par d'autres, il est temps de se plonger dans cette pensée originale et peut-être très... actuelle.
Émission "Eurêka", animée par Vincent Lapierre.