On oppose volontiers Max Weber à Karl Marx. Certes, le grand sociologue allemand était un libéral, hostile au communisme. Mais c'était aussi un analyste très critique du capitalisme et de sa course effrénée au profit qui enferme l'humanité moderne dans un système implacable.
Relisant la célèbre étude sur les "affinités électives" entre l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Michael Löwy prolonge l'analyse. Il explore ainsi les "affinités négatives" entre l'éthique catholique et l'esprit du capitalisme et en retrouve la trace dans divers courants catholiques de gauche en Europe comme dans la théologie de la liberté en Amérique latine aujourd'hui. Il suit également les autres filiations anticapitalistes du sociologue de Heidelberg. D'une part celle du marxisme wébérien qui va de Georg Lukàcs à Maurice Merleau-Ponty, en passant par les premiers théoriciens de l'École de Francfort. D'autre part, celle d'un courant socialiste/romantique, essentiellement promu par des auteurs juifs allemands de la République de Weimar, tels Ernst Bloch ou Walter Benjamin.
Cette postérité, Michaël Löwy, qui est à la fois un wébérien érudit et un marxiste engagé, l'incarne à sa manière. Et il entend montrer combien le courant critique du marxisme wébérien reste d'actualité alors que la toute puissance des marchés emprisonne, plus que jamais, les peuples dans la cage d'acier du calcul égoïste.
Le fait qui s'impose à tous au XXIè siècle est l'ère Anthropocène comme menace fondamentale contre la vie et l'humanité – cette menace consistant avant tout en une augmentation dans la biosphère des taux d'entropie thermodynamique, d'entropie biologique et d'entropie informationnelle.
Les différentes interventions s'attachent aux questions des rapports entre ce qui est en fait et ce qui est en droit, la différence entre les deux, qu'il faut faire, fondant aussi bien le champ scientifique que le champ juridique. Il est aussi tenté de spécifier les conséquences qu'il conviendrait d'en tirer en ce qui concerne l'avenir de l'économie, du travail et des coopérations internationales dans l'ère Anthropocène.
1. Bernard Stiegler - Eléments de réponse à António Guterres et Greta Thunberg
2. Alain Supiot - Entre globalisation et repliements identitaires : quel ordre juridique pour la mondialisation ?
3. Giuseppe Longo - Mécaniques de la nature, ou comment on a désarticulé les écosystèmes. Pistes pour une autre compréhension
4. Ana Soto - La prolétarisation de la pensée biologique
Des contributions qui sont données dans le cadre des "Entretiens du nouveau monde industriel".
Au lendemain d'une soirée d'éducation populaire en compagnie de France Lepage, Etienne Chouard revient sur ses sujets de prédilection et nous expose son opinion sur de nombreux sujets tels que la constitution et le processus constituant, la différence entre l'élection et la votation, le clivage gauche/droite on encore les attaques qu'il subit quant à sa liberté de parole.
Une intervention qui s'intègre plus largement dans le grand projet de refondation démocratique pour lequel se bat Etienne Chouard depuis de nombreuses années.
Depuis des décennies, la pensée néolibérale mène une guerre larvée contre le modèle social français de l'après-guerre. La résistance d'une population refusant des politiques en faveur du capital a abouti à un modèle mixte, intégrant des éléments néolibéraux plus modérés qu'ailleurs, et au maintien de plus en plus précaire d'un compromis social. À partir de la crise de 2008, l'offensive néolibérale s'est radicalisée, dans un rejet complet de tout équilibre.
Emmanuel Macron apparaît alors comme l'homme de la revanche d'un capitalisme français qui jadis a combattu et vaincu le travail, avec l'appui de l'État, mais qui a dû accepter la médiation publique pour "civiliser" la lutte de classes. Arrivé au pouvoir sans disposer d'une adhésion majoritaire à un programme qui renverse cet équilibre historique, le Président fait face à des oppositions hétéroclites mais qui toutes rejettent son projet néolibéral, largement à contretemps des enjeux de l'époque. Le pouvoir n'a ainsi d'autre solution que de durcir la démocratie par un excès d'autorité. Selon une méthode classique du néolibéralisme : de l'épuisement de la société doit provenir son obéissance.
Le sociologue américain Immanuel Wallerstein, directeur du centre Fernand Braudel qui a également été le président de l'Association internationale de sociologie, est notamment connu pour sa production historique qui a repris le concept d'économie-monde proposé par Braudel, tout en cherchant à le libérer de certaines de ses limites. Son apport principal, qui constitue une véritable percée conceptuelle, consiste dans l'introduction d'un nouveau concept, celui de "système-monde".
- 00'00 : qu'a inventé Fernand Braudel ?
- 03'45 : c'est aussi l'inventeur de l'histoire longue ?
- 10'50 : pourquoi le temps long est-il important ?
- 13'30 : pourquoi faire de l'histoire longue aujourd’hui ?
- 18'00 : comment le capitalisme est-il né au XVIème siècle ?
- 21'15 : le capitalisme du XVIème siècle est-il le meme que celui d'aujourd’hui ?
- 26'50 : quels points communs avec notre époque ?
- 32'05 : les écanges de cette mondialisation sont aussi très inégalitaires ?
- 32'30 : mais aussi en Méditérannée ?
- 35'05 : quelles places ont les villes dans ce système monde ?
- 37'40 : quel regard portez vous sur la ville capitaliste moderne ?
- 39'00 : pourquoi accordez vous tant d’importance aux villes-ports ?
- 43'45 : pourquoi avoir fondé le centre Fernand Braudel aux Etats-unis ?
- 45'33 : pour vous aussi, comme disait Fernand Braudel "toute l’histoire relève de la reverie" ?
Qu'est-ce que la civilisation, l'art, la culture ? En quoi ces questions nous éclairent-elles sur ce que nous sommes ou devrions être ? Suspectes de populisme parce qu'elles touchent au tabou de l'identité, elles sont aujourd'hui tenues pour illégitimes. Si on ose, cependant, les affronter, on sera conduit à reconsidérer l'art comme composante principale de la civilisation.
Comment subsisterait-elle alors qu'à l'art s'est substitué le non-art, effet de la mondialisation, qui, comme elle, n'admet aucune friction dans les flux planétaires de marchandises, d'hommes, d'informations ? Sa vacuité (il n'a pas de style) lui interdit toute appartenance à une tradition et son universalisme nihiliste l'enferme dans la négation de toute particularité, rien n'étant plus universel que le néant.
À l'intersection de l'histoire et de la philosophie, Kostas Mavrakis engage le débat avec les champions du libéralisme, de l'islamisme ou du prétendu "art contemporain", en mettant en lumière le lien paradoxal qui les unit.
"Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s'y substituent avant que les conditions d'existence matérielles de ces rapport soient écloses dans le sein même de la vieille société. C'est pourquoi l'humanité ne se pose jamais que les probèmes qu'elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir." Critique de l'économie politique, Préface, Karl Marx
Le XXe siècle aura été un riche incubateur d'idées et d'approches novatrices, dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui.
Accompagné de plusieurs spécialistes, le philosophe Normand Baillargeon aborde les problématiques de l'école pour tous comme idéal de démocratisation de l'éducation, de l'écologie et du mouvement environnemental, discute d'intelligence artificielle ou encore d'économie de marché.
Tout au long de cette série d'émissions, il souhaite offrir des clés de compréhension afin que chaque citoyen puisse saisir les enjeux des grandes idées scientifiques, politiques et philosophiques qui façonnent le monde d'aujourd'hui et de demain.