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C'est un entreprise proprement pédagogique qu'Antoine Dresse entreprend en proposant une cartographie méthodique des notions, des figures et des controverses qui structurent la pensée politique de droite. Chaque entrée fonctionne comme une fiche claire et synthétique, où l'on croise Joseph de Maistre, Alexis de Tocqueville ou encore Carl Schmitt.
Objectif : définir, contextualiser, puis relier les concepts à des querelles contemporaines. Mais aussi montrer les continuités et les ruptures au sein de cette vaste galaxie intellectuelle, et mettre en scène les tension internes, entre conservatisme, libéralisme, souverainisme et identitarisme.
En rendant visibles les arguments, leurs limites et, plus que tout, leurs implications pratiques, Antoine Dresse encourage à la réflexion... avant de retourner à l'action.


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Quelque chose est en train de craquer. Face à l'angoisse apocalyptique qui hante notre temps, les puissants de ce monde se préparent eux aussi à l'effondrement. Certains croient assurer leur survie en s'offrant de luxueux bunkers, d'autres capitalisent sur le désastre qu'ils ont contribué à provoquer.
Eugénie Valier, héritière déclinante d'un grand groupe industriel, se résigne quant à elle à une mort prochaine. Et puisque l'humanité court à sa perte, elle décide de démanteler l'empire érigé par son père au lieu de le léguer à son fils. L'intégralité de sa fortune ira à une fondation destinée à nettoyer les "trash vortex", ces vastes tourbillons marins qui charrient tous les déchets dérivant à la surface des océans. Mais cette mission, a priori vertueuse, sert en fait un projet de liquidation générale, auquel se mêle un inavouable règlement de comptes familial.
Avec cette satire virtuose des élites économiques, politiques, et des multiples acteurs qui gravitent autour d'elles, Mathieu Larnaudie nous emporte dans une traversée vertigineuse de notre époque, et signe le grand roman d'une civilisation fascinée par sa propre fin. Que reste-t-il à transmettre lorsque demain est incertain ?


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C'est en compagnie de Stefou Xenomancie qu'est étudié en profondeur le courant intellectuel souterrain mais influent des lumières sombres, un mouvement qui remet radicalement en question les fondements de la modernité politique. Inspiré par le penseur Nick Land, théoricien d'une technocratie élitiste, le débat s'articule autour d'une critique acerbe de la démocratie, de l'égalitarisme et du progressisme. Ce courant prône un retour à des structures sociales hiérarchisées, tout en intégrant les avancées technologiques pour façonner un futur où l'efficacité prime sur les idéaux humanistes. Entre rejet des utopies égalitaires et fascination pour un capitalisme débridé, ces idées interrogent : une société gouvernée par une élite technoscientifique est-elle viable, voire souhaitable ?
L'échange aborde également des thèmes connexes comme la providence technocapitaliste, où le marché et l'intelligence artificielle sont perçus comme des forces quasi divines de sélection sociale, ou encore la guerre hybride, où les conflits futurs se joueront autant sur les champs de bataille que dans les réseaux numériques. Des références à la gnose, à la double prédestination calviniste ou aux mythes faustiens viennent éclairer cette vision d'un monde où le pouvoir se concentre entre les mains de quelques-uns, tandis que la masse, dépossédée de son autonomie, n'est plus qu'un rouage d'un système dépassant l'entendement humain. Entre dystopie et prophétie, cette discussion invite à décrypter les dérives possibles d'un futur où technologie, pouvoir et spiritualité s'entremêlent de manière troublante.


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"Vous ne posséderez rien et vous serez heureux." Cette phrase résonne comme une prophétie glaçante pour certains, une utopie pour d'autre, voire une injonction pour certains leaders du Forum économique mondial de Davos ! Dans ce monde imaginé par les élites, tout – logement, transport, vêtements – serait accessible via des services, mais jamais possédé en propre. Face à cette vision d'un futur où la propriété individuelle s'efface au profit d'une dépendance généralisée, l'écrivain Hilaire Belloc, dès 1912, avait pressenti les dangers de cette servitude moderne. Dans L'État servile (Editions Carmin, 2023), il dénonce l'illusion d'une liberté sans propriété et explore les mécanismes qui mènent à l'asservissement économique.
Mais comment échapper à ce scénario ? Comment retrouver une autonomie concrète, entre capitalisme dévorant et collectivisme aliénant ? La liberté a-t-elle un prix ? Et jusqu’où accepterons-nous d’échanger notre autonomie contre une sécurité illusoire ?
Pour y répondre, Radu Stoenescu et Mos Majorum plongent dans la pensée distributiste de Belloc, un courant méconnu qui prône la répartition des moyens de production plutôt que des richesses. Entre analyses historiques et réflexions actuelles, ce texte inédit en français résonne avec notre époque. Un dialogue urgent pour comprendre pourquoi la propriété – même modeste – reste un rempart contre l'arbitraire, et comment des alternatives concrètes, à l’échelle locale, peuvent encore se construire.


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Avec des notions comme celles d'hégémonie et de contre-hégémonie, de guerre de position, de bloc historique, d'intellectuel organique, de national-populaire, de journalisme intégral, le couple conceptuel orient/occident ou encore sa typologie des romans, Antonio Gramsci va faire de la culture et de son rapport au pouvoir une dimension importante de la conflictualité sociale et de l'extension du domaine de la lutte, sans ramener, à aucun moment, la confluctualité sociale et les rapports sociaux à de simples rapports de représentation.
Razmig Keucheyan, grand connaisseur des perspectives critiques contemporaines, nous introduit à la question fondamentale de la culture dans l'oeuvre de Gramsci.


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Philosophe mobilisant les outils issus de la pensée de Spinoza, de la psychanalyse et de l'économie politique, Frédéric Lordon offre une critique radicale des structures du capitalisme contemporain et traite de leurs effets politiques.
Il analyse ici le triste spectacle politique qui se déroule sous nos yeux : les institutions de la Cinquième République au bord de la rupture sont rongées par le capitalisme néolibéral, mais les commentateurs médiatiques n'y voient qu'un problème vaguement moral.
Et au sommet de cette crise, Emmanuel Macron, dans toute sa perversion, illustre la décadence de l’époque. Sa psyché est définitivement alignée sur les structures malades de notre pays...
Un entretien mené par Olivier Berruyer.

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Le travail patient de Jérôme Baschet, son œuvre et tout simplement sa vie dans le Chiapas rebelle des zapatistes lancent depuis des années des adieux affirmés : des "adieux au capitalisme". Il évoque ici les ravages et saccages du capitalisme en proposant à son sujet une analyse sans concession. Mais il y est surtout question de perspectives tangibles pour une société débarrassée de l'accumulation dévastatrice et de questionnements stratégiques essentiels.
Face à la "tourmente qui vient", comment nous dé-capitaliser, libérer des espaces de la marchandise, bâtir un buen vivir, une vie juste et bonne délestée des impératifs capitalistes ?
Émission "C’est quoi le plan ?", animée par Ludivine Bantigny.


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Sociologue spécialisé dans l'analyse des relations privées et de la famille, Gérard Neyrand est l'auteur notamment de Critique de la pensée positive : Heureux à tout prix ? (ed. Erès, 2024) et L'amour individualiste (ed. Erès, 2018).
Il montre ici que "la pensée positive" est en réalité une idéologie par et pour le néolibéralisme : loin d'être inoffensive, elle contribue à hyper-responsabiliser les individus et les éloigner des structures collectives et solidaires au profit d'un bonheur factice, qui bien souvent ne conduit qu'à la culpabilité.
Un entretien mené par Carla Costantini.