Critique littéraire, journaliste, romancier et poète anglais, Chesterton a porté un regard acéré sur le monde moderne et ses prétentions.
Soutenu par une écriture jubilatoire et un art du nonsense remarquable - cette forme d'humour typiquement anglaise -, il fait apparaître l'absurdité et l'arrogance d'une modernité infatuée d'elle-même, convaincue de sa supériorité sur toutes les époques qui l'ont précédée.
Ardent apologiste du christianisme, il voyait dans l'anthropologie chrétienne l'unique alternative permettant de faire contrepoids à la démesure contemporaine.
Philippe Maxence nous emmène en voyage au coeur de l'oeuvre et de la pensée de ce grand écrivain britannique.
Émission de "La méridienne", animée par Wilsdorf et Jean-Louis Roumégace.
Deux siècles après la naissance de Marx, le capitalisme semble partout avoir eu raison du marxisme. Et pourtant la critique du capitalisme est partout ravivée par la crise écologique, l'explosion des inégalités et la maltraitance des travailleurs.
Cette contradiction n'est qu'une apparence, car la pensée de Marx n'a rien à voir avec la vulgate étatiste et productiviste des partis communistes défaits par l'histoire. Denis Collin tord le cou à bien des idées reçues et nous restitue l'œuvre authentique de Marx, le philosophe humaniste, penseur de l'émancipation des individus et de la démocratie réelle. Il nous donne à voir les dimensions philosophiques, économiques et politiques de l'œuvre de Marx et nous montre comment elle reste un outil précieux pour penser le présent.
En résumé, nous n'avons pas moins mais plus de raisons que Marx de penser que le mode de production capitaliste est historiquement condamné. À quoi cédera-t-il la place ? Le pire reste possible. Mais précisément, avec Marx, nous devons nous rappeler que les hommes font eux-mêmes leur propre histoire.
Longtemps, Spinoza a été considéré comme marginal, archaïque, et même "médiéval". Sa philosophie est, en effet, étrangère à la voie moderne principale portée par Descartes, Kant, Hegel, celle de la philosophie du sujet et de l'esprit qui a exalté le "je pense" et valorisé la volonté. Un sujet bientôt élargi à des identités collectives et démiurgiques - le peuple, la classe, quelquefois la race - pour promouvoir avec la volonté de puissance "le maître et possesseur de la nature".
Ce n'est pas d'aujourd'hui que ce parcours subjectiviste, qui aboutit à "Dieu est mort" et à une vie humaine "par-delà le bien et le mal", a suscité dans la montée du nihilisme la crise de la modernité.
Mais maintenant, astrophysiciens, psychanalystes et neurophysiologistes, précédant ou accompagnant les philosophes en France et dans le monde, ainsi que la jeune génération, se sont mis à lire Spinoza. Et si, à côté du logiciel classique d'analyse de la modernité, sa philosophie dessinait une autre voie, plus juste, plus actuelle, plus proche de nos interrogations ? Quelle est donc cette philosophie ? Que nous apprend-elle sur la démocratie, la puissance de l'homme et de la nature ? À travers sa formation et sa biographie, sa philosophie politique, sa conception de Dieu, de la nature humaine et de ses affects, des chemins de la servitude et de la liberté, et sa conception de la nature, c'est cette autre voie alternative que nous présente Blandine Kriegel.
On ne peut voir qu'une troublante coïncidence dans le fait que l'auteur du Meilleur des Mondes, Aldous Huxley, ainsi que celui des Chroniques de Narnia, C. S. Lewis, se soient tous deux éteints le jour même où l'on assassinait John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963. Et ne pas trouver étrange que cet Irlandais, professeur de littérature du Moyen-Age et de la Renaissance d'apparence austère, touché par la foi à l'aube de ses trente ans, ait partagé une longue et profonde amitié avec J. R. R. Tolkien, et ... imaginé s'amuser à se cacher dans des armoires.
Auteur de nombreux ouvrages de réflexion chrétienne, de critique littéraire ainsi que de romans pour adultes et enfants en passant par la science-fiction avec sa Trilogie cosmique, C. S. Lewis connut une très grande popularité dans les milieux anglophones mais dut attendre que les studios Disney s'en emparent pour que son ironie et ses réflexions sur les rapports entre mythes et religion atteignent véritablement la France. Un humour qui culmine dans La Tactique du diable, où il donne la parole à un vieux démon tentateur qui partage son expérience avec une nouvelle recrue sur les détours secrets de l'âme humaine.
Ainsi, toute l'oeuvre de C. S. Lewis nous conduit à visiter les doubles fonds du réel, ramenant la réalité à une croyance comme une autre, et par la magie de son écriture repeuplant les forêts sacrées de leurs créatures mythiques, tous les pays imaginaires se mettent à exister aussi intensément que l'enfance en nous.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Lydia Ben Ytzhak.
Peu d'œuvres philosophiques et peu d'hommes ont été célébrés avec autant d'honneurs, aimés, acclamés avec autant de ferveur et... délaissés avec autant de légèreté.
La nuit de la guerre aura marqué ce retournement brutal pour celui qui refusa tous les avantages que le gouvernement de Vichy, mal à l'aise, tentait d'offrir à ce juif si français, illustre entre tous. Cette marque du destin met en évidence, plus que tout, que Bergson fut le philosophe de la fidélité à soi.
C'est à cette haute idée de la liberté que cette émission s'attache dans l'œuvre et la vie de cet homme qu'un Péguy, un Merleau-Ponty ou un Jankélévitch ont reconnu comme de leur lignée.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Catherine Ardent et Jacques Taroni.
Jacques Maritain s'est converti au catholicisme à vingt ans, en même temps que sa femme Raïssa. Ce couple fut le centre de gravité de la vie spirituelle et littéraire durant le premier XXe siècle, point de ralliement de nombreux intellectuels, littéraires et poètes.
Confidents de Mauriac, Green, Cocteau et Maurice Sachs, amis de Péguy, Bloy, Mounier et Paul VI, Jacques Maritain se fit mendiant du ciel au nom d'un nouvel humanisme chrétien.
Ce philosophe fut aussi un acteur engagé dans un monde en proie à la tragédie, et livrason existence à Dieu.
Retour sur un itinéraire sublime et fascinant en compagnie de nombreux amis.
Une émission animée par Stanislas Fumet, avec Robert Debré, Georges Cattaui, André Frossard, Michel Riquet, Olivier Lacombe, Georges Auric, Julien Green et Pierre Manent.
À l’occasion du cinquantenaire de Mai 1968, Pierre-Ulysse Barranque nous propose une présentation et une discussion critique du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (Gallimard, 1967) et de De la grève sauvage à l’autogestion généralisée (UGE 10/18, 1974) de Raoul Vaneigem.
Car le Traité -et alors que beaucoup l'ont oublié- était un véritable best-seller en 1968 et a puissemment contribué à inspirer la révolte du mois de Mai. On y retrouve une critique profonde du capitalisme et un appel à son dépassement révolutionnaire, deux axes ayant gardé toutes leurs pertinences.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
À la fois professeur, essayiste, journaliste et conférencier, auteur d'une œuvre considérable, Ortega y Gasset fut considéré en son temps comme l'un des chefs de file de l'intelligentsia de son pays.
Ce philosophe est l'inventeur d'un système de pensée original, profondément cohérent quoique disséminé dans une multitude d'écrits trouvant leur unité, du point de vue formel, dans un style élégant et brillant, semé de métaphores, qui cherche d'abord à séduire son lecteur pour mieux le convaincre et pour mieux l'instruire.
Retour, en compagnie de ceux qui l'ont cotoyé de près, sur le parcours de cet être singulier qui aura marqué l'histoire intellectuelle espagnole et européenne au XXe siècle.
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Jacques Munier.