Alexandre Landre, commissaire-priseur et secrétaire-fondateur du Club du Mercredi, nous propose de nous interroger sur la fracture esthétique qui parcourt la "dissidence" : au-delà des idées abstraites et du maniement des concepts, sommes-nous capable d'incarner notre vision du monde pour que nos messages politiques soient d'abord ressentis avant d'être compris sur le plan intelletuel ?
Parce que nous revendiquons un certain héritage culturel et que nous entendons pourfendre le mensonge et la laideur, nous nous devons de réfléchir à cette dimension souvent oubliée du combat politique.
C'est à partir d'une perspective de sociologie de l'art contemporain que Nathalie Heinich tente d'en définir le paradigme. Car l'art contemporain rompt avec l'art moderne et non avec l'art classique : il ne s'agit pas seulement d'une période mais surtout d'une question de genre. On comprend que l'œuvre contemporaine peut s'éloigner des canons de beauté de l'art classique exposant premièrement l'intériorité de l'artiste.
Le "ready-made" de Duchamp devient alors la préhistoire de l'art contemporain. L'œuvre est révélatrice de ce paradigme, dans une vision de l'art où l'œuvre n'est plus l'objet mais plutôt l'idée proposée. Et peu à peu l'art contemporain de renverser les codes de l'art moderne en en modifiant les médiums. Il ne s'agit plus seulement d'un pinceau et d'un artiste mais de performances, d'installations, de vidéos...
La sociologue expose ensuite une frise des grandes dates de l'art contemporain. On passe de l'exposition du vide de Klein dans les années 1950 à l'arte povera en Italie une décennie plus tard, puis au prix de la Biennale de Venise attribué à Rauschenberg en 1964, pour avoir des propositions croissantes dans les années 1970 et enfin, dans les années 1990, une mondialisation de l'art contemporain à travers une extension dans les pays émergents.
Enfin, Nathalie Heinich brise les amalgames sur le monde de l'art contemporain, constatant que les médias n'en exposent qu'une partie. Ce monde ne se réduit pas seulement à un marché aux prix exorbitants, il est surtout constitué d'artistes peu reconnus vivant souvent dans une situation précaire.
Émission "Codex Conversation", animée par Frédéric Clad.
Le 15 avril 2019, un incendie ravageait Notre-Dame de Paris et, d'emblée, l'écho de ce sinistre a envahi le monde. L'émotion universellement ressentie nous invite à réfléchir sur la portée de cet événement, ses implications et sa signification.
Et c'est à Sylvain Tesson, écrivain et voyageur, auteur de Notre Dame de Paris, ô Reine de douleur (Les Equateurs, 2019), qu'il revient de nous donner sa compréhension du caractère unique de ce monument et de nous livrer sa libre interprétation du signe que peut représenter l'incendie de la cathédrale de Paris.
Quel a été le rapport des artistes au nazisme ? Et quelles furent les "caprices artistiques" d'Hitler ?
C'est en s'intéressant aux parcours de Leni Riefenstahl, mais aussi de ceux d'Arno Breker et d'Albert Speer, que cette épineuse question est traitée par l'historien Johann Chapoutot, grand spécialiste du IIIe Reich.
Émission "Au cœur de l'histoire", animée par Franck Ferrand.
De son premier long-métrage Regarde les hommes tomber (1994) à son tout dernier film Les Frères Sisters (2018) s'élabore, dans le cinéma de Jacques Audiard, une véritable anthropologie tragique, la tentative, fiévreuse et électrique, de saisir le sens de la trajectoire humaine, de l'incarner dans des figures hantées ou mutilées, violentes et éperdues.
Surgis de nulle part, accomplissant, souvent en vainqueur, une destinée âpre, les risque-tout d'Audiard sont des mutilés ou des taulards, des migrants ou des tueurs à gages, des nervis ou de menu-truands, des personnages dont l'unique but est de se désorbiter d'un destin prévu, pesant, écrit.
L'occasion de revenir en sa compagnie, à la rencontre, de film en film, de leur incessant mystère.
Émission "Mauvais Genres", animée sur François Angelier.
Critique, philosophe, professeur de littérature anglaise et comparée à Genève, écrivain, interprète de l'art et questionneur de la civilisation occidentale finissante, George Steiner se définit avant tout comme un "maître à lire".
Dans cette série de treize entretiens menée par Guillaume Chenevière, cet intellectuel érudit évoque ses thèmes de prédilection : le langage, la tragédie, la pensée et le pouvoir, le silence après la barbarie de la Shoah et le monde futur.
Le philosophe, sociologue et musicologue allemand Theodor W. Adorno est l'un des principaux représentants de l'Ecole de Francfort, exilé aux Etats-Unis après l'arrivée au pouvoir des nazis avant de revenir en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale.
Ses ouvrages les plus importants ont posé les bases de la "théorie critique", notamment Dialectique négative (rédigé avec son acolyte Max Horkheimer) et Minima Moralia.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Claudia Krebs et Claude Giovannetti.
André Malraux, écrivain et homme d'action, ministre d'État chargé des Affaires culturelles, revient dans ces entretiens sur plusieurs épisodes marquant et nous fait part des réflexions qu'il a mûries toute sa vie durant.
De l'expérience de la révolution à la rencontre de grands hommes (de Gaulle, Mao Zedong), de l'histoire de l'art à l'avenir des religions, autant de thèmes que l'auteur des Antimémoires développe ici.
1. Entretien avec Pierre de Boisdeffre (1967)
- 0'00'00 : Le sens des Antimémoires
- 0'08'30 : Le Général de Gaulle et la révolution
- 0'13'11 : La Révolution culturelle chinoise, Mao Tsé Toung
- 0'25'03 : Influence de la révolution chinoise sur le Tiers-Monde
- 0'29'49 : L'Inde (Gandhi, Nehru)
- 0'33'50 : La prison, la torture, la servitude
2. Entretien avec Guy Suarès (1973)
- 0'40'53 : Le projet de ses vingt ans
- 0'43'11 : Les civilisations, le cosmos, le christianisme
- 0'50'45 : Valeurs et mythes de notre civilisation
- 1'00'20 : Le héros et les saints, le prophète
- 1'11'48 : Les mots-pièges et les mots-clés
- 1'11'33 : La peinture extrême-orientale
- 1'19'33 : La sculpture grecque
- 1'21'59 : Saint François d'Assise, l'art réconcilié, la peinture italienne
- 1'27'07 : La création artistique, l'histoire de l'art
- 1'37'29 : Des fresques de Giotto à Pise à l'esquisse ancienne
- 1'39'56 : L'art moderne après Picasso
- 1'42'44 : Incertitudes et perspectives du spirituel
- 1'51'23 : Evolutions et complexité des rapports Orient-Occident
- 1'56'58 : L'Union soviétique et les Etats-Unis
3. Entretien avec Jean-Marie Drot (1974)
- 2'04'25 : Lazare : la maladie, le "je", la problématique de l'art
- 2'13'34 : Le suicide, la mémoire