L’observation des sociétés humaines fait apparaître une grande diversité des rapports entre les sexes. Pourtant, quelques constantes émergent : ainsi, l’absence de sociétés dominées par les femmes - un "matriarcat" dont l’archéologie ne permet pas davantage d'établir l'existence dans le passé. Ainsi, également, l'omniprésence d'une division sexuelle du travail, qui prescrit aux hommes et aux femmes des activités spécifiques.
Comment expliquer tant la diversité des situations que ces éléments universels ? Peut-on cerner leur origine ? Et pourquoi notre propre société est-elle la première à avoir produit l'idéal de l'égalité des sexes (à défaut d'être parvenue à le réaliser) ?
C'est à ces questions que tentent de répondre Christophe Darmangeat et Jean-Marc Pétillon en mobilisant les données fournies par l'ethnologie et l'archéologie.
Une conférence organisée par le "Groupe de Recherche pour l'Éducation et la Prospective".
Véritable enquête sur l'histoire de la figure paternelle, le travail de Sylvain Durain nous entraîne dans une passionnante aventure : celle de la création des civilisations. L'étude de nombreuses communautés, du monde primitif à nos jours, et leur comparaison le poussent à dégager un nouveau concept, celui du " matriarcat sacrificiel ". Articulant trois niveaux d'analyse, la famille, la politique et le religieux, la thèse remet au cœur du processus culturel les notions de sacrifice et de violence. Cette dernière serait donc, comme l'a montré René Girard, le fondement des sociétés.
Mais la violence est-elle inhérente au patriarcat ? Une société plus féministe mènerait-elle vers plus de paix et de bonheur ? L'égalité totale entre les sexes provoquera-t-elle un nouveau monde meilleur ? Qui sera le bouc émissaire ? Qui cimentera la communauté mondiale face au désordre à venir ? Sans concession, Sylvain Durain parvient à dégager deux mondes qui ne cessent de s'affronter : celui de l'archaïque indifférencié face à celui de la complémentarité incarnée.
Loin des stéréotypes actuels, cette nouvelle approche permet de répondre à une question fondamentale de notre époque : allons-nous vers un matriarcat postmoderne ? Après avoir pris connaissance de ces travaux, on serait tenté de répondre par l'affirmative.
Émission du "Libre Journal de la plus grande France", animée par Anne-Laure Maleyre.
Professeur honoraire à l'Université de Chicago, Marshall Sahlins est notamment l'auteur de Age de pierre, âge d'abondance (1976), Au coeur des sociétés primitives. Raison utilitaire et raison culturelle (1980) et de Critique de la sociobiologie. Aspects anthropologiques (1980).
Spécialiste des sociétés polynésiennes et de l'économie primitive, ses ouvrages cernent surtout les peuples du Pacifique, notamment les îles Fidji et Hawaii. Plus récemment, Sahlins s'est consacré à montrer comment les sociétés primitives confrontées à la modernité occidentale ne se contentent pas de la subir, mais évoluent pour s'y adapter.
Depuis quarante ans, il aura donc pris part à tous les débats majeurs qui ont animé le monde de l'anthropologie.
Retour, en sa compagnie, sur son parcours et son oeuvre, toutes deux riches d'enseignements.
Une émission présentée par Francesca Isidori.
Comment certains singes pratiquent-ils une chasse organisée et une sorte de transfert de viande avec ses alliés ? Et pourquoi manger de la viande, pour des primates essentiellement végétariens au départ ? Quels enseignements peut-on tirer de ces comportements de prédation pour appréhender la transition entre le monde des primates non humains et les hommes eux-mêmes, dans les temps les plus reculés de nos origines ? Comment les homininés et les carnivores ont-ils co-évolué ? Quand et comment Homo Sapiens a-t-il commencé à exploiter le milieu aquatique ? Et quelle est l'influence des comportements de chasse et de prédation sur les groupes humains ou les structures familiales de nos lointains ancêtres préhistoriques ?
Le professeur et paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin nous entraîne dans une grande exploration de la prédation et de la chasse chez les homininés où l'on trouve le genre homo et des formes disparues, et que l'on distingue des hominidés, rassemblant tous les grands singes, y compris nos lointains cousins, les chimpanzés, les orang-outans et les gorilles.
Comment s'opèrent les choix d'une carrière, et finalement ceux d'une vie entière consacrée à l'anthropologie ? Il y a certes au départ, chez Philippe Descola, et ainsi qu'il a pu l'évoquer lui-même, une part de contexte familial et social, mais aussi de tempérament personnel : un père spécialiste de l'Amérique du Sud, de longues marches en montagne avec son grand-père, un goût pour la beauté du monde, un certain penchant pour la solitude, la passion des voyages...
Mais au-delà, quelles sont les rencontres amicales et intellectuelles qui ont été décisives, les lectures qui ont été marquantes, les maîtres qui ont compté ? Quel chemin parcourt-on quand on choisit la philosophie à l'ENS, quand on part en Amazonie, puis quand on enseigne au Collège de France ?
Un échange animé par Pierre Lemonnier et Bruno Karsenti.
Axel Tisserand nous présente le coeur de l'oeuvre de Charles Maurras : sa philosophie de l'homme et de la cité. Il aborde les problèmes contemporains en montrant comment l'anthropologie politique de Maurras, nourrie des principes aristotélo-thomistes, peut permettre de discerner les impasses de notre temps (transhumanisme, gender, relation de l'homme et de la femme), et de les surmonter.
Charles Maurras - le "scribe consciencieux" et le "guetteur mélancolique" a mis au point cette vision de l'être fini (et donc ouvert à la transcendance) et sait bien que le mépris de la finitude mène, à terme, à l'autodestruction au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité.
Une vision qui doit permettre aux jeunes esprits, amoureux de la vérité et avides de servir le bien commun, égarés dans ce monde, d'avoir une nourriture à leur faim.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Marshall Sahlins est l'un des anthropologues américains contemporains les plus féconds et reste au coeur de toutes les controverses théoriques importantes de l'anthropologie de ce dernier demi-siècle. Avec une autorité intellectuelle croissante, il a affirmé le primat d'une théorie sociologique unitaire de la culture, faisant une part essentielle à la dimension historique.
Figure singulière, et, aujourd'hui, peut-être unique dans l'anthropologie américaine, il a maintenu un dialogue constant avec les écoles européennes, le structuralisme de Claude Lévi-Strauss en premier lieu, mais aussi le fonctionnalisme anglais et, plus tard, l'épistémologie historiciste allemande.
Émission "La matinée des autres", animée par Jacques Meunier.
Tout entières dirigées vers la perpétuité du clan, et cela même dans leurs exceptions et leurs assouplissements, les législations anciennes ont permis à ce qui étaient de simples dérogations de devenir de nouvelles normes, brisant dès lors l'organisation de la société en clans pour introduire le règne de la "famille bourgeoise".
Ceux qui clament "un enfant, c'est un papa et une maman", en réaction à l'instauration du "mariage pour tous" ou aux revendications de GPA et PMA "pour tous", ne réalisent pas que la révolution anthropologique qu'ils dénoncent tient moins à l'élargissement du mariage aux couples homosexuels qu'à cette révolution plus ancienne, commencée sous Justinien et fortement accélérée à la Révolution, qui initia l'émiettement des structures familiales, en vertu de l'égalité par l'indifférenciation des sexes.
C'est la promotion même du ménage formé d'un homme et d'une femme, "brique" ou "cellule fondamentale" de notre structure sociale, et au nom duquel se fait la lutte contre les dernières "avancées" sociétales, qui, en réalité, y a mené. Suite logique de l'évolution du Droit qui, en même temps qu'elle a abouti aux unions et aux filiations homosexuelles, a conduit à l'atomisation d'une société, et in fine à l'individualisme que nous connaissons aujourd’hui.