Comment un certain désir s'y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C'est le problème de ce qu'on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d'enrôlement. Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d'affects qui pouvaient s'y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c'est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s'en prend donc désormais aux désirs et aux affects. L'enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés. Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux. Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement.
André Gorz a opéré dès les années soixante une critique du capitalisme cognitif, en focalisant son analyse, comme les marxistes, sur le travail, comme le foyer de nouvelles contradictions et de nouvelles formes de dépassement.
Dénonçant l’imminence d’une crise irréversible et radicale des sociétés contemporaines, Gorz explore les carences du travail, à travers ce paradoxe par lequel le développement capitaliste a annihilé la société du travail en poussant à l’extrême la hausse de sa productivité, faisant du rapport entre l’individu et ses compétences, le moteur central de l’économie.
Partant, la réhabilitation du sens du travail, passe préalablement par le non-travail.
Ce sont ces pistes que cette discussion, qui se déroule à la Maison des Passages à Lyon, se propose d’explorer.
L'importance de la pensée de Feuerbach ne se mesure pas seulement à l'influence (à quoi on l'a trop longtemps réduite) qu'elle a pu exercer sur Marx ou sur Nietzsche, mais à l'actualité bien plus vive qu'elle conserve à travers les travaux d'un Blumenberg, d'un Sartre ou d'un Debord.
Remarque: la qualité de l'enregistrement est médiocre.
L'oeuvre de Marx cherche à articuler deux perspectives très différentes. C'est du moins la thèse que les deux auteurs essaient de montrer. La première est la logique du capital comme système achevé : il s'agit de dégager à la fois le mouvement inéluctable par lequel le capital se développe " en une totalité " qui " se subordonne tous les éléments de la société ", et le " jeu des lois immanentes de la production capitaliste " qui conduit le capitalisme à accoucher nécessairement d'un nouveau mode de production. La seconde est la logique stratégique de l'affrontement, c'est-à-dire celle de la guerre des classes, laquelle transforme les conditions de la lutte et les subjectivités des acteurs de la lutte. Le " communisme " sera donc la formule qui permet la résolution imaginaire de cette tension. Alain Lhomme introduit la conférence.
Rares sont les lecteurs et les commentateurs du Capital qui ont su y relever la présence du concept de fétichisme.
Alain Bihr commence par rappeler la définition marxienne générique du fétichisme de la valeur par le double mouvement de réification des rapports de production par confusion de ces rapports avec leurs supports matériels et de déification (de personnalisation surhumaine) consécutive de ces mêmes supports, et montrera ensuite comment la critique de ses différentes formes et figures court tout le long du Capital, depuis le fétichisme de la marchandise jusqu’à la fameuse formule trinitaire Terre–Capital–Travail.
Le conférencier s’interrogera enfin sur les raisons de l’escamotage de ce fil conducteur, en montrant qu’il tient essentiellement à la méconnaissance du sens profond et radical de la "critique de l’économie politique" par Marx.
En effet, le concept de fétichisme s’insère dans une constellation conceptuelle plus large, permettant d’appréhender la contradiction sujet/objet et de se situer de fait au cœur de la critique marxienne de la praxis sociale.
Conférence donnée dans le cadre du séminaire "Marx au XXIème siècle. L'esprit et la lettre", à Paris I.